Les histoires insolites de Tanga : Monsieur Critique

Il est très facile de critiquer. Surtout s’il s’agit de détruire ou de nuire. Mais il est autant difficile de critiquer pour construire que de faire mieux que l’objet de la critique.

Vieux Noor-gomdé adore la critique comme il adore la cola mélangée au tabac à chiquer. Il a commencé ce métier dès qu’il a eu ses 20  ans. 57 ans sont aujourd’hui inscrits dans son calendrier personnel.

Un jeune homme dans le village achetait-il une moto qu’il s’empressait de le traiter « d’écervelé qui, au lieu d’utiliser à chose plus utile son argent, le dépensait dans la frime ! » Pourtant son propre fils est en train de purger sa 6^e année de prison ferme.

Un jeune couple se mariait-il qu’il le qualifiait « d’idiots qui divorceront à la prochaine lune » alors qu’il disait à leur propos, avant le mariage, qu’ils sont  des « dévergondés pécheurs de la fornique qui pousseront racines en enfer s’ils ne se mariaient pas ! »

Il a qualifié le domicile du maire de « taudis même pas digne d’un clochard » pour aussitôt déclarer, quelques mois après que l’édile ait réaménagé son logis, que « le maire a volé nos maigres sous pour s’engraisser comme le sale détourneur de deniers publics qu’il est ! »

C’est aussi pourquoi vieux Noor-gomdé a trouvé ridicule l’invention du jeune Georges qui sert aux femmes à éventer le son du mil ou les coques d’arachide quand il n’y a pas de vent. Le jour de la mort de l’imam, il était étonné que ce dernier soit décédé dans la souffrance après avoir passé toute sa vie « à laver son derrière et à gesticuler matin, midi et soir ».

« Ce puits est dangereux, il faut le boucher ». Vieux Noor-gomdé a exprimé cela au moment où il plongeait tête la première dans le puits à sec de 10 mètres de profondeur.

La seule critique constructive qu’il a pu formuler de toute sa vie qui s’est éteinte ce jour-là.

Votre serviteur Tanga ([email protected])