Cinéma : «Frontières» brise les barrières et conquiert les Pays-Bas
«Frontières», le dernier film de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré a été projeté jeudi 19 août 2017, au ciné Rialto d’Amsterdam, à l’occasion de la 8è édition du «World cinema Amsterdam», le festival du cinéma mondial de la cité qui se déroule du 17 au 26 août prochain.
«C’est un magnifique film. Il montre à la fois le combat quotidien des femmes africaines mais aussi l’espoir que ces femmes portent sur l’avenir du continent», s’est exclamée Maria Klein, une jeune amsterdamoise de 24 ans.
Conquis par le film, le public du ciné Rialto que l’on dit froid a applaudi à tout rompre à la fin de la projection de «Frontières» ce jeudi soir.
«J’ai été très content de voir ce film burkinabè. Pour moi qui ai vécu au Burkina, c’est une grande joie. Je revois les femmes très travailleuses, très intrépides, très combattantes du Burkina. J’ai aussi revu les paysages du pays parce que j’ai pu aller à l’intérieur du Burkina Faso quand j’y étais», s’est félicité de son côté, Ernst Noorman, le dernier ambassadeur des Pays-Bas ayant résidé à Ouagadougou.
Parti depuis au Suriname entre la République de Guyana et la Guyane française, M. Noorman qui regrette toujours la fermeture de l’ambassade de son pays en 2013 à la suite des restrictions budgétaires, garde d’excellents souvenirs de son séjour au «pays des hommes intègres». Il continue d’ailleurs d’entretenir de bons rapports avec des Burkinabè de tout bord notamment du monde de la culture comme la chorégraphe Irène Tassembédo.
«Le cinéma burkinabè, la culture burkinabè de façon générale est très riche et est l’une des plus vivaces du continent», s’est réjoui le diplomate, revenu depuis peu à La Haye, à la centrale, comme haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères.
Apolline Traoré, la réalisatrice burkinabè invitée à ce festival était bien heureuse que son film ait traversé les frontières pour conquérir des cinéphiles d’autres contrées du monde notamment à Amsterdam.
«C’est un petit public -au regard de la capacité de la salle- mais très convivial. Ce film après avoir un peu galéré commence le tour des festivals. Nous sommes ici mais ce jeudi 24 août 2017 nous écourterons notre séjour. Nous devons nous rendre en France pour le festival d’Angoulême où le film sera cette fois-ci en compétition», a indiqué la réalisatrice se félicitant de représenter le Burkina Faso à cette 8é édition du «World cinema Amsterdam», le festival mondial du cinéma d’Amsterdam.
La jeune réalisatrice qui se rend au 10è Festival du film francophone d’Angoulême prévu du 22 au 27 août sera ensuite au Maroc pour un autre festival.
Au total quarante-six films documentaires, longs et courts métrages sont à l’affiche de cette 8è édition de ce festival réservé exclusivement aux films d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du sud. Ce festival décerne deux prix : un prix du public obtenu grâce aux votes des cinéphiles et un prix du jury. Tous sont dotés de 5000 euros.
Les organisateurs se font l’honneur d’afficher des œuvres qui ont fait autorité dans les festivals de ces régions du monde. Le jury de cette 8è édition est composé exclusivement de trois femmes dont la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré, la cubaine Gretel Marin Palacio et la chilienne Dominga Sotomayor.
«Frontières» qui a raflé plusieurs prix au dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) dont celui de l’Intégration africaine octroyé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le prix Félix-Houphouët-Boigny du Conseil de l’Entente (Burkina, Côte d’Ivoire, Togo, Niger, Bénin), raflant au passage 20 millions de F CFA (30.000 euros) équivalent de l’Etalon d’or de Yennenga est à l’affiche au «World cinema Amsterdam» avec «Félicités» de Alain Gomis, double lauréat de l’Etalon d’or de Yennenga et «Zin’aariya», prix de la meilleure image du Fespaco, de la réalisatrice nigérienne Ramatou Keïta.
«Frontière» qui ne figure pas parmi les neuf films qui seront primés par le jury a été sélectionné pour le prix du public.
«Nous essayons de faire venir les meilleurs films d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du sud parce que c’est là qu’il y a encore de l’originalité dans la création cinématographique. Il y a des histoires humaines à raconter dans ces contrées du monde. Nous essayons de faire en sorte que le public néerlandais voit non seulement ces créations qu’ils méconnaissent mais aussi rencontre les réalisateurs, les artistes qui font ce nouveau cinéma», a déclaré le directeur du festival, Raymond Walravens.
«Les distributeurs, les exploitants de salles en Europe notamment ici aux Pays-Bas ne se tournent pas forcément vers ce cinéma des pays du sud. Notre ambition c’est de faire venir ces œuvres titanesques et leurs auteurs pour les mettre en contact avec ces distributeurs afin que le marché européen s’élargisse et que le public ait accès à d’autres créations cinématographiques autres que les films à gros budgets d’Europe et d’Hollywood qui inondent nos écrans et nos salles» de cinéma, a indiqué M. Walravens.
Présent aux deux dernières éditions du Fespaco, le directeur du World cinema d’Amsterdam pense savoir que le cinéma africain est en pleine révolution et que la production est de plus en plus de qualité.
Longuement applaudi avant et après la projection du film, la jeune réalisatrice a expliqué au public comment elle qui n’avait pas connaissance des difficultés pour les traversées des frontières dans les pays d’Afrique de l’ouest a été amenée à faire un film qui pointe du doigt le calvaire de nombreux citoyens d’Afrique lorsqu’ils veulent aller d’un pays à un autre. Au-delà des problèmes d’intégration régionale, c’est aussi le travail de la femme africaine et la promotion de la culture africaine à travers sa richesse linguistique qu’elle a voulu marqué, a-t-elle expliqué.
«Frontières» est un long-métrage, qui met en scène quatre femmes traversant l’Afrique de l’ouest du Sénégal au Nigeria en passant par le Mali, le Burkina Faso et le Bénin affrontant toutes sortes de difficultés (racket, accidents, vol, viol, assassinat, pauvreté). Film d’ouverture du 25e Fespaco, il met en rôle quatre actrices débutantes et confirmées notamment Amélie Mbaye (Sénégal), Naki Sy Savané (Côte d’Ivoire), Adizètou Sidi (Burkina Faso) et Unwana Udobang (Nigeria).
C’est un hymne à la femme, au combat de la femme africaine qui bouscule beaucoup de barrières au propre comme au figuré pour faire avancer sa cause et celle de la communauté.
Romaric Ollo Hien
Conseiller de Presse à l’Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles
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