Tribune – Situation nationale : « Je suis obligé de parler… »
Dans cette analyse, Ousmane Djiguemdé fait le diagnostic de la situation nationale.
Depuis la prise de pouvoir des RSS, j’ai été le seul à leur dire que le problème du Burkina Faso n’est pas économique. Donc, ce n’était pas d’économistes ou de banquiers que le pays avait besoin pour se remettre sur les rails, mais simplement de personnalités qui le comprennent, qui comprennent la nature de notre vivre-ensemble, de ses écueils, de qui les y a placés, pourquoi et comment en sortir ? Je n’ai jamais été écouté. En lieu et place, on a eu d’autres solutions qui se révèlent aujourd’hui des problèmes.
Le problème du Burkina Faso n’a jamais été économique, sinon on n’aurait pas bradé 1546 véhicules pour en acquérir 1700 autres dans un contexte que tout le monde trouve difficile. Le problème du Burkina Faso est un problème social, amplifié surtout par une très mauvaise distribution spatio-temporelle quantitative et qualitative des investissements et interventions publics.
C’est donc un problème de management public qui a endommagé le tissu social, pas de façon irréversible certes, mais très profondément. Ce qui explique que malgré ses compétences et la pertinence de son projet politique, Zéphirin Diabré ne peut jamais être président si le vivre-ensemble burkinabè n’est pas refondé (comprenne qui pourra !). Ce qui explique aussi que le MPP sortira toujours victorieux de toute élection, même d’un quelconque référendum, malgré toutes les récriminations contre lui, mais sans aucune légitimité, si le vivre-ensemble n’est pas réformé. Il y a plein d’exemples comme cela.
Malheureusement, au moment de donner la réponse juste, à travers la nouvelle constitution, les RSS se sont limités à y transposer leur guéguerre sous la forme de tiraillements entre défenseurs de régime présidentiel et régime parlementaire, pour nous sortir finalement un torchon constitutionnel qui va anéantir le reste encore fragile du tissu social, puisqu’il ne favorise pas l’émergence et la promotion d’un managérialisme conséquent, à la hauteur des défis de ce pays, pour prendre en charge de façon pertinente et efficace la gestion des affaires publiques.
La fin pour bientôt ?
Dans un contexte où leurs enfants gâtés, les magistrats, les abandonnent dans un nième combat inutile, sans avoir manifesté le moindre début de manifestation de redevabilité à la hauteur des acquis offerts par le peuple, à travers la main généreuse des RSS, ils viennent nous rappeler avec fracas que le problème du Burkina Faso est social certes, mais avec une très forte dominance de déficit de redevabilité. L’attitude des magistrats l’illustre à souhait, mais ce n’est pas à eux la faute.
La faute est imputable à l’aile dure du régime Compaoré, formée à l’époque par les RSS avec à leur tête Roch Marc Christian Kaboré, actuel président du Faso, qui a travaillé à façonner un ensemble systémique de construits sociaux, techniques, économiques et technologiques de la redevabilité politique et administrative qui les met à l’abri de tout danger.
La preuve nous a été violemment donnée avec l’affaire de la Haute Cour de Justice, mais aussi dans les comptes rendus des récents conseils des ministres, à travers le bradage de 1546 véhicules et l’achat de 1700 autres, dans un contexte assez difficile où les priorités sont ailleurs. Attendons de voir les attributaires des marchés pour savoir si le pays de destination de dame Congo, qui rejoint Huawei à Taiwan, n’en est pas le plus gros bénéficiaire. Heureusement que le Ren-Lac a ouvert les yeux dans ses dernières sorties pour comprendre que la corruption des élites politiques peut aussi être décelée dans une bonne évaluation des politiques qu’elles mettent en œuvre et se cacher dans les dons.
Le Burkina Faso et les RSS ne sont pas pour autant condamnés. Encore faut-il que ces derniers aient la lucidité et l’intelligence nécessaires pour déceler la solution qui leur échappe tant, par déficit de sincérité et de volonté politiques ! Gbagbo en a fait les frais à une certaine époque, Alassane Dramane Ouattara en paie le prix fort aujourd’hui et les RSS s’engluent dans leur propre gel.
Il le faut, il faut qu’ils soient assez humbles pour approcher ceux qui peuvent les aider à désamorcer les bombes qu’ils ont placées avec Blaise Compaoré, avant qu’il ne soit trop tard pour eux et pour nous, comme dans le cas du « diable » qu’ils ont chassé en utilisant notre naïveté et en endormant notre conscience.
Que Dieu guide et sauve les enfants du Faso !
Ousmane DJIGUEMDE
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !