Abdoul Ouédraogo, étudiant à Taïwan : « C’est l’incertitude totale »

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Abdoul Mouhaimini Ouédraogo est  étudiant en première année de doctorat en computer science à National Chiao Tung University, en République de Chine Taïwan. Dans cette interview accordée via mail le 5 juin 2018, il donne son avis personnel sur la rupture « brusque » intervenue entre le Burkina et Taïwan ainsi que ses conséquences sur la vie des étudiants burkinabè dans ce pays.

B24 : Depuis quand êtes-vous à Taïwan ?

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Abdoul Mouhaimini OUEDRAOGO (A.M.O) :  : Je suis arrivé à Taiwan en 2014. Après une année d’apprentissage de la  langue chinoise, j’ai obtenu un Master en Management de l’information en 2017.

B24 : Quel est le climat au sein de la communauté burkinabè depuis la rupture des relations avec Taïwan ?

A.M.O : Avant tout propos, j’aimerais préciser que toutes les idées /réponses dans  cet interview sont d’une opinion personnelle du moment où les avis sont partagés sur ce sujet.

Parlant du climat au sein de notre communauté, je dirai qu’il y a la peur et l’incertitude qui se sont installées depuis la rupture des relations avec l’île de Formose.

B24 : Étiez-vous informés à l’avance de cette rupture ?

A.M.O : Pas du tout. Personnellement je n’ai pas vu cette situation venir et la majorité de notre communauté ne vous dira pas le contraire. Je pense qu’en mi-mai, on a tous suivi les rumeurs d’une éventuelle rupture avec Taiwan.

Personnellement, j’ai approché notre ambassade sur place et l’ambassade de Taiwan au Burkina, mais les deux  parties ont affirmé que c’était une rumeur et qu’il n’y avait pas une annonce ou un décret officiel sur ledit sujet.

B24 : Aviez-vous des prémices de cette rupture ?

A.M.O : Comme je l’avais mentionné plus tôt, on n’a rien vu venir.

B24 : Le gouvernement a annoncé que des dispositions sont prises concernant les étudiants. Qu’en est-il sur le terrain ?

A.M.O: Nous avons aussi, par voie de presse, appris que les dispositions sont prises. Mais jusqu’à présent, nous sommes dans l’attente. C’est complètement l’incertitude totale au sein de la communauté estudiantine burkinabè à Taiwan. Pour l’heure, nous n’avons pas connaissance des mesures en question.

« Nous avons reçu des emails attestant que notre bourse sera suspendue à compter de ce mois de juin »

Je profite par ce canal attirer plus l’attention de notre gouvernement sur cette question. Présentement, il y a un manque de communication directe entre le gouvernement et les concernés (les étudiants). Depuis la rupture, nous nous informons aussi dans la presse. Je pense qu’une communication directe par le biais de l’ambassade avec les acteurs pourra rassurer plus d’un sur le futur.

B24 : Pourtant, il est prévu que vous rentriez plus tôt que prévu ?

A.M.O : Comme dit plus haut, nous ne sommes au courant de rien en termes de dispositions prises par notre gouvernement. Ceci étant, nous ne savons pas s’il est prévu que nous rentrions plus tôt que prévu. Aucune information sur cette question. Encore, nous demandons à notre gouvernement de nous situer sur la question, et le plus tôt serait mieux.

B24 : Quelles sont les conséquences sur vos études et votre carrière professionnelle de cette décision ?

A.M.O : Là encore il faudra attendre de connaître la décision prise ou encore la solution proposée pour en juger les conséquences de façon objective. Pour l’instant, je peux vous dire que sur environ 200 Burkinabè ici à Taiwan, bon nombre sont des étudiants.

Majoritairement boursiers du gouvernement taïwanais mais aussi avec un nombre important d’étudiants qui sont sous la charge de leur famille.

Vous comprenez aisément qu’avec la rupture des relations et par ricochet la rupture de la bourse, des changements auront lieu notamment au niveau des études. Et comme il n’y a pas de changement sans impact, il faut admettre qu’il y aura forcément des conséquences. Lesquelles ? Cela dépendra des mesures prises.

Les Taïwanais « se sentent trahis »

Nous étudions majoritairement dans les filières techniques afin d’apporter notre modeste contribution au développement de notre pays dans le futur. C’est ainsi que nous appelons nos autorités à avoir un penchant sur cette question en impliquant plus les acteurs pour prendre les mesures adéquates pour la situation qui prévaut actuellement.

Pour ce qui concerne les travailleurs et les étudiants qui opteront de rester à Taiwan, l’établissement des documents administratifs (passeport, légalisation, procuration, etc…) pourrait devenir un casse-tête chinois.

B24 : Que pensez-vous de cette rupture ? Est-ce une bonne affaire pour le Burkina ?

A.M.O : Il serait difficile pour moi de dire si cette rupture est une bonne affaire pour le Burkina ou le contraire. Tout ce que je retiens de cette rupture, c’est qu’elle a été brusque. C’était un grand choc pour le gouvernement taïwanais. Ils ont été surpris comme nous et se sentent trahis.

La nouvelle a été à la Une sur toutes les grandes chaînes télé tawanaises. Nous avons aussi reçu des messages de plusieurs amis taïwanais qui cherchaient à avoir de plus amples informations sur les raisons de la rupture.

B24 : Pensez-vous que le rétablissement des relations avec la Chine populaire a des avantages pour le Burkina ?

A.M.O : Quant aux avantages liés au  rétablissement des relations avec la Chine populaire, je pense qu’il est trop tôt pour se prononcer. Le temps nous le dira.

B24 : Que perd le Burkina en quittant Taïwan ?

A.M.O : La coopération entre les deux pays a duré des décennies. Cependant, au-delà des relations diplomatiques qu’entretenaient les deux pays, les deux peuples étaient devenus comme des frères. En outre, bonne décision ou pas, nous regrettons le fait d’avoir perdu un ami de longue date.

B24 : Un message particulier pour terminer cette interview ?

A.M.O : La rupture est déjà officielle, nous pensons que les décideurs ont minutieusement évalué les pour et les contre avant de l’annoncer. Cependant l’année scolaire tire vers la fin. Nous avons reçu des emails attestant que notre bourse sera suspendue à compter de ce mois de juin.

Nous traversons déjà un moment difficile. Nous demandons à notre gouvernement d’ouvrir une plateforme directe de discussions afin de faciliter le reste du processus. Nous ne voulons plus apprendre les nouvelles sur les réseaux sociaux qui souvent ne sont pas fondées.

Je remercie grandement votre chaîne pour cette opportunité offerte pour donner mon point de vue sur cette question.

Merci beaucoup.

Propos recueillis via mail par Abdou ZOURE

Burkina24

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Abdou ZOURE

Abdou Zouré, journaliste à Burkina24 de 2011 à 2021. Rédacteur en chef de Burkina24 de 2014 à 2021.

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