Bachir Ismaël Ouédraogo : « C’est l’entreprenariat qui va permettre à la jeunesse de s’en sortir »
Le Secrétaire national de la jeunesse du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, était dans les locaux de Burkina 24 le mercredi 27 septembre 2017 pour s’entretenir sur la prochaine convention des jeunes dudit parti. Dr Ismaël Bachir Ouédraogo, expert de formation en économie des énergies renouvelables est également député à l’Assemblée nationale. Il revient dans cet entretien, sur les objectifs de cette convention qui se tient les 6 et 7 octobre 2017 à Ouagadougou et les principales revendications de la jeunesse de son parti.
Burkina 24 (B24) : En tant que secrétaire national chargé des jeunes du MPP, comment vous sentez-vous dans ce poste ?
Ismaël Bachir Ouédraogo (I.B.O) : Un poste politique, c’est beaucoup de responsabilités. Il y a beaucoup d’attentes. Il faut non seulement être à la hauteur, mais il faut arriver à répondre aux attentes de la jeunesse. Et vous imaginez, plus de 75% de la population burkinabè est jeune et vous avez encore les difficultés en termes d’emplois au niveau de la jeunesse, c’est une lourde responsabilité.
C’est une tâche que nous avons prise. Nous essayons de répondre aux aspirations de la jeunesse en général. J’aime à le dire, si ça va bien pour la jeunesse du Burkina Faso, ça va bien pour la jeunesse du MPP. Si ça va mal pour la jeunesse du Burkina, ça va mal pour la jeunesse du MPP. L’objectif, c’est d’apporter notre modeste contribution à ce que les choses puissent aller de l’avant pour la jeunesse et pour notre génération.
B24 : Vous préparez la convention des jeunes du MPP. Quels sont les objectifs visés ?
I.B.O : Le thème même de la convention est parlant : « L’employabilité de la jeunesse par l’auto-emploi, quelle contribution de la jeunesse du MPP ». Nous mettons l’accent sur l’employabilité des jeunes et aussi par l’auto-emploi et quelle contribution nous, jeunes du MPP, nous pouvons avoir par rapport à cela.
Aujourd’hui, la difficulté majeure des jeunes n’est rien d’autre que la recherche de l’emploi et on s’est dit qu’en tant que jeunes du MPP, ce n’est pas seulement d’avoir contribué à élire le président Roch Kaboré, mais c’est de voir quelle contribution nous pouvons faire au gouvernement pour aider Roch (Kaboré) à accomplir sa mission. D’autant plus qu’on est jeune, nous savons les réalités qui sont les nôtres et nous ne devons pas croiser les bras.
L’objectif de la convention, c’est de faire un bilan à mi-parcours pour voir ce qui a été fait, quelles sont les difficultés que nous rencontrons et comment faire aussi pour recadrer ce qui est moins bien. Nous allons avoir les représentants de nos bureaux qui sont dans les 45 provinces. Il y aura les délégués des 55 secteurs et des 6 communes rurales de Ouaga. Tous les membres du bureau politique seront automatiquement avec nous et nous allons réfléchir ensemble pour voir comment nous allons donc juguler toutes les difficultés que nous rencontrons jusqu’à présent.
Nous avons éclaté le thème en 7 sous-thèmes. Nous avons la vision de la jeunesse, quel va être le rôle et la place de la jeunesse dans le parti les années à venir et le défi qui s’offre à nous. Aussi, nous allons regarder l’entreprenariat des jeunes. Aujourd’hui, nous avons la profonde conviction que c’est l’entreprenariat qui va permettre à la jeunesse de pouvoir s’en sortir. Nous allons regarder aussi les emplois porteurs. Aujourd’hui, le véritable problème c’est l’offre et la demande dans le milieu de l’emploi.
B24 : A propos des emplois porteurs, à quels domaines faites-vous allusion ?
I.B.O : Prenez des filières comme les énergies renouvelables, l’agriculture, l’élevage. Vous vous imaginez, un kilo de viande sur le marché international coûte autour de 2.000 f – 2.300f. Si au Burkina nous convertissons les millions de têtes de nos animaux en kilos de viande, en peaux, en fumier, nous y gagnerons. Malheureusement, nous exportons sur pieds et finalement nous perdons beaucoup.
B24 : Vous avez parlé d’entreprenariat, que ce soit sous Blaise Compaoré, la Transition ou Roch Kaboré, de l’argent a été octroyé aux jeunes mais l’impact de ces financements n’est pas visible. Au niveau du MPP, pensez-vous qu’on doit renouveler à chaque fois le financement que l’Etat octroie aux jeunes ?
