Tribune | « Coup d’État au Gabon : L’armée en 3e larron comme en Guinée ! » (Cbs L’iconoclaste)

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Ceci est une tribune de Cbs L’iconoclaste, Ecrivain chroniqueur, sur la situation au Gabon. 

« Le chat ne lâche jamais le morceau de viande qu’il a dans la gueule ». Ce proverbe africain trouve son illustration avec le président gabonais Ali Bongo décidé à régner à vie comme son père Omar Bongo. Ce, malgré son état de santé visiblement fragile et auquel Bongo fils fait fi pour se représenter le 26 août 2023 à l’élection présidentielle pour un 3e bail à la tête de l’Etat gabonais.

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Mais c’était sans compter avec la lucidité de sa garde présidentielle qui a décidé de sonner la fin de la récréation cocasse où à chaque présidentielle (celle de 2009, 2016 et 2023), on assiste à une élection de Bongo fils avec des contestations de fraude ubuesques.

Cette fois-ci, les dénonciations de fraude par l’Opposition n’auront duré que la présence d’une bulle de savon au soleil, d’autant plus que la proclamation des résultats donnant Ali Bongo vainqueur avec 64% des suffrages exprimés sera immédiatement suivie à l’aube de ce 30 août 2023, de l’annonce d’un coup d’Etat fomenté par le chef de la garde présidentielle, le général Brice Clotaire Oligui Nguema.

Un véritable coup de théâtre qui vient mettre fin à une dynastie de la famille Bongo de 55 ans de règne sans partage et enlever ipso facto de la langue de Bongo fils, le nectar de la « victoire » présidentielle qu’il s’apprêtait à savourer indument.

Pour Bongo fils, cette « victoire » après une campagne électorale où il ressemblait plus à un gadget politique avec des démarches incoordonnées qu’à un véritable challenger, prend les allures d’un bébé mort-né avec tout ce que cela comporte comme affres liées aux sacrifices consentis auparavant et qui se sont finalement révélés stériles. Pouvait-il en être autrement quand on sait que l’adage africain dit que « les œufs de la poule du malhonnête n’éclosent jamais » ? Bien malin est celui-là qui saura y répondre. 

Le scénario gabonais ressemble à bien des égards à celui guinéen où envers et contre tous, le président Alpha Condé avait décidé au forceps de rempiler pour un 3e mandat après une levée de boucliers des forces vives de la nation réprimées dans le sang. Au Gabon, c’est plutôt l’état de santé même de Bongo fils victime en 2018 d’un AVC l’ayant littéralement lessivé physiquement et mentalement qui commande qu’il s’éloigne de la gestion des affaires publiques pour un repos dorénavant sabbatique.

Mais que nenni ! L’intéressé a passé son temps à clamer déraisonnablement pendant la campagne électorale que ceux qui soutiennent qu’il est malade, mentent. Fort heureusement, la pilule du mensonge politique cousue de fil blanc ne semble pas avoir été avalée par des électeurs désormais bien avisés sur la chose politique et qui ont décidé de traduire leur lucidité par un vote-sanction contre le président sortant.

Le comble dans cette affaire qui achève de convaincre que le président-sortant était dans une dynamique de voler la victoire de l’Opposition, fut sa décision de suspendre l’accès à internet et l’émission des signaux des médias comme RFI, France24 et TV5, tout comme le refus d’accréditation de journalistes tel celui de Jeune Afrique. 

Cette démarche d’avoir une sainte horreur pour les médias et déverrouiller tous les canaux d’information est l’apanage des présidents imposteurs décidés à organiser un hold up électoral loin des yeux du monde. Conséquence : comme en Guinée, c’est l’armée qui intervient en 3e larron pour s’adjuger le pouvoir au grand dam des parties en compétition, notamment l’Opposition qui était en droit d’espérer avoir sa chose maintenant.

Reste à espérer que le général Nguema soit le Saint-Esprit du Gabon

C’est à croire que Ali Bongo n’a pas suffisamment tiré les leçons de cet épisode guinéen dont il a hérité les scories et a décidé de marcher sur les pas du président algérien Bouteflika qui, malgré l’âge et la santé chancelante, se faisait conduire aux urnes par une civière pour voter pour un énième mandat. 

La suite, on la connaît : Bouteflika a dû se raviser par la force de la rue pour mettre fin à ses velléités de règne de vie. En somme, certains de nos présidents ne comprennent que le langage de la force pour revoir leur funeste projet de mourir au pouvoir. Hormis dame nature pour les contrarier en les envoyant sous terre, il ne reste qu’à la rue et l’armée de prendre leurs responsabilités en pareille circonstance

Toutefois, on peut déplorer le fait que l’irruption de l’armée dans l’arène politique n’ait pas eu pour objectif d’enjoindre l’organe chargé de l’organisation des élections de procéder à une revue transparente des suffrages exprimés. Ce qui aurait permis une véritable alternance digne de ce nom à travers l’accession à la magistrature suprême, de l’Opposition qui souffre le martyr depuis les indépendances pour une telle alternance.

De quoi alimenter la thèse d’une révolution de palais orchestrée par Bongo fils lui-même pour éviter de transmettre le pouvoir à ses vrais challengers qui épient depuis des lustres, l’occasion d’en découdre. Cette hypothèse est d’autant plus plausible qu’en ne désignant pas un dauphin à présenter à l’élection présidentielle, Ali Bongo redouterait la bérézina à la congolaise où le dauphin du président Kabila a été copieusement battu à la dernière présidentielle face à Tshisekedi fils.  

Si cette hypothèse s’avérait, Bongo fils sauverait ainsi les meubles avec une telle ruse qui dessert finalement la démocratie et fait regretter les fonds engloutis inutilement dans l’organisation de la présidentielle. Ce qui voudrait aussi dire que la vidéo enregistrée par Bongo fils demandant du soutien à la communauté internationale ne procède que d’une farce destinée à dorer la pilule à l’opinion.

Dans tous les cas, après Bongo père et Bongo fils, il reste à espérer que le général Nguema soit le Saint-Esprit du Gabon qui fera enfin progresser le pays vers les rivages de la bonne gouvernance et du progrès. On croise les doigts… 

Triste fin de règne tout de même pour un président qui n’a pas compris qu’il y a une autre vie après la présidence et que l’époque du pouvoir à vie à la Houphouët, Gnassingbé et Bongo père est révolue à jamais. Tout comme l’époque des années 60 où Paris intervenait pour rétablir le pouvoir du président gabonais Léon Mba victime d’un putsch…  

Cbs L’iconoclaste 

Écrivain chroniqueur

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