Célébration de la fête nationale: « L’eau au premier rang des grands oubliés de Kaya »

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Dans cette analyse, Célestin Badolo jette un autre regard sur les festivités du 11-Décembre 2016 à Kaya.

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Depuis 2008, au Burkina Faso, la célébration de la fête nationale chaque 11-Décembre est planifiée pour se dérouler de chef-lieu de région à chef-lieu de région. Fada, la capitale de l’Est fut la première à recevoir la célébration nationale de cette fête.

À l’origine, on se souviendra que l’idée devrait répondre à la question de comment orchestrer un développement inclusif de tout le pays sans créer une inégalité criarde entre la capitale politique (Ouagadougou) et les autres villes du pays. À l’évidence, la notion du développement et de son contenu sont régis par une idéologie politique portée par un régime dont le projet de société serait la réponse aux préoccupations des masses.

En l’espèce, il nous semble opportun de rappeler que le candidat Roch Marc Christian Kaboré avait battu le record de l’ingénierie politique en proposant « zéro corvée d’eau de 2016 à la fin de son mandat » pendant que tous les autres acteurs tablaient juste sur « l’accès à l’eau pour tous ». Qu’a donc été la place de l’eau à l’occasion de cette célébration à Kaya ?

Il est connu de tous au Burkina que le centre-nord dont Kaya est la capitale est la porte du Sahel. Il est aussi connu et proclamé que 23 milliards de nos francs ont été investis dans la région à l’occasion de la fête. Les statiques nationales pour cette même région montrent que la préoccupation première des populations est l’accès à l’eau potable. Pendant que l’on réalise 30 km de bitume, l’on dresse de beaux immeubles et de somptueux monuments (ce qui est somme toute bien) ; le nécessaire, le vital est oublié, s’il n’est laissé pour compte.

Le monde entier a été témoin du cri de cœur (retransmis sur la radiodiffusion-télévision du Burkina) de cette dame habitante de Kaya qui se plaint de manque d’eau pour les populations situées en zone haute. Qu’est-ce qu’une « zone haute » quand on connait l’extrême platitude géographique du centre du pays ? Serait-ce à l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) la faute ? Il nous semble que ce dernier, en tant qu’exploitant, fait des efforts considérables et devrait pouvoir compter sur l’État pour des investissements de taille. Qu’est donc devenue la promesse d’il y a à peine un an : zéro corvée d’eau ?

S’il est vrai que les planifications de la fête nationale à Kaya n’ont pas été exclusivement l’œuvre des dirigeants actuels, il nous semble qu’une action correctrice de la vision aurait bien pu être opérée en faveur de ces milliers de populations aux confins de la région qui dans leur quotidien, n’ont à faire aux voies bitumées, aux immeubles et aux somptueux monuments qu’accidentellement. Si l’on se réfère à l’idée d’origine des célébrations tournantes (réduire les inégalités entre Ouaga et les régions), des actions du genre nous laissent perplexe quand à leur capacité à réduire les inégalités. On croirait qu’au Faso, le développement, ce serait d’abord les routes et les bâtisses, ensuite les routes et les bâtisses et enfin, les routes et les bâtisses.  

Ces fonds auraient été mieux investis qu’ils soulageraient considérablement et durablement la situation des « kayalais » en matière d’accès à l’eau potable, à l’éducation, aux soins de qualité, à une sécurité alimentaire et nutritionnelle, … Les femmes du centre-nord n’auraient-elles pas préféré avoir de l’eau potable permanemment en lieu et place d’une maison de la femme ? Pour les jeunes de cette région, un centre de formation n’aurait pas fait l’affaire devant un stade ? N’a-t-on pas toujours des écoles sous paillote dans cette région ? Dans quelles conditions sont nos centres de santé où patients et personnels soignants rivalisent de misère, dans ladite région ?

Bref, on retiendra que l’on festoie à Kaya avec 23 milliards de nos francs dans du béton alors qu’au centre-ville de Kaya même, il n’y a pas d’eau potable pour tous. Les habitants de Kaya et environ, s’ils ne prennent garde (et comme ils l’ont concédé) crèveront de soif sous l’œil moqueur des margouillats qui se prélasseront dans les bâtisses désertes d’humain, comme il nous a été donné malheureusement de voir précédemment dans d’autres capitales de région.

Au demeurant, et sans être pessimiste, nous osons espérer que le sud-ouest et les régions à venir ne subiront pas le même sort que leurs prédécesseurs. En effet, il nous semble qu’en la matière, ni discours, ni artifices et faux-fuyants politiques ne tiendront tête durablement à la demande sociale exprimée clairement les 30 et 31 octobre 2014. Le peuple a soif et faim ; il attend (activement) la réponse. Que l’on s’en convainque !

Célestin Badolo

Activiste de la démocratie et de la bonne gouvernance   

NDLR: Le titre est de l’auteur

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