Le COREK ou la bouée de sauvetage de la vallée du Kou
Ce 22 Mars le Collectif Revalorisons le Kou (COREK) a tenu une conférence de presse autour de la situation actuelle de la vallée du Kou. Ce collectif est essentiellement composé de natifs de Bama et plus précisément de fils de riziculteurs de la vallée du Kou. L’objectif de cette conférence était d’alerter pour la nième fois les autorités burkinabé sur la dégringolade de la vallée qui fût la matrice de la production rizicole du Burkina Faso.
Alphonse Tougouma et David Sanon, respectivement Président et vice-président du COREK, ont planté le décor de la conférence en présentant aux journalistes un film amateur sur l’accès à l’eau à la vallée du Kou, l’aridité des sols, la détresse des riziculteurs « désormais exploitants d’arachides, de gombos, de maïs et d’oseille ». Après coup ils sont revenus sur leurs motivations : « la valée du Kou sombre aujourd’hui sous le poids de son passé glorieux avec un boom sans précédent de la population constituée en grande partie d’une jeunesse désœuvrée. La jeunesse est désœuvrée parce qu’il faut dire que les champs appartiennent à leurs parents et les superficies sont devenues très exigües au regard de la taille des familles (1 hectare par famille de 20 voire 40 personnes) ». Ce paragraphe comporte l’essentiel des échanges que les journalistes ont eu avec les leaders du COREK.
Le passé glorieux de la vallée de Kou
Selon Monsieur Tougouma, des années 1970 à un récent passé, la vallée du Kou suscitait l’admiration de tous les Burkinabé et celle de tous ceux qui visitaient le Burkina Faso. Sa production tournait autour des 15000 tonnes de riz sur 1260 ha de surfaces cultivables. Pour lui la vallée était le fleuron économique du Houët et sa coopérative était forte d’un capital de plus d’un milliard de nos francs dans les années 1989.
Les problèmes
Selon les conférenciers, « Une grande partie des problèmes doit être imputée à l’administration qui à travers ses fonctionnaires s’est immiscée dans la gestion de la coopérative avec ce que cela comporte comme gabegie, détournements et autres. Résultat, la coopérative sera liquidée suite à un endettement démesuré. ».
Deuxième lot de problèmes, c’est la rareté des terres exploitables. Selon leurs propres termes, plus de 40% des surface jadis exploitables ne le sont plus. Ce qui sans doute engendre un autre problème lié à la démographie et à la sociologie de la région. En effet, au départ de l’exploitation de la Vallée, elle comptait 6.000 habitants exploitants. Aujourd’hui on en dénombre 80.000 totalement dépendant de la vallée. « On ne pouvait pas les empêcher de faire des enfants tout de même ? » s’est interrogé Alphonse Tougouma qui juge mal l’absence d’une analyse prospective et d’un suivi dans la mise en œuvre des projets et programmes burkinabé. Pour lui, l’Etat n’a pas fait un travail de fond autour de la vie des travailleurs de la vallée et de l’évolution de leurs conditions de vie.
Troisième maillon de problème : L’eau. Pour le COREK, « il n’y a plus assez d’eau pour irriguer correctement les surfaces exploitables. Le Kou (NDLR : le cours d’eau dont dépend la vallée) a tari, et a même quitté son lit suite à un ensablement progressif ». Pire, « le peu d’eau qui va vers la plaine est siphonnée par les barons de la République pour irriguer leur vastes exploitations de bananes de papaye, … ». Pas moins.
On parle aussi de chômage des jeunes. S’il y a moins de terres cultivables il y a logiquement un effet sur la capacité d’absorption des jeunes dans les plaines. Le chômage concernerait selon le COREK un nombre non négligeable de jeunes de Bama.
Les solutions
Le COREK se veut intransigeant sur la situation de la vallée. Pour lui, les pertes subséquentes à l’ensablement de la vallée sont estimées à Un milliard et demi de nos francs par an. Paradoxalement, seuls 300 millions sont nécessaires à la réhabilitation de la Vallée. Pour résoudre les problèmes posés, le COREK pense que l’Etat a le devoir de venir en aide aux exploitants de la vallée qui sont de 272 villages du Burkina et qui se sont retrouvés sur la plaine depuis plus de 40 ans.
Première suggestion : la réhabilitation de la plaine. Deuxième suggestion : la réinsertion en priorité des exploitants de la vallée à Samandeni, l’autre grand projet agricole qui va mobiliser plus de 280 milliards de francs CFA. Troisième point, un dédommagement des exploitants qui « ont été délaissés par l’Etat » pendant qu’ils avaient besoin de sa présence et de son assistance.
Le ton du côté du COREK n’est pas à la politesse inutile. Les natifs de la vallée du Kou veulent une réponse positive du gouvernement. Pour eux « l’Etat doit prendre ses responsabilités pendant qu’il est encore temps » car la vallée du Kou est une poudrière latente. Les COREKis sont convaincus qu’une crise sociale est vite arrivée entre populations de la vallée si l’Etat n’intervient pas vite.
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