Issa Sama : « Affronte ta mort », ou hommage aux Héros de la justice, de la liberté et de la démocratie au Burkina

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Idrissa Diarra revient avec un nouvel article. Cette fois, il rend hommage à un des martyrs de la Révolution burkinabè. 

Le risque, je le prends de faire un hommage mérité à Issa Sama, et à travers lui, tous les vaillants fils et filles de notre beau pays, qui, dans la vie de notre nation, ont un jour affronté le danger suprême au risque de leurs vies, ou consenti des sacrifices ultimes, en tant que « démocrates forts » contre l’arbitraire « d’homme fort », pour le triomphe d’une justice réelle équitable, pour l’égalité, la liberté, bref, pour une démocratie débarrassée de « la loi du plus fort », à l’instar d’une jungle !

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Risque, parce qu’il est question de personnes décédées ici et dans pareilles circonstances, toute maladresse peut être sévèrement punie, inconsidérément de l’intention première de l’auteur. L’enseignement de la prise du risque, je le tiens aussi une fois encore plus, de Issa Sama, ce jeune frère, pour le risque pris par lui, pour la démocratie dans notre pays.

Aucune nation en effet, ne peut prétendre au progrès, si ses membres ont peur de prendre des risques à quel que niveau soit-il. Une nation progressera difficilement aussi, si on n’institutionnalise pas des formes diverses d’encouragement d’initiatives, si ses membres se complaisent, voire, s’installent dans des préjugés destructeurs.

Dans tous les cas de figure, par les subtilités de la tradition ou de la coutume africaine et burkinabè en particulier, cet hommage peut être considéré comme fait sous le manteau des parents à plaisanterie des Sama.

  1. Un Héros jeune, à l’image d’une victoire de la Jeunesse

Issa Sama retient mon attention, par sa jeunesse ! 17 ans, ce nombre comprenant le chiffre « 7 », rappelle beaucoup de choses ! Son nom complet bien orthographié sera répété ici aussi 17 fois, comme les bougies d’un anniversaire, en son honneur ! Est-ce que 17 ne rappellent pas 1997, année de sa naissance, de même que 27 ans de pouvoir et l’année 1987 ?

En effet, si ce jour du 30 octobre 2014 est arrivé, où Issa Sama est tombé vaillamment les armes à la main, c’est certainement parce que entre autres, il y avait une prédestinée scellée depuis 27 ans, en date du 15 octobre 1987, où un grand Héros national, Thomas Sankara, combattant de la liberté, est tombée, les armes à la main aussi, – arme comprise dans tous ses sens.

  1. La 1ère modification de la clause limitative de la Constitution date de 1997 : Issa Sama naît cette année, pour une mission

C’est à cette même année, pendant que le « combattant » Issa Sama était sur un long chemin, à destination de la Terre bénie du Burkina Faso, que Blaise Compaoré, – alors Président et quasiment au terme de son premier mandat, dévoile ouvertement à la face du peuple burkinabè et du monde, sa volonté de demeurer au pouvoir pour régner ad vitam aeternam.

Vous êtes invités chères lectrices et chers lecteurs à suivre ici le raisonnement qui sous-tend ces propos !
En 1997, à peine l’année entamée, le 27 janvier, Blaise Compaoré obtient la modification l’article 37 par voie parlementaire (…) Il ignorait qu’une « génération internet » allait rendre impossible la réalisation de ce funeste projet, absent dans le plan de Dieu !

Seulement 9 neuf mois et quelques jours après cette modification – durée pleine de sens,- Issa Sama, tout un symbole parmi d’autres Héros, dit bonjour au monde, en date du 06 octobre 1997, par un cri de combattant !

