Gestion des frontières : Concilier sauvegarde de la souveraineté nationale et intégration
Le contexte sous-régional et national l’imposait. La Commission nationale des frontière, avec pour mission assurer l’orientation, la coordination et le suivi en matière de gestion des frontières, tient ce vendredi 21 septembre 2018 sa première session ordinaire de l’année. Elle devra trouver le juste milieu entre « gérer et préserver l’intérêt national tout en étant conforme avec les engagements internationaux » du Burkina Faso.
L’enclavement du pays, son appartenance aux organisations sous-régionales que sont l’Union économique et monétaire et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest exigent de lui qu’il s’ouvre à ses voisins en conformité avec les accords de libre circulation des biens et des personnes. Mais le contexte sécuritaire qui prévaut recommande au gouvernement de ne pas baisser sa garde.
Dès lors l’exécutif, qui doit « assurer une gestion efficace, efficiente » de la frontière commune d’environ 3 615 km, s’interroge sur « comment concilier la sauvegarde de la souveraineté nationale avec la nécessité de faire des zones frontalières un véritable espace de développement et d’intégration sous régionale ».
Si l’interrogation va de soi, c’est parce que « dans un contexte national et international marqué par la montée du terrorisme, de la criminalité transfrontalière et des trafics en tout genre, le sursaut patriotique et la responsabilité nous commandent des actions fortes pour atténuer et des politiques appropriées pour prendre en charge ces menaces auxquelles fait face la sous-région, notre pays le Burkina Faso en particulier », justifie le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, par ailleurs président de la commission.
Les menaces ne sont pas que sécuritaires. Elles peuvent être d’ordre sanitaire également. Il est fait cas d’une épidémie de choléra dans un pays voisin du Burkina dont le voisin est également touché. C’est là une « question très pratique » qui pose un problème au gouvernement qui doit déterminer quelles politiques mettre en place pour préserver la population contre cette menace sanitaire à la frontière.
Pour mieux appréhender les défis sus-dessus relevés, le gouvernement burkinabè a adopté en 2015 des référentiels de gestion de ses frontières que sont la Stratégie Nationale de Gestion des Frontières (SNGF) et son plan d’actions dénommé Programme d’Appui à la Gestion Intégrée des Frontières (PAGIF) pour la période 2016-2025. Le but est de parvenir à l’impulsion du développement socio-économique et culturel durable des espaces frontaliers dans un environnement de paix et de sécurité.
Dans la mise en œuvre du programme, la commission qui peut, selon le ministre de l’administration territoriale, se « réjouir de quelques avancées significatives sur un certain nombre de dossiers », fait face à de « nombreux impératifs d’ordre matériel et financier notamment qui méritent une attention particulière pour permettre une prise en charge conséquente des dossiers relatifs au bornage des frontières et aux contentieux qui nous opposent à certains pays voisins ». C’est le cas avec le processus de bornage de la frontière Burkina-Niger et le règlement du différend frontalier Burkina-Bénin.
Pour le Premier ministre, la tenue de cette session s’imposait comme une nécessité, car dit-il, « la frontière, au lieu de constituer un frein à l’intégration entre les peuples, peut devenir un puissant canal, un puissant levier de brassage et d’échanges entre les communautés qui ont souvent les mêmes origines, la même histoire et les mêmes réalités ».
« Il est impérieux, dira le chef du gouvernement, d’œuvrer à la délimitation précise des frontières en parfaite intelligence avec les voisins mais également de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer une gestion efficace, efficiente » des différends liés à la délimitation des frontières pour en faire des « zones aménagées et dynamiques » où règnent la sécurité et la paix.
Oui Koueta
Burkina24
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