Ouagadougou : Une nuit avec les « Wayiyan » au rond-point de la cité AZIMO

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Installés au rond-point de la cité AZIMO dans le quartier Tampouy de Ouagadougou, les militants et sympathisants du Mouvement Africa Révolution (MAR) manifestent leur soutien à la transition à travers des veilles citoyennes. Nous sommes allés à la rencontre de ces « anges gardiens de la transition » qui veillent jours et nuits pour la bonne marche de la transition. Leur quotidien, leur analyse sur la conduite de la transition par le capitaine Ibrahim Traoré, leur part de contribution pour la bonne marche de la transition et la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso sont, entre autres, le clou des discussions abordées au cours d’une nuit.

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Mercredi 21 février 2024. Il est 22h lorsque nous coupons le moteur de notre mobylette au rond-point de la cité Azimo de Tampouy dans la banlieue nord de Ouagadougou. C’est le quartier général du Mouvement Africa Révolution (MAR). La chose qui frappe une fois sur place, c’est leur fierté d’appartenir aux Etats de l’Alliance des États du Sahel (AES). Eh oui ! Les Drapeaux burkinabè, malien, nigérien et russe, flottent tout autour du rond-point.

Comme à l’accoutumée, ces manifestants se retrouvent tous les soirs depuis près de 10 mois maintenant pour assurer la veille citoyenne. Assis sur des bancs, des chaises et des nattes avec au centre tout le matériel nécessaire pour faire le thé, ils veillent au grain sur le trafic jusqu’au petit matin. Tout est mis en œuvre pour que le sommeil ne prenne pas possession de leur corps afin de rester éveillés.

Installés au rond-point de la cité AZIMO dans le quartier Tampouy de Ouagadougou

Ils viennent à vélo, à moto, ou encore à véhicule avec le même objectif. Travailler à leur manière à garantir la bonne marche de la transition. Et ça, c’est la veille citoyenne. Sur place les débats vont bon train. Les sujets d’actualités font la part belle et particulièrement la gestion de la transition du Capitaine Ibrahim Traoré et de son gouvernement.

Chaque jour de Conseil des ministres, cela constitue l’entrée en matière de cette soirée. Coup de bol pour nous, ce mercredi 21 février 2024 est jour de Conseil des ministres. Nous participons à leur débriefing. Abdoul Aziz Sawadogo, membre du Mouvement Africa Révolution (MAR), explique qu’après chaque conseil des ministres, ils reviennent sur les décisions majeures pour donner leur appréciation.

« Par exemple, à la sortie du conseil des ministres de ce mercredi 21 février 2024, le gouvernement a décidé de mettre en place un système de coordination foncière. Et deuxièmement il y a une décision qui a été prise pour faire la guerre contre la corruption. Ces deux décisions sont vraiment des décisions qui vont être bénéfiques pour le pays dans tous les secteurs. Il y a un proverbe africain qui dit que si un chef se nomme un sac, ses sujets se nommeront des poches.

Ici, c’est pour dire que si vous avez devant vous un chef qui vole ou qui est corrompu, vous ne faites qu’empocher parce que c’est votre chef même qui vous permet cela. Mais les autorités actuelles ne sont pas dans cette logique. A travers ce décret, les autorités invitent les citoyens à être des patriotes. Si vous voyez même, dans toutes les croyances, le « haram » est proscrit. 

Et si le gouvernement prend cette décision aujourd’hui, c’est bien et c’est mieux qu’il fasse accompagner par le bâton parce qu’il y a des Burkinabè qui jouent avec l’avenir du pays et des citoyens. Donc nous invitons les Burkinabè à abandonner et dénoncer tout acte de corruption. Parce que le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré s’est déshabillé d’abord de tout type de corruption dans son corps. Il a chassé la France parce qu’elle est un pays qui corrompt et si tu travailles avec elle, tu seras corrompu. Ça, Il n’y a rien à dire », commente-t-il les décisions du conseil des ministres du jour.

