Afrobaromètre : « La plupart des Burkinabè pensent que voter est moins efficace que protester »
La moitié des Burkinabè ont une perception négative du fonctionnement de la démocratie. C’est l’une des principales conclusions de l’enquête Afrobaromètre dont les résultats ont été rendus publics par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), ce lundi 9 novembre 2015 à Ouagadougou.
De l’avis de la moitié des 1200 répondants, âgés de plus de 18 ans et choisis aléatoirement à travers les 13 régions du pays, la démocratie ne connait pas ses beaux jours au Burkina Faso.
Le taux d’insatisfaction s’élève à 50%, révèlent les résultats de l’enquête Afrobaromètre, réalisée en avril et mai 2015. De ce sondage, il ressort également que depuis 2008, cette perception négative de la démocratie au Burkina n’a cessé de grimper. De 38% en 2008, le taux d’insatisfaction est passé à 42% en 2012 et 50% en 2015.
Les plus sceptiques parmi les enquêtés sont les citadins qui affichent 63% contre 46% des sondés en milieu rural.
La démocratie comme repère
En dépit de cette perception peu reluisante, les Burkinabè restent toujours attachés au régime démocratique plus qu’à tout autre régime, d’après les résultats de l’enquête. Le soutien des burkinabè pour la démocratie est resté élevé au fil des années. De 58% en 2008, ce soutien a connu une augmentation significative en 2012 en passant 72% puis à 81% en 2015.
Lors des enquêtes, la plupart des répondants ont montré aussi à travers leurs réponses que le concept de démocratie ne leur est pas étranger. En effet, selon les responsables du CGD, « 8 Burkinabè sur 10 parmi eux ont montré une connaissance du mot « démocratie » en français ou après traduction en langue locale ».
Et pour 35% des enquêtés, « démocratie » rime avec libertés civiles et individuelles contre 13% qui l’associent à la paix, l’unité le partage du pouvoir. En sus, 11% des sondés pensent au partage du pouvoir quand on leur parle de démocratie et 7% aux votes, aux élections et aux compétitions multipartites.
S’exprimant également sur la forme dont doivent être élus les dirigeants, il ressort des résultats de l’enquête, que les Burkinabè dans leur ensemble sont attachés aux élections. 9 Burkinabè sur 10 soit 90% des enquêtés affirment que « voter lors des élections » est quelque chose qu’il faut toujours faire dans une démocratie.
80% des répondants affichent parallèlement leur préférence pour une opposition constructive car pour eux « une fois les élections terminées, les partis d’opposition et les politiciens de l’opposition devraient taire leur défaite et coopérer avec le gouvernement pour l’aider à développer le pays ».
Le mode des élections décrié
Malgré cette accréditation pour les élections, il est à noter aussi que bon nombre de Burkinabè rechignent à aller aux urnes. Ce paradoxe serait lié à la perception des sondés qui pensent que « les dirigeants des partis politiques sont plus soucieux de faire avancer leurs propres ambitions qu’à servir les intérêts du peuple », révèle l’enquête.
A côté de cela, Abdoul Karim Saïdou, membre du CGD, pense qu’à la lumière de l’insurrection populaire du 30 et 31 octobre 2014, « la plupart des Burkinabè pensent que voter est moins efficace que protester », ce qui pourrait aussi justifier qu’ils soient plus enclins actuellement aux revendications.
Qu’à cela ne tienne, les responsables du CGD qui ont dirigé l’enquête Afrobaromètre, ont nourri l’espoir que les prétendants au pouvoir s’approprient les résultats afin d’avoir une meilleure connaissance des réelles aspirations des Burkinabè.
Les enquêtes, ont-ils aussi rappelé, donnent des résultats avec une marge d’erreur de +/-3% à un niveau de confiance de 95%.
Mamady Zango (Stagiaire)
Burkina24
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