Relations franco-africaines : Un passé qui ne passe pas (2/2)

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La relation franco-africaine reste d’une exceptionnelle densité. Il est peu de régions du monde où la France soit aussi présente même si elle n’y fait plus la loi. Réciproquement, la France demeure aux yeux des Africains un eldorado à la fois admiré et haï. Pourtant malgré l’intensité des liens franco-africains, et l’histoire commune qui l’accompagne, cette relation semble condamnée à changer en raison de la méfiance qui y pèse et l’émergence de nouveaux acteurs.

 Une relation sur fond de méfiance

 L’ambivalence des liens franco-africains est de plus en plus perceptible. Évidemment tout est fait pour la dissimuler  dans les vibrantes déclarations d’amitié que les dirigeants français et africains échangent lors des rencontres internationales. Mais ces toasts diplomatiques cachent l’Essentiel. Alors que la France a réussi à nouer depuis 40 ans une relation de travail de plus en plus confiante avec ses voisins européens, rien de tel ne s’est construit avec l’Afrique depuis les indépendances. De part et d’autre, certains faits obligent à dire que la méfiance règne.

 La France se méfie des dirigeants africains dont elle n’hésite pas à mettre en cause la fiabilité: la corruption omniprésente, la trahison de la parole donnée sans compter que dans  l’opinion française, l’Afrique est aujourd’hui considérée, à tort ou à raison, plus comme un risque que comme une opportunité. Risque de guerres civiles, risque de famines, risque de catastrophes sanitaires ou écologiques, risque d’intégrisme religieux et de dérives terroristes, sans oublier la nouvelle mode des prises d’otages d’Occidentaux. Tous ces risques, pour certains, transforment l’Afrique en un danger qu’il faudrait se prémunir.

 Réciproquement, les Africains cumulent les griefs à l’égard de la France.

D’abord on lui reproche encore d’être à l’origine des maux qui affligent l’Afrique. Même si le temps a passé, la tentation existe toujours de chercher, dans le passé colonial, la cause des problèmes contemporains. Ensuite, on instruit contre la façon dont elle se comporte en Afrique un procès paradoxal de néocolonialisme ou d’indifférence, selon les cas, lorsqu’elle intervient ou s’abstient. Enfin et surtout, la persistance du racisme de la France, son absence de respect des Africains est l’objet d’une réprobation unanime. Les Africains ont le sentiment que la France les considère toujours et au mieux comme de grands enfants, au pire une « racaille » qu’il faut surveiller comme du lait sur le feu.

L’émergence de nouveaux partenaires de l’Afrique

 Un autre fait marquant est que l’Afrique francophone sort inexorablement du tête-à-tête avec la France. Bien-sûr la France reste le principal partenaire étranger et continue de constituer une sorte de modèle, mais si elle est encore la première, la France  n’est plus seule. Elle est concurrencée par de nouveaux acteurs : l’Inde, le Brésil prennent pied en Afrique tandis que les Etats-Unis et le Japon s’y intéressent de plus en plus. Désormais, l’Afrique a d’autres partenaires vers lesquels elle se tourne lorsque la France lui tourne le dos.

Les pays de la bande sahélienne sont aujourd’hui fascinés et intéressés par les émirats du golfe avec lesquels ils nouent des relations commerciales fructueuses. Et force est de constater que la Chine a effectué ces dernières années une percée diplomatique et commerciale fulgurante sur le continent noir.

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Des liens fissurés

L’évolution récente de la politique africaine de la France est placée sous le signe des espoirs déçus. Au moment où la gauche française souffle la première bougie de son retour au pouvoir, le bilan est mitigé d’une politique africaine qui navigue à vue entre normalisation et maintien de liens privilégiés. On constate un maintien de certains accords et pratiques paternalistes de la « Franceafrique » mais il est indubitable que les liens se sont en partie fissurés et la France aura désormais du mal à dénier aux Africains le droit de décider souverainement de leur destin. 

Nelson COMPAORE

Chroniqueur relations internationales,

Pour Burkina 24

(Source d’inspiration: Yves Gounin, le combat des anciens et des modernes)

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Nelson compaore

Chroniqueur Relations internationales pour Burkina 24, Juriste internationaliste, Doctorant en droit.

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