Festival Konkoun du Nayala acte 4 : Sous l’arc à bouche, balafon, lutte, un voyage au cœur de la culture San

Du 6 au 8 juin 2025, la ville de Toma, chef-lieu de la province du Nayala, accueillera la quatrième édition consécutive du Festival Konkoun. Cet événement phare, dédié à la richesse de la culture San, promet une immersion au cœur des traditions, entre lutte ancestrale, danses envoûtantes, défilés de masque, de flûtistes et valorisation du patrimoine local. À quelques jours du coup d’envoi, Blaise KI, promoteur de ce rendez-vous culturel, nous livre les coulisses de cette nouvelle édition, ses objectifs ambitieux et sa vision pour un Nayala uni et prospère.
Burkina 24 : Quel sera le contenu et de l’objectif visé à travers l’organisation de la quatrième édition du festival Konkoun du Nayala ?
Blaise KI : Pour cette quatrième édition, nous aurons de la lutte traditionnelle et de la danse traditionnelle féminine, accompagnée par l’arc à bouche et des griots.
Il y aura aussi de la danse acrobatique traditionnelle exécutée par de jeunes garçons, ainsi que des chansonniers qui chanteront en langue locale pour valoriser les artistes de la région. Une exposition de produits locaux sera également organisée.

L’objectif principal de ce festival est de promouvoir la culture San dans son ensemble. Nous constatons que des activités culturelles ancestrales, comme le Lumasan qui valorisait la lutte traditionnelle en pays San, sont en voie de disparition. En tant que jeunes, nous avons décidé de créer cet événement pour faire revivre et valoriser la culture San à travers la lutte traditionnelle, les masques traditionnels, la danse traditionnelle, la présentation de produits locaux et d’instruments en voie de disparition.
Notre objectif global est de promouvoir la culture San. Pour ce faire, nous réunissons artistes, chefs coutumiers, autorités administratives et acteurs engagés dans la tradition. Cette union vise à promouvoir la paix et l’unité, surtout dans le contexte difficile actuel. En nous unissant, nous espérons rassembler tous les fils du Nayala et du Sourou pour construire la paix, le progrès et le développement endogène à travers la culture.
Burkina 24 : Quelles sont les nouveautés ou les activités spéciales que vous prévoyez d’introduire cette année ?
Blaise KI : Chaque année, nous nous efforçons d’améliorer le contenu du festival Konkoun du Nayala et d’introduire des innovations. Cette année, nous introduisons la danse traditionnelle féminine accompagnée de l’arc à bouche et des griots. La danse avec les griots a des codes spécifiques et chaque pas est accompagné d’une musique particulière en pays San.
Le balafon fera également son entrée, accompagnant une troupe de jeunes garçons. En plus de cela, nous avons décidé d’organiser une exposition pour promouvoir les produits locaux et les instruments culturels. L’objectif est que cette génération se familiarise avec ces instruments et puisse transmettre cette connaissance et cette promotion culturelle aux générations futures.
Burkina 24 : Comment ce festival contribue-t-il à l’épanouissement économique de la localité ?
Blaise KI : Le festival est un catalyseur important pour le développement économique de la commune. Des visiteurs viennent de l’extérieur à Toma, ce qui entraîne une augmentation de la demande en hébergement, bénéficiant aux hôtels.
La restauration locale est également stimulée : nos « mamans » qui vendent du riz, du tô, et même ceux qui vendent de l’eau, voient leurs ventes augmenter considérablement. C’est un bénéfice direct pour l’économie locale. De plus, la compétition de lutte traditionnelle offre des prix substantiels. Par exemple, le vainqueur de la catégorie des 66 kilogrammes repart avec un prix, et cette victoire bénéficie à toute sa famille.
Cela contribue directement au développement familial et local, permettant d’acheter des biens essentiels. Cette année, le grand prix « open » met en jeu une moto, ce qui augmente l’enjeu et l’attractivité. Les autorités communales reconnaissent cette contribution, notamment par le paiement des taxes et des autorisations, ce qui génère des revenus pour la collectivité. En somme, le festival contribue au développement économique global de la commune.
