Pérégrinations de Bélélé | Journalisme culturel-critique : D’où viendra notre salut ?

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La création artistique au Burkina connaît plus ou moins de beaux jours. À cela s’ajoute l’abondance des évènements culturels de natures diverses et l’exigence de plus en plus grandissante des consommateurs.

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Cependant, le journalisme culturel et la critique qui devraient s’y accompagner ont du mal à tracer leur chemin. Au nombre des raisons, une des non-moindres, est le manque de formation permanente ou continue des journalistes culturels dans les domaines de la critique.

Des sessions sont souvent organisées de manière inopinée en marge de certaines grandes manifestations, avec l’appui de partenaires étrangers intervenant dans le secteur de la culture, mais il manque un suivi régulier, préjudiciable à l’essor de ce journalisme-critique.

Quid des associations de journalisme ?

Si dans certains pays, les journalistes culturels, se sont organisés également en associations de critiques et tiennent une place de choix dans la sphère culturelle, au Burkina il n’en ait rien. La JCB, (première association de journalistes culturels) est quasi-inexistante. La J2C, cadette née en 2007 au regard des conflits et des disfonctionnements liés à la première est devenue l’ombre d’elle-même. Aucune de ces associations n’assure ou n’assume ce rôle. En face, l’Association des Critiques de Cinéma du Burkina (ASCRIC-B) quant à elle, après 14 ans d’existence, rencontre également des problèmes de fonctionnement interne et ne vit qu’en période de FESPACO.

Outre les Universiticc (Universités des industries culturelles et créatives), avec beaucoup de limites, qui tentent de poser quelques jalons, il n’existe pas de façon soutenue un cadre spécifique pour les journalistes qui souhaitent se spécialiser en critique d’art. L’auto-formation est la seule voie qui s’offre à quelques passionnés pour mieux servir leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Lesquelles conséquences de cette auto-formation se sentent aisément chez certains dans leurs productions.

Entre critique-d’art et « critiques d’artistes »

En effet, le mot « critique » est négativement connoté, pourtant ses visées sont et doivent être positives : c’est un travail médiatique essentiel pour constituer un relais de l’œuvre d’art entre les professionnels et les consommateurs. Celui qui l’exerce, à savoir le critique d’art, relève de la profession de journaliste et/ou de critique tout court. Cependant, il utilise un média : magazines papiers, télévisés, radiophoniques ou électroniques, un blog, etc.

Le compte rendu d’une présentation ou d’un spectacle a du mérite mais il ne saurait substituer une critique. Malheureusement de critiques d’art, on rencontre plus souvent des critiques d’artistes. Un article écrit à chaud, à la sortie d’un vernissage, d’un spectacle ou d’une salle de cinéma peut être différent de celui écrit avec plus de recul ou devant une œuvre qu’on a revue ou réécoutée.

Le b-a-ba du critique

Ce qui contribue à faire un bon critique, c’est d’abord la connaissance des œuvres et de ceux qui les font. Le critique investit lui aussi sa culture, c’est-à-dire sa sensibilité personnelle. « La critique est évidemment autre chose qu’une simple relation de faits ou de situations ; du moins n’est-elle pas que cela », a expliqué le critique sénégalais Paulin Soumanou Vieyra.

Pour Thierno Dia, de l’université de Bordeaux et rédacteur en chef d’Africiné, la critique (qu’elle soit littéraire, d’art plastique, musicale, théâtrale ou cinématographique) a pour objet l’évaluation de la valeur d’une œuvre ou un ensemble de créations sur plusieurs plans tels que l’esthétique, les thèmes abordés c’est-à-dire leur signification culturelle voire personnelle : car un créateur Burkinabè peut utiliser des références américaines ou chinoises qui sont hors de sa propre culture, c’est aussi une évaluation sur le plan de la critique sociale (ou pas), le langage utilisé, l’esthétique, les intentions de l’auteur, l’impact sur le public, le mode de production mis en œuvre (par exemple un film artisanal est différent d’un film hollywoodien et les deux ne peuvent être analysé sous un angle comparatif). Il faut y ajouter une dose variable d’analyse des œuvres et une connaissance du jargon.

À éviter

Tomber dans la complaisance est le pire ennemi d’un critique outre la malveillance que sont la violence des mots et les jugements non argumentés. La retenue, la curiosité et la modestie sont des qualités essentielles, car ne pas trop raconter l’œuvre ou le spectacle c’est respecter le spectateur. Savoir le parcours du créateur, des techniciens voire des producteurs, aide souvent à aller plus en profondeur dans son article. Enfin, accepter qu’un article n’est pas forcément toujours prescripteur est important pour relativiser le fait que souvent ou parfois un public boude une œuvre fabuleuse.

Jérôme William Bationo

Chroniqueur pour Burkina24


Les Pérégrinations de Belélé est une chronique hebdomadaire, éponyme de son auteur, Belélé Jérôme William Bationo. A travers cette rubrique qui se veut un  voyage autour de plusieurs thèmes (société, développement, politique, culture, environnement, etc.), il veut à travers plusieurs billets de partager avec les lecteurs de Burkina24 son expérience issue de ses formations académiques et continues, de ses lectures et de son parcours de journaliste, consultant média. Les Pérégrinations de Belélé se veulent donc éclectiques et ouvertes au débat contradictoire pour un réel partage d’idées.

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Rédaction B24

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