« Bonjour Terre du Burkina Faso, bonjour vaillant peuple du Faso !
Je suis là parmi vous, pour une mission de 17 ans ! Tenant compte des imprévus, quelques jours supplémentaires pourraient être nécessités par l’exigence de la victoire qui m’incombe absolument ! Mais rassurez-vous, le délai du combat ne sera pas long ! Je suis un enfant d’Octobre, né en octobre, et qui retournera en octobre comme Thomas Sankara. Quand on lutte pour « le respect de la parole donnée », la morale veut que soi-même respecte cette Loi fondamentale. Conséquence, je n’ai d’autre choix que de respecter ma parole, même s’il est vrai que beaucoup tomberont dans la désolation, les pleurs et la nostalgie ! »

  1. « Aux âmes bien nées, le succès n’attend point le nombre d’années » : missions et destin inscrits dans le nom et dans les chiffres

Issa Sama était plein de vie ! La photo qui accompagnait sa dépouille dans le cortège mortuaire, le présente en costume-cravate, bien habillé ! Cette belle image du Héros est fort évocatrice ! Combien sommes-nous à avoir dans notre album-photos, de tels portraits élégants, dignes d’hommes d’Etat, si jeunes ?

Issa Sama était un garagiste qui vivait Grand dans ses pensées ! C’est en partie ce que Martin Luther King, – « co-partisan » de Issa Sama pour la vision de justice qu’ils partagent -, appelle « enfant précoce », ou « personne précoce » quand il parle de lui-même dans son autobiographie. « Sama » en langue Dioula, signifie « éléphant », cet animal protégé, ce géant qui est le symbole même de la grandeur du jeune Héros.

Issa Sama, eut un « âge plein » aussi, parce que né en Octobre, et retourné aussi en Octobre, auprès du Saint Père, au bout de 24 jours après son 17ème anniversaire.
24 jours, ce nombre rappelle-t-il en effet, le nombre de Martyrs tombés officiellement reconnus à ce jour, sinon, le nombre de membres effectifs du « Gouvernement ZIDA 1 » avant l’inhumation officielle des Martyrs. Voyez-vous, hormis le Président, ce « Gouvernement ZIDA 1 » comportait 25 membres comme la charte le prescrit !

Mais curieusement, une grogne populaire a eu raison d’un des membres – « qui semblait de trop » en tout cas pour l’instant -, en la personne de Adama Sagnon, pour des implications de Justice dans la gestion du dossier Norbert Zongo, ce symbole de la résistance, Héros national tombé le 13 décembre 1998 et de son vivant, ardent défenseur des Droits de l’Homme et de la liberté d’expression en particulier. Dans ces conditions, est-on tenté de penser que les « morts ne sont pas morts », et même qu’ils s’expriment, comme le stipule Birago Diop !

Issa Sama portait un nom merveilleux et dans la fin de sa vie, il a agi conformément à la prescription de ce nom. Chère lectrices, chers lecteurs, il ne s’agit pas d’une exagération, pour deux faits majeurs.

Issa Sama, transposable à l’expression en langue dioula « I-ssâ’ (→) sama (↘) » signifie, « tire ta mort », « choisit ta mort » ou encore, « affronte ou tire sur ta mort ». Et en intervertissant les composantes du nom, « sama (→) i-ssâ’(↘)  » s’entend aussi « l’éléphant accepte mourir ! », « le géant ou le grand, accepte mourir ! ».

Connaître les circonstances dans lesquelles Issa Sama est tombé, serait d’une grande utilité, tout comme celles des autres concitoyens, chose qu’il faut clarifier (…) Cependant, pour l’instant, cette tribune peut s’en passer.

Issa, comme non par hasard, c’est aussi le nom du Christ Jésus en Islam. Le Christ qui a sacrifié sa vie sur terre, pour la justice, l’équité, bref, pour le triomphe du Royaume de Dieu (…)

En tenant compte de ces éléments, les noms portant un sens spirituel, le retour de Issa Sama devrait pouvoir s’appréhender comme un coup de destin (…) avec une participation active sans réserve aucune pour la justice, l’égalité, la légalité, bref, les vertus de la Démocratie.

  1. Un mot de consolation, après une mission bien remplie selon le destin

Cher père, chère mère, chers frères et sœurs, bref, chers parents de Issa Sama et chers concitoyens, notre douleur est vive et profonde certes, mais soyons consolés.
Soyons consolés à l’idée que Issa Sama a fait un choix volontaire pour la droiture, pour « le respect de la parole donnée », pour le respect de la lettre et de l’esprit de la Constitution, cette Loi fondamentale qui est notre repère commun, ce qui est une cause noble aux yeux de Dieu.

