LES HISTOIRES INSOLITES DE TANGA : Il insiste, persiste et finit par signer avec une transexuelle

Félix ne jurait plus que par cette jeune fille. Elle venait d’arriver dans le quartier et tous les mâles du coin étaient subitement en chaleur. Il faut dire que la pépé valait le coup d’œil.

C’était une petite pamplemousse bien en chair. Ses atouts postérieurs et pectoraux  valaient le détour. Son sourire ferait volontiers noircir la lune de jalousie pendant que ses lèvres pleines rappelaient les juteuses pulpes de mangues d’Orodara. Son teint, du plus beau noir, sans aucune nuance de clarté et ciré plus que les godasses d’un multimilliardaire président dictateur africain, recouvrait une peau douce comme une verte et ensoleillée campagne couverte d’herbe après le passage d’une fine pluie d’août.

Les Dons Juans se cassèrent le cou

Tous les coureurs de jupons invétérés du quartier étaient donc sur le coup. Mais curieusement, chacun s’y cassait le cou. Même Beaugosse, le plus grand tombeur à des centaines de kilomètres à la ronde, son parfum importé de Paris, ses vêtements dernier cri italien, ses feuilles et sa routière de fils à papa mélangés à son charabia baragouiné, ne réussit point à faire fléchir la déesse inaccessible.

Le défilé des prétendants dura un mois. Après les chasseurs du quartier, ce sont les prédateurs montés sur bolides aux vitres fumées et gros cigares qui firent leur ronde. Mais en vain. Jasmine, c’est son nom, ne sortit jamais de chez elle au-delà  de 20h.

Petit à petit, deux ou trois mois plus tard, les prétendants se découragèrent un à un. D’autres, pour cacher leur aigreur et leur amertume, se mirent à la calomnier et à danser le rituel des commérages diffamatoires et infamants, allant jusqu’à la qualifier de sorcière qui finira mal.

Pourtant, Jasmine n’était pas mal élevée. Elle était la grâce, la douceur, la politesse, la gentillesse et la bonté personnifiées. Elle éconduisait toujours ses soupirants, quoiqu’avec fermeté, mais surtout  en  restant dans le respect, l’égard et la bonne conduite. Cela termine son portait.

Félix tint bon

Tous les prétendants finirent donc par déserter le champ de bataille. Sauf Félix. Félix tint bon. Il ne cessa d’aller chaque jour chez Jasmine. Il multiplia attention et cadeaux. Mais chaque fois, Jasmine lui tenait le même langage : « Tu sais, je t’aime bien, mais je suis condamnée à ne pas avoir de relation normale ». Mais Félix ne comprenait justement pas cela. Il jura, la main sur le crâne de son ancêtre, qu’il sera prêt à endurer toute malformation qui venait de Jasmine.

Jasmine lui demanda un jour trois fois : « Es-tu certain que tu es prêt à tout ? » Félix délaissa le crâne de son ancêtre pour prendre à bras le corps le Tout-Puissant lui-même. « Alors, viens ! »

Le mont Everest ne saurait rivaliser avec l’immensité et la hauteur de la joie de Félix quand il entendit ce jour-là  cette phrase de Jasmine. Là où tous ces grands tireurs d’élite ont échoué, lui, Félix, le plus laid d’entre tous, avait réussi. Il jubilait quand par la main, Jasmine l’amenait dans sa chambre.

Ce jour-là, les poules eurent des dents

Là, la jeune demoiselle le fit s’asseoir sur une chaise et entreprit de se déshabiller. Le bustier enlevé dévoila les plus beaux, ronds et fermes seins que Félix n’a jamais eu l’occasion de contempler. Mais la jupe tombée lui donna la chair de poule. Un frisson d’outre-tombe naquit au milieu de son crâne, se propagea à travers les neurones de son corps pour venir mourir dans les terminaisons nerveuses de ses orteils et lui infliger un spasme involontaire et brutal.

Jasmine avait le corps d’une ravissante jeune fille, mais avait le même sexe que lui, Félix. « Tu es toujours certain ? », lui demanda-t-elle. Félix détala. Le soir, il délirait dans sa chambre, disant qu’il avait failli faire l’amour avec un génie. Le lendemain, il fut admis dans un asile de fous.

Jasmine déménagea.

Votre serviteur Tanga