Situation nationale : L’horloge de la Justice doit être à l’heure du peuple
Un général accusé de haute trahison bénéficie d’une liberté provisoire. Ses partisans jubilent. Les insurgés sont mécontents et sortent les griffes. La « Justice » se défend et crie à la calomnie. Le tout, dans une atmosphère marquée par le sillage de flèches enflammées, au-dessus d’une situation nationale aux allures de poudre explosive.
Le tort de la Justice militaire
Lorsque la Justice militaire laisse un vide dans la communication, les rumeurs, les interprétations et les … calomnies ne peuvent que l’occuper. Si ce n’est pas à cause de ces prétendues diffamations, le tribunal militaire a-t-il fait un quelconque communiqué sur cette liberté provisoire accordée à Djibrill Bassolé ?
Et ce n’est pas le seul cas. Des libertés provisoires ont été concédées à de nombreux autres prévenus dans le dossier du putsch. Le juge militaire les a-t-il seulement expliquées aux Burkinabè ? La justice ou peut-être l’armée n’aime pas le bruit, mais dans ce cas précis, il s’agit d’un sujet qui engage la nation entière. N’était-il pas plus indiqué d’expliquer les étapes de la procédure à l’opinion nationale ?
Il ne faudrait pas oublier que les Burkinabè ont perdu confiance en leur Justice. Si celle-ci a décidé de s’affirmer et de se corriger, il lui faut agir dans ce cas avec plus de transparence, expliquer son mode de fonctionnement et son raisonnement. Il lui faut s’adapter au contexte. Le cas échéant, même sa décision la plus logique sera mal interprétée, avec des conséquences dommageables pour le climat social.
Avoir le triomphe modeste
De l’autre côté, les partisans de Djibrill Bassolé jubilent. Un comportement qui pourrait un tantinet choquer l’opinion nationale. Le Général bénéficie de la présomption d’innocence, certes.
Ses droits doivent être respectés devant la Justice. Mais il faudrait éviter de crier de joie pour une liberté provisoire accordée. Elle ne signifie nullement que le mis en cause a été blanchi et qu’il a été jugé. Le faire pourrait être interprété comme un mépris pour la mémoire des personnes mortes lors de ce putsch. Ce qui n’a nullement une bonne retombée pour l’image de leur champion.
Quant à l’insistance pour qu’il aille se soigner hors du pays, on comprend cette nécessité d’ordre humain. Mais quelle garantie donne-t-on qu’il ne prendra pas la poudre d’escampette une fois loin des frontières du Burkina ? Son honneur et sa dignité ? Les questions restent posées.
Respect ou pas des principes républicains ?
Enfin, la colère des insurgés ou de ceux qui se réclament comme tel, exposée ou vécue intérieurement, est compréhensible. Ils suivent sans comprendre le raisonnement d’une Justice dont ils sont convaincus qu’une main politique ou sournoise change les rouages. A leur détriment. La liberté provisoire à Bassolé est donc la goutte de trop.
Mais la forme de la réaction semble diviser. Faut-il revenir au temps de Blaise Compaoré et faire fi des règles institutionnelles en marchant et en réclamant ou alors faut-il s’en tenir à la volonté de construction d’un nouvel ordre étatique, respectueux des principes républicains ?
Voilà le dilemme qui fait que les insurgés sont partagés, au point de s’attaquer entre eux, les « actifs » allant jusqu’à accuser les « passifs » de complicité, pendant que ces derniers qualifient les premiers de violeurs des règles étatiques. Sans compter la mauvaise publicité de présumée corruption qui pèse sur certaines organisations de la société civile et qu’utilisent sans vergogne leurs adversaires.
Ce qu’il faut ?
La conséquence de tout ceci, c’est que l’on fonce vers une mise en danger réelle de la paix sociale, dans un véritable capharnaüm où l’on ne sait qui est contre qui et qui est avec qui. Le mieux alors, pour décanter tout ceci, c’est que le procès du putsch de septembre 2015 s’ouvre au plus vite.
Que la vérité se manifeste le plus limpidement et équitablement possible afin que le Burkina ferme ce chapitre, véritable grenade pour la paix sociale.
La Rédaction
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