Thaïlande : la première ministre destituée par la justice
Une nouvelle page d’incertitude politique vient de s’ouvrir en Thaillande. Confrontée depuis plusieurs mois à un mouvement de contestation réclamant sa tête, Yingluck Shinawatra, chef du gouvernement thaïlandais, a été destituée par la Cour constitutionnelle qui l’a jugée coupable d’abus de pouvoir. Ses partisans, eux, dénoncent un « coup d’Etat judiciaire ».
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a destitué ce mercredi la Première ministre Yingluck Shinawatra, alors que le pays traverse depuis six mois une crise politique. Les juges de la Cour ont estimé que la Première ministre « avait abusé de son statut » et » ne peut plus rester à son poste ».
L’affaire à l’origine de cette destitution concerne l’éviction du patron du conseil de sécurité nationale après l’arrivée au pouvoir de Yingluck en 2011.
» Je n’ai violé aucune loi », a déclaré la première ministre qui s’est défendue, par ailleurs, d’avoir pris seule la décision de démettre Thawil Pliensri, expliquant que celle-ci avait été prise en conseil des ministres. L’homme a, depuis, été réintégré dans ses fonctions sur ordre du tribunal administratif.
Plusieurs membres du gouvernement de Yingluck sont également concernés par cette décision de la Cour qui marque un nouveau tournant dans la crise politique que traverse la Thaïlande , puisque le Parlement qui aurait dû nommer un nouveau Premier ministre a été dissous en décembre dernier.
« Un Coup d’Etat judiciaire »
Les manifestants antigouvernementaux ont salué la décision de la Cour et continuent à défiler dans les rues de Bangkok. Ils accusent Yingluck et son frère Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre renversé par un coup d’Etat en 2006 et personnage clé de la politique du royaume, d’avoir mis en place un système de corruption généralisée.
Estimant que Thaksin continuait à gouverner à travers sa sœur, ils veulent également remplacer le gouvernement par un « conseil du peuple » non élu.
Il faut rappeler que la Cour constitutionnelle avait déjà chassé du pouvoir deux Premiers ministres pro-Thaksin en 2008, et beaucoup doutaient ce mercredi que Yingluck soit épargnée par une justice accusée d’être partiale.
Face à cette décision de la Cour, le mouvement des Chemises rouges pro-Thaksin a promis de redescendre dans la rue pour contester ce qui n’est à leurs yeux, ni plus ni moins, qu’un « Un Coup d’Etat judiciaire ».
De nouvelles violences, dans cette crise qui a déjà fait au moins 25 morts et des centaines de blessés en quelques mois, mais qui ne cesse de se raviver, sont donc plus que jamais à craindre.
Nelson Compaore
Chroniqueur relations internationales
Pour Burkina 24
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