DECLARATION DE L’UPC : « Affaire DG douanes », le Ministre de l’Economie et des Finances doit démissionner
L’inexorable descente de notre pays dans l’enfer de la corruption vient de s’enrichir d’un nouvel épisode avec l’arrestation, ce weekend, du directeur général des douanes. Selon les explications fournies par la gendarmerie nationale qui l’a appréhendé, il est accusé d’avoir détourné près de deux milliards de francs CFA.
Un décret du Chef de l’Etat a mis fin à ses fonctions, ce qui tend à confirmer que les faits sont établis. D’emblée, notre parti tient à féliciter chaleureusement les forces de police et de gendarmerie pour cette brillante action. Tout le monde connait les difficultés matérielles auxquelles elles sont confrontées, et les pressions en tout genre qu’elles subissent dans l’exercice de leurs fonctions. C’est à leur honneur que d’avoir réussi à mener cette enquête jusqu’au bout.
Notre Parti les encourage à persévérer dans leur travail, à continuer de s’intéresser aux signes ostentatoires de richesses, à remonter les filières de l’argent sale, et à mettre la lumière sur les cavernes d’Ali baba de notre République, que les rumeurs disent nombreuses. Cette affaire est une de plus, qui illustre la dégradation généralisée de la gouvernance de notre pays. Ceux qui suivent avec attention l’évolution de notre pays ne sont pas surpris. Il y a déjà longtemps que voler n’est plus interdit au Burkina Faso. Ce qui est interdit, c’est de se faire prendre. Plus que quiconque, le pouvoir de la quatrième république est le premier responsable de ce qui vient de se passer. Il est responsable parce que c’est lui qui encourage le culte de l’argent facile et le sentiment d’impunité qui s’est installé dans notre pays, toute chose qui conduit à un pillage de nos maigres ressources.
Mais dans le cas précis qui nous intéresse, sa responsabilité est encore plus directe parce que ce n’est pas la première fois que le nom de l’intéressé apparait dans une affaire de corruption. Il y a de cela quelques temps, il a été cité dans une affaire d’exonérations. Le juge d’instruction qui avait eu l’outrecuidance d’émettre un mandat de dépôt à son encontre a été désavoué par sa hiérarchie, et muté en province. Les burkinabè se souviennent qu’à l’époque, le gouvernement s’était démené pour nous expliquer, que le DG des douanes « n’étant pas n’importe qui.. » et ne « cherchant pas à fuir…. », le juge d’instruction n’avait pas besoin de le faire détenir pour la bonne poursuite de son enquête. Depuis, l’affaire était enterrée. Pire, le même individu a été décoré le 11 Décembre dernier, sur proposition de sa hiérarchie, dans le cadre de ce cérémonial de notre République qui commence à friser un peu le ridicule, ou notre ordre national sert à récompenser tout, sauf le mérite.
Si, avec tous les burkinabè, notre Parti se réjouit du succès de nos forces de sécurité, il n’en demeure pas moins que certains interrogations demeurent. Si la gendarmerie n’avait pas mené cette enquête en observant certains comportements, et mis le pouvoir de la quatrième république devant le fait accompli, ce monsieur aurait-il jamais été inquiété ? Surement pas ! L’ex Directeur Général des douanes est-il le seul dignitaire de ce pays à disposer de stocks d’argent dans des domiciles privés ? Des faits insolites qui se passent ici et là démontrent à souhait que la quatrième république est devenue comme une république de cantines d’argent que l’on stocke dans les arrières cours ou les sous-sols des bunkers.
C’est sans doute là que les rejetons en manque d’éducation viennent puiser de quoi participer aux enchères organisées dans les boites de nuit à la mode autour de bouteilles de champagne, pendant que les discs jockeys chantent les louanges de leurs illustres géniteurs. Si le train de vie d’une certaine jeunesse dorée est le baromètre de la quantité d’argent qui se trouve à leur domicile, alors nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises. Cette enquête ira-t-elle jusqu’au bout ? On peut en douter ! Le pouvoir de la quatrième république nous a habitués à abandonner les dossiers de détournements en cours de route. Les nombreux rapports de la Cour des Comptes ou de l’Autorité Supérieure du Contrôle de l’Etat (ASCE) qui épinglent la gestion de certains hauts gradés du régime, sont toujours dans les tiroirs. Il est à parier que, une fois l’émotion populaire retombée, ce dossier, comme beaucoup d’autres, sera oublié, sauf si, pour une fois, la vigilance citoyenne se fait entendre.
De fait, si les burkinabè peuvent se réjouir que ce détournement ait été découvert, ils se posent des questions sur tous les autres détournements qui restent impunis. De nombreux responsables qui, selon certains rapports d’inspection, ont littéralement pillé les sociétés ou les projets dont ils avaient la charge, continuent de se promener allégrement en ville, visitent leurs chantiers, gèrent leurs affaires, vont et viennent, et rassurent leurs proches de ne point s’inquiéter car ils en savent suffisamment sur ce pouvoir pour qu’il ose les poursuivre. C’est vrai qu’à force de transformer nos juteuses sociétés d’Etat en caisses noires pour alimenter des activités qui n’ont rien à voir avec le bien-être de nos populations, le pouvoir est devenu l’otage des Directeurs qui sont dans le secret.