Mouvement Africa Révolution (MAR)
Mouvement Africa Révolution (MAR)

Mais qui sont les membres du MAR qui s’autoproclament garants de la transition au point de faire fi de leurs activités pour assurer la veille citoyenne ? A cette question, ils rappellent que leur mouvement existe depuis 2019 au Burkina Faso. C’est finalement en novembre 2022 que le mouvement s’est vraiment constitué en organisation de la société civile avec l’avènement du coup d’Etat du MPSR-2.

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Leur objectif, selon les membres fondateurs, c’est de lutter pour une Afrique libre et indépendante. Les membres ajoutent que cette lutte ne peut se faire qu’à travers une révolution.

Smaïle Sawadogo, chargé de communication du mouvement, précise que c’est au regard de la forme de domination que connaissent les pays africains, notamment le néocolonianisme que des jeunes décident d’apporter leur contribution pour une indépendance effective.

Smaïle SAWADOGO, charge de communication du mouvement MAR
Smaïle SAWADOGO, chargé de communication du mouvement MAR

« Si vous entendez le nom du mouvement, ça dit déjà quelque chose. Révolution, qui veut dire d’abord changement et Africa qui couvre tout le continent africain. Pour dire que nous ne sommes plus prêts à être bâillonnés et ridiculisés dans notre continent. C’est le changement radical que nous visons pour se libérer du joug du néocolonialisme.

Ce néocolonialisme est soutenu par certains de nos anciens dirigeants et des institutions sous régionales comme la CEDEAO. Donc, nous ne voulons plus vivre l’impérialisme. On n’a pas dit Burkina Révolution mais plutôt Africa, pour dire que la cause est continentale, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest du continent », explique-t-il.

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Avec du thé chaud en main, Smaïle Sawadogo relève que l’objectif est d’étendre le mouvement à travers toute l’Afrique en plus des pays membres de l’AES. Tout en regardant à gauche et à droite à travers le rond-point, il indique que le capitaine Ibrahim Traoré est un vrai révolutionnaire.

« Nous avons revisité l’histoire, et on s’est rendu compte qu’un pays ne peut pas se développer sans passer par la révolution. Au temps de Roch Kaboré, quand le mouvement a été créé, nous avons approché le président Kaboré pour lui décliner les grands axes de notre lutte. Mais il a pris ça autrement sous prétexte que nous sommes des jeunes. Il nous a refoulés. A notre avis, il ne voulait pas de notre soutien. Mais, ce n’est pas un problème. Nous sommes retournés vers le Mali, le colonel Assimi Goïta nous a répondu favorablement. 

Quand le régime de Roch est tombé. Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba est arrivé au pouvoir, Africa Révolution n’a pas félicité parce que dès les premiers jours de son pouvoir il a refusé de nous recevoir. Pire encore, il a formé des gens qui nous agressent. Déjà, on a compris qu’il n’incarnait pas le sens de la révolution que nous cherchons », rappelle-t-il.

Droit dans nos yeux, il souligne que la France a salué la prise du pouvoir par Damiba. Ecoutant les discussions, Abdoul Aziz Déra dit Imam, membre du mouvement affirme que les autorités d’antan leur avaient refusé toute autorisation pour manifester.

Et c’est peu de dire que depuis l’avènement du MPSR 2, le Mouvement Africa Révolution acquiert des bases solides et manifeste ouvertement son soutien au régime actuel. Depuis peu, le mouvement a son bureau national et milite pour l’éveil des consciences de la jeunesse, la citoyenneté et le patriotisme, comme son cheval de bataille. Pour les membres du mouvement, il est primordial pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger de se libérer du néocolonialisme et du terrorisme.

Abdoul Aziz Dera dit Imam Dera ,conseiller au sein du mouvement .
Abdoul Aziz Dera dit Imam Dera ,conseiller au sein du mouvement .

Par conséquent, il est du rôle du peuple d’apporter son soutien aux présidents qui prennent l’engagement de libérer les pays par une nouvelle forme de gouvernance. « Sous les deux régimes précédents, c’est-à-dire sous le mandat de Roch et celui du MPSR 1, on ne nous aimait pas.

