Zeynab : « Mon mari n’est pas jaloux au point de m’enfermer »

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La particularité de cette étoile de la musique béninoise Zeynab Habib, est qu’elle arrive toujours à créer une passerelle intéressante entre le RnB et la culture béninoise. En 2002, dès la sortie de son premier album, elle a su s’imposer au Bénin et dans la sous région. Nominée aux trophées Kora en 2002 en Afrique du Sud, elle a été lauréate du trophée de la meilleure artiste féminine de l’Afrique de l’ouest en 2005 aux Kora Awards. Elle est aujourd’hui et depuis 2007 nommée ambassadeur national de bonne volonté de l’UNICEF. Nous l’avons rencontrée lors de son passage à Ouagadougou où elle y était pour une formation.

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Burkina24 : Vous avez participé à une formation sur liberté artistique à Ouagadougou.  Qu’est-ce que cette formation vous a apporté  et pourquoi le choix s’est porté sur vous pour représenter le Bénin ?

Zeynab : J’ai effectivement participé à cette formation qui porte sur les droits humains et les droits culturels. Je ne sais pas par quoi leur choix a été motivé  mais je devine que c’est par rapport à mon rôle d’ambassadrice de l’UNICEF au niveau de mon pays que j’ai été sollicitée pour participer à cette formation. Le travail que je fais  entre aussi dans le cadre du respect des droits de l’humain.

Nous avons appris beaucoup de choses à cette formation. On nous a tracé la valeur, l’importance et on nous a fait comprendre, même à nous qui connaissons déjà que les droits humains existaient,  que certaines choses simples de ces droits humains, le pouvoir d’exercer la bonté ou la négativité sur autrui, l’importance de respecter le droit d’autrui, de ne pas interférer dans ces droits et la responsabilité du gouvernement qui est celui de faire appliquer non seulement la loi mais aussi de protéger chaque citoyen.

 On a fait un peu le tour et ça sera difficile pour moi d’énumérer  tout ici.

B24 : La liberté d’expression artistique de Zeynab a déjà rencontré des difficultés ou a-t-elle déjà été bafouée ?

Zeynab : Non, je ne peux pas dire que j’ai eu des problèmes par rapport à une tierce personne dans le cadre de mon activité. Je ne vais pas dire que je ne suis pas une artiste engagée. Je suis quelqu’un qui chante et dénonce des choses mais en parabole.

 Je ne suis pas le genre d’artiste qui va carrément toiser une et une seule personne juste pour dénoncer quelque chose. Je parle souvent en parabole, j’utilise des termes philosophiques pour expliquer et pour que les gens comprennent clairement.

 Mais très souvent, je pointe du doigt toute la population, les responsabilités de chacun et les responsabilités de l’Etat. Je n’ai donc pas eu de restriction au niveau de ma carrière, de malaise ou quelque chose qui m’a empêchée de travailler normalement.

B24 : On remarque beaucoup un mélange de rythmique américaine et des sonorités de votre terroir dans vos chansons. Pensez-vous que cela pourrait être  l’avenir de la musique africaine?

Zeynab : Je peux dire que je ne suis pas quelqu’un qui triche. Je suis quelqu’un qui s’exprime selon ce qu’elle a pu apprendre, ce qu’elle a côtoyé. Je suis née et j’ai grandi en Côte d’Ivoire.

Au départ, étant Béninoise, j’ai grandi avec la culture de notre pays, ce que je ne peux pas rejeter parce que je suis une Africaine en fin de compte. Avant d’être Zeynab, je suis l’enfant du peuple, enfant de l’Afrique donc pour moi naître quelque part, avoir été élevée avec la culture d’autrui, je ne peux pas rejeter cela d’emblée et me mettre à faire une musique qui se trouve dans mon village et que je ne connais même pas.

" Je fais beaucoup de choses à côté, j’aide dans le social et je suis une mère au foyer" (© Burkina 24)
 » Je fais beaucoup de choses à côté, j’aide dans le social et je suis une mère au foyer »  (© DR)

Je n’ai pas côtoyé la musique de chez moi quand j’étais enfant. Mais je ne me suis pas mise à faire du coupé décalé parce que ce n’est pas la musique avec laquelle je me sentirais en symbiose.

J’ai grandi à la maison en écoutant beaucoup de musique des Etats-Unis, le new jack, le rap ; mon papa écoutait beaucoup de musique française aussi et jouait quelques sons de la musique yoruba qui étaient de la musique de chez moi.