C’est leur silence qui leur assure leur impunité ! Ceux qui ont suivi les explications données sur cette affaire ont sans doute noté que les détournements sont montés d’un cran au pays des hommes intègres. L’unité de compte, ce n’est plus le million. C’est maintenant le milliard. Il est temps que nos compatriotes eux aussi fassent monter leur indignation d’un cran. Comme tout pouvoir, celui qui nous gouverne a besoin d’entendre la voix des citoyens sur cette affaire, surtout que, en matière de corruption, les limites sont maintenant atteintes. Il est temps que notre peuple se fasse entendre plus fortement, que la mobilisation citoyenne s’organise, que les forces de progrès se mobilisent, afin que tous ensemble, nous puissions contraindre ce pouvoir à traduire effectivement en justice tous ceux qui, en volant nos maigres ressources, transforment nos hôpitaux en mouroirs, et jettent nos enfants dans les bras de l’ignorance. Comme toujours, notre parti, est prêt à apporter sa contribution.
Ce sursaut s’impose d’autant plus que cette affaire va ternir gravement l’image de notre pays auprès de nos partenaires au développement. Comme tout le monde le sait, ces derniers n’ont de cesse de nous encourager à lutter contre la corruption, et à mobiliser par nous mêmes le maximum de ressources fiscales et douanières, pour faire face aux besoins élémentaires de notre population. Quelle crédibilité notre gestion financière peut-elle encore avoir auprès d’eux et de notre peuple ? Vu sous cet angle, on ne peut que poser la question de la responsabilité du Ministre en charge des finances dans cette affaire, en sa qualité de supérieur hiérarchique immédiat du DG des douanes. Ce qui est en cause ici, ce ne sont ni le caractère, ni les compétences professionnelles, ni l’intégrité personnelle du ministre en charge du département des finances publiques. Pour notre parti, la question n’est pas non plus celle de son intégrité, sur laquelle nous n’avons pas de jugement à faire. Pour nous, la vraie question, c’est celle de sa responsabilité. Elle est pleine et entière.
Ce qui est donc en cause, c’est le passif de sa charge publique, sur un dossier pour lequel il a eu toutes les alertes. Et sur ce point, la République doit être intraitable ! C’est fort de cela, qu’au nom de l’ensemble des militantes et militants de notre parti, le Bureau Politique National de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) demande solennellement, la démission du Ministre de l’Economie et des Finances de notre pays. Cette affaire repose aussi la question du mode de désignation des responsables des différentes structures de l’Etat. Le gouvernement a fait un premier pas en instituant des appels à candidature pour bon nombre de postes. Il faut l’en féliciter.
Mais notre peuple demande plus et mieux. Il est temps que la méthode touche aussi les régies de recettes. Dans cette optique, l’UPC propose que la nomination du prochain Directeur Général des douanes se fasse par appel à candidatures selon les modalités suivantes :
Que des critères précis de grade, d’ancienneté, de parcours professionnel au sein de la douane, et de moralité soient arrêtés pour l’acceptation des dossiers de candidature
Qu’un comité de sélection composé entre autres de personnalités compétentes en matière de recettes douanières, soit mis sur pied pour examiner les candidatures et faire des propositions au ministre en charge des finances publiques pour éclairer son choix final
Que le candidat retenu signe avec l’Etat un contrat de performance qui indique des objectifs à atteindre, un contrat de gouvernance qui détaille les attentes du pays en matière de lutte contre la corruption, et un contrat de rémunération, qui indique les avantages auxquels il a droit.
Pour l’UPC, il est temps de sortir de cet anachronisme qui laisse à l’arbitrage des considérations politiques, de copinage, et parfois même régionalistes, la désignation de ceux qui collectent nos ressources fiscales et douanières. D’autres pays, pas loin de nous, ont déjà franchi le pas. La Cote d’Ivoire ou nous jouons les facilitateurs, peut même nous faire une leçon dans ce domaine.
En attendant, notre Parti saisit cette triste occasion pour rappeler à nos compatriotes, que seul un vrai changement politique dans notre pays, pourra nous permettre, le moment venu, de lutter sérieusement contre la gangrène de la corruption, et contre tous les maux qui assaillent notre peuple. C’est pour cela qu’il nous faut tous continuer à faire preuve d’engagement, de mobilisation et de détermination, à nous battre pour préparer l’avènement du gouvernement de l’alternance, qui seul, pourra, le moment venu, redonner espoir à notre peuple.
Fait à Ouagadougou le 3 Janvier 2011
Pour le Bureau Politique National Zéphirin DIABRE Président
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Autant dire que ce n’est pas grand chose de transcendant. C’est bien ce que j’?crivais dans mon dernier post.
Walid
http://walidhicham.wordpress.com/