Saison agricole 2018-2019 : Entre tensions et inquiétudes
La Chambre nationale d’agriculture (CNA) qui est chargée d’« initier et/ou contribuer à la formation et à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des projets et programmes » au profit des agriculteurs s’inquiète de la crise au ministère de l’agriculture en ce début de campagne agricole humide.
Il ressort d’une étude diagnostique datant de 2016 que la CNA et ses démembrements dont la constitution des membres va du village jusqu’au niveau national en passant par la commune, la province et la région, « assure difficilement » son rôle au profit des agriculteurs. Des difficultés qui freinent l’ambition des chambres consulaires d’« être véritablement l’interface entre le pouvoir public et les producteurs du monde rural ».
A ces difficultés constatées au niveau des instances déconcentrées de la structure s’ajoutent les revendications des agents du ministère de l’agriculture et des aménagements hydrauliques. Le Syndicat national des travailleurs de l’agriculture (SYNATRAG) a observé une grève de 48 heures les 17 et 18 mai 2018 pour réclamer une satisfaction de sa plateforme minimale déposée le 30 avril.
Au sortir du mouvement, le syndicat prévoit une série d’activités pour amener les autorités à résoudre les problèmes posés. Au cas contraire, avait prévenu Richard André Somé, secrétaire général du syndicat, le SYNATRAG adopterait « d’autres stratégies pour pousser (les autorités) à trouver des solutions aux préoccupations mais pour lesquelles aucune action concrète n’a été posée ».
Moussa Koné, président de la chambre nationale d’agriculture a indiqué ce samedi 2 juin 2018 avoir rencontré « rien que la semaine dernière le premier responsable pour comprendre, parce que les acteurs sont préoccupés ». « Inquiets », les membres du bureau exécutif de la CNA disent être également « prêts à rencontrer » l’autre partie qu’est le syndicat. La situation l’exige selon son premier responsable. L’apport des techniciens du ministère de l’agriculture, il le mesure à sa juste valeur.
« Surtout l’encadrement », note Moussa Koné. « Nous sommes aujourd’hui dans une situation où on a peur. Si on ne trouve pas un dénouement dans les jours à venir, le déficit céréalier que nous avons constaté l’année passée sera pire. Il sera vraiment pire », s’inquiète le président de la chambre nationale d’agriculture. Car les agriculteurs ont « besoin d’eux sur le terrain » notamment parce que « la campagne ne saurait être hypothéquée par une crise au sein du ministère ».
Le souhait de la chambre nationale d’agriculture, déclinent les membres du bureau exécutif, c’est de faire de telle sorte que la campagne agricole ne soit pas que humide. Pour son président, « il est inconcevable aujourd’hui que le cultivateur ne travaille seulement que trois à quatre mois dans l’année ».
« C’est juste une volonté politique des gouvernants et de leurs techniciens »
« L’idéal pour l’Etat, propose Moussa Traoré, président de la Chambre régionale des Hauts-Bassins, c’est d’aller chercher de l’eau sous la terre comme ils sont allés chercher l’or pour le mettre à la disposition de l’agriculture ». Il déplore que l’agriculteur travaille moins de cinq mois dans l’année pour ne vivre que du fruit de cette production pendant tout le reste de l’année.
« Là où il y a l’or, on peut courir vite aller là-bas chercher », observe cet agriculteur qui s’étonne que ce ne soit pas le cas pour aller puiser l’eau depuis « la nappe la plus importante du Burkina » pour les besoins de l’agriculture. Avec « 90% de notre système agricole (qui) est pluviale » contre seulement « 5% qui est technique irriguée », « c’est très marginal » comme situation, dépeint Moussa Koné qui insiste sur la nécessité « à inverser cette tendance ».
Aboubacar Tarnagda, de la chambre régionale d’agriculture du Centre-Est indexe quant à lui l’absence de volonté politique. Pour illustration, il a pris l’exemple du Maroc où il pense savoir que qualitativement et quantitativement, il pleut moins qu’au Burkina Faso. Malgré cela, dit-il, « ils arrivent à s’en sortir, n’ont pas aussi un problème d’insécurité alimentaire comme au Burkina. C’est juste une volonté politique des gouvernants du pays et de leurs techniciens. Il faut vraiment une bonne politique gouvernementale qui puisse nous accompagner pour qu’on puisse faire face ».
Oui Koueta
Burkina24
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