Parce que nous dénoncions ce qu’ils faisaient à l’endroit de la jeunesse et de la nation en général. On a subi toutes sortes de menaces venant de la part des deux régimes. Mais on est restés bouche bée jusqu’au soir du 30 septembre 2022, où les capitaines sont venus du front pour faire chuter le régime de Damiba.

Le capitaine Ibrahim Traoré est le type d’homme que le mouvement Africa Révolution souhaitait voir à la tête du pays. Nous allons toujours le soutenir. Il est le rêve de la révolution voulue par notre mouvement », précise-t-il. Abdoul Aziz Déra dit Imam après avoir décroché son téléphone pour avoir les nouvelles des acteurs dans d’autres sites souligne que le mouvement soutient l’ensemble des décisions prises par la transition.

Engagé pour une révolution profonde des sociétés africaines, le mouvement manifeste son soutien au Mali, au Burkina Faso, et au Niger pour leur marche vers l’indépendance totale de l’Afrique. Membres fondateurs de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) en 1975 ; ces pays forment aujourd’hui une communauté sous régionale dénommée AES (Alliance des Etats du Sahel).

En effet, dans un communiqué conjoint en date du 28 janvier dernier, ces trois Etats membres, se sont retirés de la CEDEAO et forment désormais l’AES.

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Les membres du mouvement saluent cette décision des Etats de l’AES. Selon eux, la CEDEAO n’incarne aucune forme d’indépendance et d’intégration pour les peuples ouest africains ni de l’Africain en général ; et ne doutent pas du succès des trois pays dans leur politique de développement et d’indépendance.

« La CEDEAO a failli à sa mission parce qu’à un moment donné, elle s’est laissée manipuler par la France. Aujourd’hui, on peut dire qu’on est soulagé avec la création de l’AES. Les trois présidents sont des vrais leaders qui veulent le développement de leurs pays et de l’Afrique toute entière. C’est pourquoi nous les soutenons.

Les échecs des révolutions antérieures en Afrique sont dus au fait que les leaders ne sont pas affirmés au même moment et aujourd’hui nous avons trois leaders qui ont pris le destin de leur pays en main au même moment avec des objectifs identiques qui sont entre autres l’indépendance économique et financière et la liberté. Donc l’AES est venue au bon moment et nous ne doutons pas de sa réussite », explique Abdoul Aziz Sawadogo, membre du mouvement.

Abdoul Aziz SAWADOGO, membre sympathisant
Abdoul Aziz SAWADOGO, membre sympathisant

Réagissant sur la question d’éventuelles élections dans les pays de l’AES, les membres et sympathisants du mouvement Africa Révolution réfutent toute forme d’élections dans les trois pays. Ils précisent que les peuples de l’AES en particulier du Burkina Faso n’ont pas soif des élections ni de dirigeants. Ils soutiennent mordicus que cette révolution des trois pays doit aller jusqu’au bout pour le bonheur des peuples burkinabè, malien et nigérien. Ils fustigent du même coup la démocratie prônée par la CEDEAO.

« Les régimes actuels sont soutenus par le peuple. Par leurs actions, les jeunes sont derrière les dirigeants actuels des trois pays mais on ne comprend pas à tout moment des gens vont être là, que d’organiser des élections. C’est parce que les hommes politiques ont échoué que les militaires sont venus et tant que les militaires font notre affaire, nous sommes avec eux », lance Abdoul Aziz Sawadogo. 

Souleymane OUEDRAOGO dit Tem Nabiiga , chargé de mobilisation du mouvement
Souleymane OUEDRAOGO dit Tem Nabiiga , chargé de mobilisation du mouvement

Souleymane Ouédraogo, dit Tem Nabiiga, chargé de la mobilisation du mouvement, invite les autorités de l’AES à accélérer les démarches pour la création d’une monnaie AES, preuve d’une indépendance financière. Ils les exhortent également de travailler à fixer les bases d’une bonne intégration des populations de l’espace AES.

 Amidou OUEDRAOGO (Stagiaire)

Burkina 24

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