Burkina 24 : Est-ce que vous pouvez nous présenter les principaux défis auxquels vous faites face dans l’organisation de cette édition ?
Blaise KI : Le principal défi reste le financement. Cependant, n’étant pas à notre première édition, nous avons l’expérience nécessaire pour gérer ces aspects. Nous bénéficions également du soutien des autorités administratives et locales, ainsi que des conseils précieux de nos aînés, ce qui nous aide à transformer les difficultés en atouts. Hormis l’aspect économique, l’organisation est sur de bons rails.
Burkina 24 : Comment comptez-vous impliquer davantage la jeunesse locale dans l’organisation et la participation aux activités ?
Blaise KI : Au début, la première et deuxième édition était une initiative individuelle. Nous avons créé l’Association pour la promotion de la culture et de la paix dans le Nayala depuis la troisième édition. Cela nous a permis d’intégrer des jeunes de Toma et des différentes communes environnantes, améliorant ainsi l’organisation. Par exemple, même si je suis à Ouagadougou, une équipe locale travaille sur place pour assurer l’avancement des préparatifs.
La lutte est une activité très populaire dans la province du Nayala et dans la région de la Boucle du Mouhoun. Nous encourageons les jeunes à s’impliquer massivement et à travailler ensemble pour le succès de l’événement. L’association nous permet de développer d’autres aspects de la culture avec les jeunes de la province, toujours dans une dynamique de promotion culturelle.
Burkina 24 : Quel est le message clé que vous souhaitez partager ou que les participants retiennent de cette édition 2025 ?
Blaise KI : Le message clé est que notre peuple est résilient. Nous devons transformer nos difficultés en atouts, tout simplement, en allant vers l’unité. Si nous sommes unis, nous vaincrons les défis. Nous espérons que dans les mois à venir, tous les déplacés internes actuellement à Toma pourront regagner leurs villages. C’est ainsi que nous réussirons le développement endogène.
Burkina 24 : Quels sont vos espoirs ou vos visions à long terme pour le festival ?
Blaise KI : Nous avons de grandes ambitions pour le festival avec l’association. À long terme, nous aimerions créer un musée provincial. Aujourd’hui, de nombreux instruments traditionnels sont en train de disparaître. Par exemple, l’instrument « djan » que nos mères utilisaient pour ramasser du bois est inconnu des jeunes filles actuelles.
Un musée provincial permettrait aux jeunes de connaître ces instruments et de transmettre ce savoir. Nous y collecterons de nombreux instruments auprès des populations afin que jeunes filles et garçons puissent les identifier et reconnaître leur origine. Cela renforcera notre identité culturelle.
Burkina 24 : Pour terminer, quel message avez-vous à adresser à l’ensemble de la communauté, de la province, et au-delà, concernant la nécessité de se mobiliser autour de ce festival ?
Blaise KI : La mobilisation est essentielle, mais elle nécessite une stratégie de considération. Le peuple Sanga apprécie d’être considéré. Nous irons donc à la rencontre des chefs coutumiers, des leaders religieux, des leaders de jeunes et des leaders d’associations pour leur expliquer le bien-fondé de ce festival. Nous l’avons créé pour l’ensemble du peuple San.
Nous leur demandons de sortir massivement pour accompagner et faire grandir ce festival. Si le festival grandit, c’est le nom du peuple San qui grandit, ainsi que celui du Nayala et du Sourou. Comme le disait notre grand-père Joseph Ki-Zerbo, c’est ensemble que nous bâtirons le développement endogène.
Je leur demande de sortir massivement pour célébrer ensemble et montrer au monde que le Nayala et le Sourou sont des provinces vivantes et résilientes. C’est lorsque les gens comprendront la résilience de notre peuple que le véritable développement se manifestera.
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Akim KY
Djamila WOMBO(stagiaire)
Burkina 24
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