Procès du putsch : Mission, venir à bout de la « Radio de la résistance »
Le mardi 28 août 2018, l’audition du lieutenant Zagré Boureima s’est poursuivie. Les avocats de l’accusé qui bénéficie d’une liberté provisoire ont dénoncé un traitement inique dans la poursuite des présumés auteurs du coup d’Etat de septembre 2015. Pour preuve, avance un conseil, la police et la gendarmerie ont reçu le matériel en provenance du Togo, « mais c’est celui qui a apporté qui est poursuivi ». Ainsi, les avocats estiment « avoir l’impression qu’on ne recherche pas la vérité. On a l’impression qu’on poursuit ceux qu’on n’aime pas », expliquent-ils.
Le sergent Badoum Lamoussa a remplacé le lieutenant Zagré à la barre dans la matinée du mardi 28 août 2018 pour répondre des griefs à lui imputés. Le sergent est poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et complicité de dégradation volontaire aggravée de biens. D’office il a réfuté les faits.
Dans son témoignage, le mis en cause qui bénéficie d’une liberté provisoire a été de l’expédition qui a interrompu les programmes de la Radio Oméga dans la soirée du 16 septembre 2015. Lors de son passage dans cette radio en compagnie du sergent Pagbelem Amidou, à la fin de la mission, le sergent Badoum affirme avoir été attristé, « ça m’a fait un coup », par les motos en feu. « C’est avec un grand regret que j’ai vu les motos en flamme », dit-il. Il nie les avoir enflammées. Un civil était présent à leur arrivée à la radio. Ce serait celui-ci le coupable, selon le sergent.
Par ailleurs, il avoue, sur ordre du major Badiel Eloi, être allé à Gounghin et à Kamboissin pour interrompre des émissions, sans plus de précisions. L’accusé a également avoué s’être rendu à l’ARCEP le 17 septembre 2015 et, tel que expliqué, ce serait avec le concours du DG de l’ARCEP qui a fait appel à des techniciens de son service qu’ils sont venus à bout de la « radio de la résistance » qui émettait, selon eux, depuis la Radio Savane FM. Après cette mission, le sergent Badoum confie être resté au poste intermédiaire entre la présidence et la résidence, « le poste Dakota », à partir du 18 septembre jusqu’au 25 septembre 2015 avant de rejoindre son lieu d’affectation.
Imbroglio
Pendant l’audition du sergent Badoum Lamoussa, un imbroglio est né. Dans le Procès-verbal (PV) d’interrogatoire au fond, une question présente dans le PV tenu par le président du tribunal et le parquet est absente dans celui en possession de l’avocat du prévenu, Me Stéphane Ouédraogo. Dans le PV du Parquet, il y est indiqué que l’accusé a pris la garde à l’entrée de la Présidence en réponse à une question, celle-ci qui manque chez l’avocat. « Nous avons les mêmes PV, mais les questions ne sont pas identiques. A ce stade, ça devient compliqué pour moi », coupe l’avocat de la défense.
Après vérification par le Président du tribunal du PV tenu par l’avocat, la séance est suspendue pour 10 minutes. Au retour, le Parquet indique que la question manquante est sans objet et propose de ne retenir pour les débats, que le PV tenu par l’avocat. Mais pour Me Ouédraogo, « la question n’est pas aussi simple. J’ai deux PV, dit-il, et je me rends compte qu’il y a une différence. Je ne sais pas si à ce stade, ça se limite à une question ». Le conseil de l’accusé demande alors la pièce tenue par le parquet pour « vérifier, comprendre et aviser ».
Le parquet refuse d’accéder à la demande de l’avocat de la défense. « Je veux la pièce pour lire », insiste l’avocat du sergent Badoum avant d’indiquer que « le parquet a l’habitude de minimiser ce qui ne l’arrange pas ». Le parquet en réponse conseille à l’avocat de soulever une exception dans ce cas. « Je ne peux pas soulever une exception sur une pièce que je n’ai pas vue », soutient l’avocat qui, dans la foulée, a sollicité une suspension de 24 heures pour se concerter avec son client. Sa requête est agréée par le tribunal.
Malgré la persistance des avocats de la défense qui demandaient la parole, un autre accusé est appelé à la barre. Il s’agit du sergent Pagbelem Amidou. Il partage les mêmes chefs d’accusation avec le sergent Badoum, c’est-à-dire, complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et complicité de dégradation volontaire aggravée de biens.
Cet accusé repêché s’expliquera le mercredi 29 août 2018 puisque la séance a été suspendue le mardi 28 août 2018 à 17h 03 minutes.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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