Burkina : Un pont pour aller à Djikoffè
Djikoffè n’a pas de pont digne de ce nom. Lorsqu’il pleut, venir ou quitter la localité devient un calvaire pour les habitants. Souvent au péril de leur vie.
Djikoffè a besoin d’un pont
Burkina24
6 août 2018. Dans l’après-midi, le ciel ouvre ses vannes sur Djikoffè. C’est un quartier non loti, logé dans l’écrin formé par les communes de Ouagadougou, Yamtenga et Saaba.
Le barrage de Yamtenga, situé à l’ouest du quartier, se remplit. Les flots déferlent sur le « chemin d’eau » à l’origine du nom de Djikoffè (« situé derrière l’eau », en dioula).
Emmanuel Nana, président de l’Association Namanengzanga, rencontré le 11 août dans la localité raconte. Deux ponts relient Djikoffè à Yamtenga. Ce jour-là, ils sont invisibles sous les courants. « L’eau est remontée jusqu’aux kiosques » situés sur l’une des rives, dit-il. Les passants sont bloqués de part et d’autre du pont. Des téméraires tentent de franchir l’obstacle aquatique. Trois personnes sont emportées. Deux jeunes de Djikoffè se jettent à l’eau. « Ils sont là tout le temps pour aider les gens à traverser », indique Emmanuel Nana.
Sauvé par Abel
Abel Zanré est l’un d’eux. De stature robuste, pas encore trentenaire, le jeune homme explique avoir vu un homme être traîné depuis le premier pont. C’est au niveau du deuxième qu’il lui parle. « Je lui ai dit de s’accrocher à un arbuste », se souvient-il. L’infortuné obéit et a la vie sauve. Les deux autres également.
Mais ce 6 août n’est pas extraordinaire pour les habitants de Djikoffè. C’est juste une journée de calvaire de plus. « Chaque fois qu’il pleut, c’est comme ça. Si la pluie te trouve dehors, tu ne peux pas rentrer chez toi. Si elle te trouve à la maison, tu ne peux pas aller au travail ». C’est en ces termes que Hermann Compaoré, rencontré toujours le 11 août 2018, décrit leur quotidien pluvieux.
Ponts de fortune
Sur le banc des accusés, les deux ponts qui relient le quartier à la capitale. Deux ponts de fortune. Le premier a été construit grâce aux efforts des habitants : quelques petits murs en briques sur lesquels est couchée une pellicule de ciment qui ressemble à une dalle. Le tout fendillé et blessé à plusieurs endroits. C’est le pont principal.
Il est cependant délaissé pour le second, construit en 2015 par un entrepreneur privé pour ses besoins. Mais ces deux traits d’union se confondent au lit du ruisseau lorsque la pluie enfle le barrage de Yamtenga.
Les regards se tournent désormais vers le ministère des infrastructures. Emmanuel Nana assure que le patron du département, Éric Bougouma, a déjà visité Djikoffè en personne. Des techniciens seraient ensuite venus « prendre des mesures ». « Mais depuis lors, on attend. Nous demandons au gouvernement de vraiment nous aider, car à Djikoffè ici, nous souffrons », termine-t-il.
Le service de communication du ministère a promis à Burkina24 une entrevue. Comme les habitants de Djikoffè, la rédaction attend aussi.
Abdou ZOURE
Burkina24
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