En grandissant, j’ai fini par faire un choix. Je ne peux pas abandonner la musique moderne et je suis obligée de me rapprocher de la musique traditionnelle de chez moi.

J’ai essayé de mettre tout ça  ensemble aujourd’hui et de faire ce qui me représente.

B24 : Zeynab est-elle à Ouaga pour d’autres raisons que la formation ?

Zeynab : Exclusivement cette fois, c’est juste pour la formation.

B24 : Vous avez rencontré des grands artistes, mais on ne vous voit pas sur les scènes internationales?

Zeynab : Je suis ambassadrice d’une maison GSM Globacom depuis 2009 basée au Bénin mais qui vient du Nigéria. Mes scènes, mes sorties se font plus sur le Nigéria, l’Afrique du sud.

C’est vrai que je n’ai pas sorti de nouveauté et que je ne suis pas moi-même entrain de m’agiter sur la scène parce qu’avant tout, je suis une mère au foyer et je veux m’occuper de mes enfants. Ils vont à  l’école, ils vont grandir, je ne veux pas aller gaspiller toute mon énergie sur la scène.

 Je fais mon petit business, je sors mes petites chansons, je les pousse un peu et je laisse. En Europe, ça m’arrive d’aller dans des festivals. La remarque est évidente mais il faut reconnaitre que c’est moi qui n’ai pas fait ce qu’il faut pour ça arrive.

B24 : Vous êtes ambassadrice de l’Unicef, quelles sont vos activités ?

Zeynab : Je mets ma voix, ma notoriété au service des enfants pour les défendre, j’accompagne les campagnes. Depuis 1997,  j’ai œuvré aux côtés du Rotary Club dont je représente la campagne contre la polio pour inciter les gens au respect des droits des enfants qui sont souvent bafoués.

Au niveau de l’UNICEF, on exhorte les gens à mettre les enfants à l’école parce que le taux de scolarisation n’est pas égal entre les filles et les garçons. On a battu longtemps campagne autour de cela pour dire aux parents de mettre les filles à l’école parce que les filles étaient reléguées au deuxième plan.

Elles devraient faire la cuisine, se marier. Après ça, il y a eu l’inverse,  les garçons étaient moins à l’école. Il a fallu dire maintenant,  tous les enfants à l’école. Il y a les campagnes pour dire aux parents de faire attention aux enfants de 0 à 5 ans parce qu’à cause d’un manque d’hygiène, se retrouvent à faire la diarrhée, manquent de vitamine A et ne grandissent pas bien.

On a aussi parlé des campagnes de vaccination. Un enfant qui grandit sans son vaccin à jour, est à tout moment fragile. Nous avons sensibilisé les femmes enceintes sur la protection contre le paludisme qui tue le maximum de personnes au niveau de l’Afrique.

C’est incroyable mais il faut le dire.  Le paludisme est le premier meurtrier en Afrique. On a battu campagne aussi pour les enfants handicapés, on parle de l’enfant mais très souvent on ne parle pas de l’handicapé qui n’a pas la possibilité de se prendre en charge.

On les laisse à la maison, parfois les gens trouvent honteux de sortir leurs enfants handicapés. L’UNICEF, c’est un travail en perpétuel avancement, on ne doit jamais baisser les bras. Il y a beaucoup à faire.

B24 : Au Burkina, on déplore le fait que des enfants laissent l’école et vont travailler dans les mines. Est-ce le cas au Bénin ?

Zeynab : Au Bénin, c’étaient des cas d’enfants que les parents avaient forcés au travail. Les parents les avaient donnés à une tierce personne pour aller travailler. On appelle ça le « vidomigon » chez nous, les enfants ouvriers.

On a battu une campagne autour de tout ça parce qu’on avait retrouvé certains enfants qui avaient été déportés vers le Nigeria pour aller  casser des pierres.

Ils  ont procédé à des arrestations des personnes dans les familles et au niveau du trafic et on a ramené ces enfants au Bénin et on a mis en place le programme de la deuxième chance.

Avant que je ne voyage, on était parti dans un village, à Popè qui est une des communes du Bénin qui avait le taux le plus élevé. Il y a eu avec le programme des résultats satisfaisants, on est parti leur rendre visite et on a constaté effectivement que des enfants qui avaient abandonné l’école ont bénéficié d’un programme de réinsertion et sur le terrain.

B24 : Après tant de distinctions, de succès, comment Zeynab voit la suite de sa carrière ?