  1. Le rôle spirituel du nom dans la conduite et dans le destin

Le sens de nos noms a une signification, voire une grande portée spirituelle. Fouillons dans nos noms, et trouvons-y la signification noble, pour répondre à l’appel de cette noblesse !

Souvenons-nous que c’est par la parole que Dieu bénit et maudit ! Souvenons-nous que c’est par la parole que les Hommes bénissent et maudissent à l’image de Dieu ! Y-a-il une « parole » qui dépasse le nom par lequel nous sommes interpellés avant tout dans chaque échange ?

Dieu a changé le nom d’Abraham, de Sarah, d’Israël pour des missions bien précises (cf. Sainte Bible et Saint Coran). De même, il a annoncé le nom de nombre de ses prophètes avant leurs arrivées. Joseph, Jonas, Elie, Elysée, Job, n’est-ce pas des noms bien identifiés, liés à des missions spirituelles bien spécifiques ?

Peut-on oublier que Thomas Sankara et ses compagnons sous le CNR (Conseil national de la Révolution) ont fait un choix délibéré en donnant le nom « Burkina Faso » (Pays des hommes intègres) pour imprimer une conduite noble à suivre, par laquelle notre peuple préserve sa dignité, non seulement sur son propre territoire, mais en plus, dans la concert des nations.

  1. Le peuple intègre du Burkina Faso, ne laisse pas autrui écrire son Histoire à sa place : c’est une tradition !

Est-ce un hasard, si le Burkina Faso, ce « petit pays » à la grande dignité de son vaillant peuple, donne pour la deuxième fois, des leçons de démocratie à la face du monde après l’exploit du 03 janvier 1966.
Un 03 janvier 1966 où, d’autres peuples étaient encore dans l’euphorie voire, sous l’effet de l’opium – du nouvel an.
1966, année où certaines dictatures et partis uniques s’implantaient ou prenaient racines ailleurs en Afrique !

Par sa haute conscience, le peuple Burkinabè se caractérise par son refus de monnayer sa dignité et s’insurge contre le joug de l’arbitraire et de la monocratie. Sa patience malheureusement mal interprétée comme une résignation définitive. Sa tolérance et son attachement à la démocratie apaisée ont été instrumentalisés par certains, et voulus comme élément de troc, en échange de la « paix ».

Le fils fièrement attaché à la patrie, la fille fièrement attachée à la patrie, montrent depuis 1932 (année du démembrement du territoire national) et bien avant, leur détermination, chaque fois que de besoin. Ils ont toujours occupé l’espace public, pour l’unité de la nation, pour le progrès, pour la justice, pour le respect, pour la dignité, même au péril de leurs vies, au prix de leurs sangs, selon cette devise bien inculquée, « la Patrie ou la mort » (…) ! Et Sankara dirait, « nous vaincrons ! »

  1. Le devoir de justice et de bonnes conduites citoyennes et morales dans la gestion des affaires publiques, est une exigence incombant à tout survivant, pour la mémoire perpétuelle des Martyrs

L’inhumation solennelle des Martyrs de ce mardi 02 décembre 2014, c’est la traduction de l’adieu historique, pour témoigner la reconnaissance de toute la nation pour les sacrifices de sang versé, et cette part de mission bien accomplie par l’échec fait à la forfaiture, contre la Démocratie.

Par ailleurs, au-delà de ce cérémonial, chaque citoyen burkinabè doit à ces Martyrs, la justice. Sont interpelés à ce titre, le Président Michel Kafando, le Premier Ministre Yacouba Isaac Zida, les membres du Gouvernement de la transition, le Président du CNT Sheriff Sy, les membres du CNT, etc.

Ils doivent calibrer leurs choix de gouvernance sur ces exigences d’unité, de progrès, de justice, de respect, de dignité, bref de Démocratie, ces valeurs fermes que nos vaillants Héros ont laissées comme TESTAMENT ou administrativement parlant, comme LETTRE DE MISSION, avant de partir (…)

Vivement, que ces Filles et fils de la République reposent dans la paix de Dieu !

04 décembre 2014

Idrissa DIARRA
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/F).
Mobile : (+226) 66 95 04 90
Courriel : [email protected]


 NDLR : Le titre est de l’auteur

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