Karangasso Vigué : « Les Dozo pardonnent tout »

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Le 11 septembre 2018, un voleur a été conduit au QG des Koglwéogo. Cet acte entre en confrontation avec une décision des autorités coutumières de Karangasso Vigué qui veut que les voleurs interpelés par les habitants transitent plutôt chez elles en attendant l’intervention de la gendarmerie. La commune sera alors le théâtre d’un affrontement sanglant entre Dozo et Koglwégo causant un bilan de trois morts et plusieurs blessés.

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Selon une source proche de la chefferie de canton, tout a commencé quand le chef de canton de Karangasso Vigué à travers les responsables religieux a demandé aux Koglwéogo de démolir leur QG.  Ces derniers prétexteront  attendre le retour d’un de leur responsables absent. Le chef de canton qui a fini par perdre patience,  commet une équipe de Dozo à la tâche avec pour mot d’ordre de « se faire accompagner de responsables Koglwéogo et religieux et ne pas exercer de violence au cours de l’opération de démolition  », affirme-t-il.

Journée noire

C’est alors que le drame va arriver.  Affrontements sanglants et trois morts. 

Le responsable Koglwéogo Ali Gansoré affirme que « les coups de poignard des Koglwéogo sont venus après les tirs des Dozo ».

Du côté de la famille du chef de canton, c’est plutôt l’avis contraire : « Les Koglwéogo ont commencé à tabasser le chef de Kouereougou et moi avant même que leur QG ne soit démoli. Contraignant les Dozo à faire des tirs de sommation. S’ils avaient visé une cible, l’on aurait assisté à un carnage », dit-il.

Le jeudi 13 septembre 2018, au «  quartier Vigué », le climat a été perturbé perturbé par les cris des femmes et les coups de fusils des Dozo venus nombreux pour accompagner Bognani Ouattara dans sa dernière demeure. Polygame et père de 3 enfants, le fils du chef de canton de Karangasso Vigué venait d’éteindre ses 34 bougies le 13 août 2018. Avant de s’éteindre lui-même le mercredi 12 septembre 2018. Son frère et d’autres membres de la famille en soin avaient été également poignardés par des Koglwéogo au cours de l’affrontement survenu la veille.

A Kouéresso/Koueredougou où se trouve le QG des Koglwéogo, c’est une communauté tout aussi endeuillée qui a procédé à l’enterrement de deux des leurs. Eux aussi enregistrent des blessés dans leur rang. 

En février 2018, le Haut-Commissaire de la province du Houet, constatant un risque d’affrontement, avait rencontré les autorités coutumières et les autorités locales  autour de ce même projet de démolition du QG des Koglwéogo par les Dozo. Il avait fait savoir que l’administration allait elle-même se charger de démolir le QG.
Cette opération de démolition, qui consiste juste à arracher deux morceaux de bois servant d’outils pour accrocher les voleurs préalablement ligotés par les Koglwéogo, n’a pas eu lieu.

Sept mois plus tard, le respect de la loi se faisait toujours attendre au grand dam des autorités coutumières. « Nous n’exerçons plus sur les routes, nous servons seulement dans notre quartier », reconnait un membre du groupe Koglwéogo Moussa Nana.

En plus de fustiger l’administration, les deux camps s’accusent mutuellement de la détérioration de la situation.

Mais le vin étant déjà tiré, le chef Koglwéogo Ali Gansoré depuis Koueresso prône «  la clémence des autorités coutumières  pour un «  nouveau départ ».

Au quartier Vigué, le président de l’Union nationale de la confrérie Dozo Aly Konaté  croit encore à la coexistence pacifique entre les deux parties : «  les Dozo pardonnent tout. La confrérie Dozo prône l’inclusion et la discipline ».

Aminata SANOU

Correspondante de Burkina24 à  Bobo-Dioulasso 

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