Zeynab : Je continue.  J’ai un nouvel album qui est en préparation et je pense que le meilleur reste à venir parce que je viens de signer un nouveau contrat avec une maison de production basée à Abidjan, Boss playa. On a déjà commencé à travailler et d’ici peu, il y aura du nouveau. Quand on croit en Dieu, quand on a foi en Dieu, il ne faut pas avoir peur. Il faut avancer et le reste se fait.

B24 : A quand la sortie de cet album ?

Zeynab : C’est un maxi que je suis en train de préparer au niveau de Cotonou en attendant que le travail de Boss Playa soit vraiment lancé. J’ai déjà pour ce mois d’août des vidéos que j’ai tournées et qui vont sortir au niveau du pays.

© DR
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B24 : Les rumeurs disent que votre mari est jaloux, et pour cela il vous a acheté une grande maison où un il ya un studio pour éviter que vous sortiez trop. C’est vrai ?

Zeynab : (Rires) Quand tu vis avec un homme, il va être jaloux. Il  se dit « quand elle sort, est-ce que je suis en sécurité ? »

Mais il y a un climat de confiance qui existe entre lui et moi parce que nous sommes ensemble depuis 14 ans et on a une fille de sept ans et un garçon de 17 ans (il était né avant).

Il m’a suivie depuis le début de ma carrière. J’essaie être une femme dévouée. Je remplis mon rôle de femme.

Si je délaissais mon foyer pour me retrouver entrain d’avoir du succès sur toutes les scènes, je ne serais pas une bonne mère au foyer.

Non, il n’est pas jaloux au point de m’enfermer dans la maison,  sinon je ne serais pas à Ouaga.

B24 : Pourquoi on vous appelle la princesse de Sakété ou  la J.lo du Bénin ?

Zeynab : Ce sont des termes que des gens utilisent pour définir un artiste. Je n’ai souvent pas aimé qu’on me compare à J.Lo ou Beyoncé, ce n’était pas mon intention.

Ce sont des femmes que j’aime, je les apprécie mais ce n’était pas dans l’intention de les ressembler.

J’avais mon style. Quand j’ai commencé ma carrière, je faisais du RnB.

Les gens voyaient des similitudes dans l’habillement, dans la façon de bouger d’accord, c’était la tendance. Mais la princesse de Sakété encore, je préfère puisse que je suis du village de Sakété.

B 24 : A quand le prochain concert à Ouaga ?

Zeynab : Je souhaiterai faire un concert à Ouaga, mais avant ça il faut que je fasse ma promotion, que je fasse savoir aux Ouagalais que j’ai telle chanson, j’ai telle chose à leur montrer pour que le jour que je dis que  j’ai un concert, que les Ouagalais puissent me soutenir.

Il y a ce travail à faire d’abord. Quand je suis arrivée, j’ai croisé quelques amis et à qui j’ai remis mes nouveaux sons, quelques vidéos et j’espère que le travail va se faire parce que j’ai de nouveau envie de faire un concert ici.

B24 : Connaissez-vous  des artistes burkinabè ? Lesquels ?

Zeynab : J’en connais beaucoup que j’aime et que j’écoute aussi : Alif Naba, Floby, Zèdess, les sœurs Bassavé et aussi les doyens dont j’oublie les noms mais que je vois à travers la RTB que regarde dans mon pays.

B24 : Avez-vous déjà côtoyé  ou essayé de  travailler avec quelques-uns d’entre eux ?

Zeynab : Non, je ne sais pas si ce sont les artistes Burkinabè qui ne veulent pas sortir de leur pays  ou c’est moi qui ne sort pas de chez moi. Mais la question aussi ne s’est pas posée de faire un featuring ensemble. J’avais voulu travailler avec le groupe Yeelen il y a longtemps.  J’ai essayé de les contacter mais je n’ai pas poursuivi le processus.

B24 : Un mot pour vos fans qui vous lisent ?

Zeynab : Je dis à mes fans de rester connectés.  C’est vrai qu’ils n’ont pas l’habitude de me voir partout. Ils n’ont qu’à comprendre que la musique pour moi est une passion.

Ce n’est pas l’activité fondamentale de ma vie. Je fais beaucoup de choses à côté, j’aide dans le social et je suis une mère au foyer. Tout cela combiné, il faut aller lentement et surement.

Je les remercie d’être là toujours pour me soutenir. Je suis quelqu’un qui n’aime pas me presser ce n’est pas parce que les autres font quelque chose que je veux le faire aussi.

Je vais lentement et je suis satisfaite de ce que je gagne et  je fais.

Propos recueillis par Reveline SOME
Burkina 24
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