Burkina-Mali-Niger : L’élaboration d’un « droit de poursuite » des terroristes en cours d’examen
Le chef d’Etat-major général des armées, le Général Pingrenoma Zagré, a annoncé qu’à la lumière des dernières pertes subies par les forces armées burkinabè, la question de « ce qu’il faut faire » ne se pose plus. Elle allie la difficulté d’acquisition de renseignements auprès des populations et de l’acquisition de moyens de mobilités « appropriés » pour intervenir et intercepter l’ennemi qui tire profit de la zone qu’il maitrise pour disparaitre après chaque attaque.
« Les enseignements nous ont permis d’identifier de manière suffisante ce qu’il faut faire », a indiqué le général de brigade Pringrenooma Zagré. Ce qu’il faut, dit-il, c’est « d’être plus performant en matière de renseignements ». Une performance qui selon lui « ne dépend pas que » des forces armées nationales. « Il faut la participation des populations ». Se penchant sur la zone de confrontation avec les groupes armés, il explique que « les complicités font que le renseignement n’est pas facilement acquérable ».
Mais la peine ne se limite pas à ce niveau seulement poursuit-il. Il y a le facteur de méconnaissance du terrain qui profite aux assaillants. « Pour intervenir, lorsqu’il y a des attaques il faut des moyens de mobilité appropriés qui permettent d’intervenir et d’intercepter ceux qui en général sont à moins de 20 kilomètres de la frontière, qui connaissant le terrain, tirent de cela, le meilleur profit pour se soustraire », a indiqué le chef de l’armée.
Mais, le moral est encore au rendez-vous selon le général Zagré. Enonçant les instructions reçues du ministre de la défense, il confie que les hommes sont « optimistes » et ce en dépit de la peine, des douleurs qui les animent après ces autres pertes sur le front. Revenant sur les « complicités » évoquées plus haut, il en appelle à la nation entière « pour que les forces armées nationales soient dans les conditions morales et psychologiques favorables pour mener avec efficacité le combat pour le bien de la nation ».
De la localisation de l’ennemi
Si le Burkina connait depuis avril 2015 une recrudescence des attaques terroristes, c’est justement parce que l’opération Serval qui a fait place à Barkhane a mis en déroute les entités qui avaient pris possession de la partie nord du Mali. Une situation qui a prévalu à les pousser dans la partie centrale du pays. Pourchassés, ces groupes cherchent de nouveau où s’établir.
« Le nord du Mali est suffisamment contrôlé au point où les groupes terroristes ont migré dans la partie centrale du Mali et dans la bande Liptako-Gourma qui borde la lisière de la frontière du Mali avec le Burkina », explique le chef d’Etat-major général des armées. Avec les attaques subies par le pays, la question de la proximité ou de la présence de l’ennemi sur le territoire ne se pose plus au niveau du commandement militaire. « Il y a une présence manifeste de groupes terroristes. Cela est bien connu », informe le chef d’Etat-major.
Est-il envisagé de poursuivre les assaillants qui franchissent les frontières ?
Le lendemain de l’attaque de Nassoumbou, le Président Ibrahim Boubacar Keita, de retour d’Abuja où il a pris part au sommet de la CEDEAO avait indiqué qu’« aucun article juridique » ne mettra à mal la collaboration des pays du G5 Sahel pour venir à bout du terrorisme. « Dans le cadre du G5 Sahel, des réunions périodiques ont déjà mis en évidence la nécessité d’élaborer des accords pour autoriser le droit de poursuite de part et d’autre des frontières », informe le général Zagré.
Une procédure qui devrait s’accélérer pour faire place à un accord inter-Etats dès janvier 2017. Ce qui devrait aboutir à une prise de décision du comité ministériel « afin que le droit de poursuite soit une réalité ». Combinée à l’échange permanent d’informations, la procédure devrait permettre aux trois pays du G5 que sont le Niger, le Mali et le Burkina d’anticiper et de s’épauler mutuellement en cas d’attaques pour mettre la main sur les assaillants.
Oui Koueta
Burkina24
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