I.B.O : Il faut qu’on fasse un bilan pour savoir combien d’emplois ont été créés avec les milliards que nous avons investis. Et aussi, voir réellement le type de financement que nous avons. Est-ce que c’est porteur ? C’est pour cela que nous organisons cette convention. Vous allez voir que l’entreprenariat et le type de financement sont au cœur de notre convention. Nous avons un sous-thème spécialement pour cela.
Nous allons discuter pour voir si les différents fonds que nous avons au niveau du Burkina répondent vraiment aux besoins de la jeunesse. Est-ce que les milliards qui sont investis dans ces fonds produisent effectivement les emplois escomptés ? Il faut que nous puissions avoir des statistiques à ce niveau parce que, un franc qui est investi doit permettre à ce que nous puissions employer d’autres personnes. C’est ce qui va donner la plus-value.
Il faut savoir qu’en matière d’économie, quand vous investissez et que vous n’êtes pas en mesure de rentabiliser, c’est une perte sèche. Si vous continuez d’année en année d’avoir de pertes sèches, à un moment donné, on sera coincé. L’objectif de la convention, c’est de regarder si le type de financement que nous avons est porteur et voir comment recadrer.
Notre objectif est que Roch Marc Christian Kaboré puisse être réélu en 2020 et pour qu’il soit réélu, il faut qu’il ait un bilan. Si nous voyons qu’il y a des choses qui ne marchent pas bien, nous avons l’obligation de pouvoir le dénoncer, de le dire pour qu’on puisse recadrer.
B24 : Presque 2 ans de mandat, est-ce que la jeunesse du MPP a déjà identifié des problèmes à soumettre au chef de l’Etat avant la fin de mandat ?
I.B.O : Oui, nous sommes jeunes et le problème sérieux de la jeunesse, c’est l’éducation et l’emploi. Nous pensons qu’il faut revoir le système éducatif. Le système francophone tel que nous l’employons, on a un véritable problème avec. Il faut regarder vers le système anglo-saxon qui a montré ses preuves. Cette éducation anglo-saxonne pousse les gens à aller vers l’entreprenariat. L’entreprenariat, il faut l’intégrer dès la base, dès le jeune âge. Ce n’est pas après la maîtrise que les mécanismes vont commencer. Il faut dès le bas âge que nous puissions inculquer cela à la jeunesse.
Aujourd’hui, le problème du Burkina Faso, ce n’est pas un problème de capital humain, parce que nous avons des Burkinabè qui sont valeureux. Regardez en Côte d’Ivoire, au Ghana. Ce sont nos frères burkinabè qui sont allés développer ces pays. Mais pourquoi ici on ne peut pas utiliser ce capital humain, ce peuple travailleur que nous avons ? C’est pourquoi nous avons mis l’éducation et la formation professionnalisante au cœur de notre convention. Il faut que la technologie puisse rentrer dans l’éducation.
B24 : Lors de cette convention, pourrait-on s’attendre à des revendications de la jeunesse du parti quant à sa participation à la gestion du pouvoir de l’Etat ?
I.B.O : Avec les jeunes, il faut s’entendre à tout. Aussi, on va faire le bilan, la place de la jeunesse dans la gestion du pouvoir parce que demain se prépare maintenant. Nous allons regarder si les jeunes sont à des postes de responsabilité et si ce n’est pas fait, nous allons faire ce plaidoyer. Ça aussi, c’est notre rôle et c’est notre responsabilité de faire le plaidoyer pour que les jeunes puissent être responsabilisés.
Nous allons attendre la convention pour voir et avoir le feed-back de nos camarades et nous allons porter ces recommandations et faire de telle sorte que ces recommandations puissent avoir un écho au niveau du gouvernement, du chef de l’Etat et des premiers responsables de notre parti.
B24 : Comment se porte le MPP après le décès de Salifou Diallo ?
I.B.O : Dire que n’avons pas reçu un coup au niveau du parti, ce n’est pas honnête. Quand on perd une personne de la trempe de Salif Diallo, nécessairement, c’est difficile et étant le président du parti, c’est encore plus difficile pour nous. Mais vous savez que le leader historique au niveau du MPP a toujours été le président Roch Marc Kaboré. Il a toujours été le leader charismatique de notre parti et le parti était organisé autour de lui.
Nous avons la chance d’avoir aussi le camarade vice-président Simon Compaoré. C’était ces trois qui étaient les leaders du MPP. Je pense qu’avec l’expérience qu’ils ont, le bureau exécutif s’est rapidement réuni sous la direction du président qui a donné un certain nombre de directives. Le parti s’est réorganisé. C’est vrai que nous ne pouvons pas trouver quelqu’un qui va remplacer le président (Salifou Diallo), mais chacun de nous a une responsabilité. Le fardeau qui était sur le dos de Salifou Diallo, chacun de nous prendra une partie.
Interview réalisée par Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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