Allaitement maternel : « Mes seins appartiennent d’abord à mes enfants »

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Le lait maternel est l’aliment le plus complet qui soit pour le bébé jusqu’à l’âge de 6 mois. Aucun autre produit n’est aussi économique et ne peut fournir les mêmes avantages sur la santé des nourrissons. Paroles d’experts ! Mais, beaucoup de Burkinabè semblent toujours l’ignorer. Du milieu des sages-femmes aux mères en passant par les jeunes filles, Burkina 24 est parti à la rencontre d’acteurs clés des bonnes pratiques en matière d’allaitement maternel.

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Les 1.000 jours cruciaux de la vie contribuent à réduire la mortalité infanto-juvénile. Honorine P. O.*, Sage-femme à Ouagadougou, le sait très bien. Elle donne des conseils aux autres femmes qu’elle consulte tous les jours allant dans ce sens.

Une sage-femme n’était pas convaincue des bienfaits de l’allaitement maternel…

« Allaiter comporte de nombreux bienfaits pour l’enfant sur le plan tant physique qu’affectif. La mère tire également certains bénéfices de l’allaitement maternel. La période d’avant-grossesse, l’allaitement maternel exclusif sans eau, sans tisane ni biberon (pour enfants de 0 à 6 mois) et l’alimentation maternelle (enfants de 6 à 23 mois) sont très importants », reconnaît-elle.

Mais une* de ses collègues, confie la sage-femme, n’était pas convaincue des bienfaits notamment de l’allaitement maternel exclusif. Dans les débats, sa collaboratrice évoquerait à plusieurs reprises les purges et les gavages comme moyen de purification pratiqué autrefois notamment par les femmes africaines.

A l’en croire, c’est au fur et à mesure que sa collègue a pris conscience que certaines pratiques ancestrales comportent des défauts et des limites. Honorine propose de continuer à mettre l’accent sur les sensibilisations.

Une visite au Centre médical protestant Schiphra de Ouagadougou.

« Avoir les seins tombés peut signifier qu’on est une femme non-libre »

Pour savoir davantage sur les sensibilisations faites dans les formations sanitaires du pays, le mercredi 15 mars 2017, nous étions à la maternité de Pogbi, de Paul V et au Centre médical protestant Schiphra à Ouagadougou.

Les responsables administratifs demandent une autorisation officielle. Mais, des femmes allaitantes et des jeunes filles se sont prêtées à nos questions. Toutes, sans détours, semblent être conscientes des bienfaits de l’allaitement maternel.

« Je suis mariée. J’ai deux enfants. Je suis venue ici pour voir le docteur. On m’a donné un rendez-vous pour la pesée. Mon dernier enfant a 9 mois. Je travaille dans l’immobilier. J’ai allaité mon premier fils pendant deux ans sans souci. Et je compte faire ainsi pour son petit frère. C’est en fait grâce aux conseils d’une amie que j’ai compris vraiment les choses. Quand j’étais encore plus jeune, les gens racontaient qu’allaiter fait tomber les seins. On m’a même dit que, comme je suis un peu sensible-là, quand j’allaiterai mon bébé, j’aurai des nausées, que je serai gelée. C’est après que j’ai pu mesurer les choses et me rendre compte qu’effectivement, certains avaient raison. Mais, j’ai pu également savoir que tant que ça ne me fait rien de grave, je préfère que mes enfants soient bien nourris, bien portants. Une femme qui a pu porter une grossesse pendant neuf mois et accoucher, ce n’est pas l’allaitement qui devrait encore l’effrayer. D’ailleurs, avoir les seins tombés peut signifier qu’on est quand même génitrice, responsable dans la société, pourquoi pas, une femme non-libre », confie M.V.F*, frisant la trentaine.

Juliette Sanou, pour sa part, malgré son jeune âge, dit être convaincue des avantages de la tétée pour l’enfant. Elle a 19 ans et prépare son baccalauréat. Nous l’avons rencontrée au parking du centre médical Schiphra. Elle revenait de l’école.

A la faveur de son aimable collaboration, nous avons pu lui arracher quelques mots. Elle souhaite de tout vœu qu’il y ait des leçons sur ces questions dans les classes. « Si vous remarquez, il n’y a pratiquement pas de cours sur comment se préparer à devenir femme, comment faire pour éviter les grossesses non-désirées, comment gérer sa famille et sa vie de couple, quelles sont les bonnes pratiques en tant que mère, etc. », implore-t-elle.

Juliette est persuadée que l’on lui demanderait « et les garçons ? ». Sa réponse : « Comment gérer sa famille ? un mari exemplaire, c’est qui ? comment peut-on s’entraider dans un couple ? sont autant de questions qui peuvent intéresser les garçons comme les filles. Pour ce qui est de l’allaitement, moi, mon choix est déjà fait en tout cas. Mes seins appartiennent d’abord à mes enfants. Quand je serai mariée, je pense qu’il ne devrait pas y avoir de problème sur ce plan avec mon mari ».

Protection du bébé contre les infections…

Message de sensibilisation vu dans une maternité.

Après ces séances d’entretiens, il faut retenir qu’il y a encore urgence de poursuivre les sensibilisations. Les messages de sensibilisations affichés dans les centres de santé sont bons mais pas forcément suffisants si des sages-femmes ne sont toujours pas convaincues des bienfaits de l’allaitement maternel.

La tétée est même considérée par les spécialistes comme l’un des meilleurs investissements en matière de protection de l’environnement. Car le lait maternel se digère mieux et plus vite que le lait en poudre.

Il est tout à fait adapté au système digestif de l’enfant. Le lait maternel protège le bébé contre les infections, contient de nombreux facteurs de protection qui aident le bébé à mieux se défendre contre certaines infections, même quelques mois après le sevrage (NDLR : Après 24 mois).

Il faut savoir aussi que le sport ne pose aucun problème à l’allaitement. Il est démontré que l’exercice physique n’a pas d’effet négatif sur la qualité ni la quantité du lait maternel et donc sur la croissance de l’enfant, mais certains aliments ou boissons sont à éviter pendant l’allaitement.

Parallèlement, en plus d’une protection contre le cancer du sein, l’allaitement maternel exclusif procure de nombreux avantages aux mères : facilite la perte de poids après l’accouchement, réduit le risque d’anémie par manque de fer dû au retardement du retour des menstruations, retarde le retour des menstruations, facilite la relaxation par la sécrétion hormonale et s’avère écologique, car il ne produit aucun déchet.

Pour bref rappel, il faut savoir que l’allaitement maternel, joie ou contrainte du maternage, est une préoccupation internationale de santé publique. Plusieurs structures et ONG nationales et internationales intervenant au Burkina Faso dont Alive & Thrive en font leur cheval de bataille.

(*Pour des raisons évidentes, certaines identités n’ont pas été dévoilées)

Noufou KINDO

Burkina 24

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Noufou KINDO

@noufou_kindo s'intéresse aux questions liées au développement inclusif et durable. Il parle Population et Développement.

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