Crise à la CENI : « Mettre fin à la chienlit ou laisser les germes d’une future crise électorale sans précédent »
Ceci est un avis d’un citoyen sur la crise au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
La commission électorale nationale indépendante, CENI, est à la croisée des chemins depuis plusieurs mois. L’organe faîtière en matière d’organisation des élections dans notre pays sous le magistère de Newton Ahmed Barry depuis deux années est au centre d’antagonismes opposant ce dernier et la majorité des commissaires. Le branle-bas en cours au sein de l’institution a désormais pignon sur rue dans le débat politique national.
De mémoire de Burkinabè, c’est la première fois que la gestion, la préparation du processus électoral et la conduite des affaires au sein de la CENI par son président en exercice sont autant décriés par la majorité des commissaires, les acteurs et l’opinion. Les premières heures de cette crise ouverte nous avaient été présentées comme un bras de fer entre le Président de la CENI et les (5) cinq commissaires de l’opposition au sein de l’institution et au-delà avec l’ensemble du CFOP autour de la nouvelle plateforme d’enrôlement proposée aux forceps par Newton Ahmed Barry sans concertation avec ses collègues.
Mais les errements décisionnels et la gymnastique comportementale confuses étalées au grand jour la semaine passée par Newton Ahmed Barry ainsi que la vive réaction commune des quatorze commissaires viennent prouver à souhait que le problème de la CENI c’est bien sont président Newton Ahmed Barry dont la légitimité est fortement remise en cause. Il est plus ahurissant que compromettant qu’un Président de la CENI fondée sur le principe tripartite veuille coûte que coûte imposer au reste des commissaires et à la classe politique de manière unilatérale un mode d’enrôlement tiré de son officine personnelle. Nous nous interrogeons sur ce que cache une telle attitude jusqu’au-boutiste du président.
Pire, toujours la semaine passée, Newton Ahmed Barry qui devait entamer une séance plénière avec les commissaires autour de la question majeure du mode d’enrôlement aura fait montre d’un mépris cinglant et criard à l’égard de l’assemblée des commissaires en annonçant sa retraite anticipée de la CENI et suggérant la mise en place d’un intérim se disant exténué. La déclaration lue était celle d’une démission formelle de l’institution et comprise comme tel par les commissaires.
Mais par une rebuffade magistrale le président Newton réfutera avoir démissionné et un message sur les réseaux sociaux présenté comme celui livré avant la plénière indiquait qu’il allait en congé fatigue. Mais au grand étonnement, de tous il reviendra ensuite le vendredi suivant sur tous ses dires lors de la plénière en présentant mille et une excuses à ses collaborateurs.
Cet embrouillamini en cours au sein de la CENI jette les bases de difficultés inextricables et qui augureront, si l’ensemble des démocrates burkinabè n’y prend garde, d’une future crise électorale sans précédent dans notre pays. Lorsque le Président de la CENI n’arrive pas à s’accorder avec les commissaires qui sont ses premiers collaborateurs dans la gestion et les décisions sur les questions électorales pour conduire les activités de l’institution dans un esprit consensuel, alors nous doutons qu’il soit encore capable de construire et mener à bien un processus électoral comme celui de la présidentielle de 2020 qui s’annonce avec de grands enjeux et défis pour le Burkina Faso.
Et où la moindre erreur n’est point permise car ce serait fatal pour la nation. Les comportements donnés à voir aujourd’hui à la CENI font redouter, à coup sûr, des crises électorales et post électorales sans précédent. Toute chose qui fait planer une incertitude sur l’avenir de notre pays. Pour notre part, le Mouvement Citoyen pour la Démocratie, après avoir suivi et analysé la situation et très soucieux de la paix et la stabilité sociales dans notre pays, appelle le Président Newton Ahmed Barry à tirer toutes les conséquences de sa perte de légitimité à la tête de l’institution en se retirant avec sagesse.
Un sage disait : « Il faut savoir quitter les affaires avant que celles-ci ne vous quitte ». C’est aussi l’occasion d’interpeller les responsables des différentes composantes à la CENI et singulièrement la communauté musulmane sur la situation délétère créée par son représentant M. Newton Ahmed Barry qui préside la CENI sous ce mandat.
Nous demandons instamment qu’une solution urgente soit trouvée pour éviter la fragilisation et le discrédit de la CENI et également pour qu’il n’y ait des voies qui conduisent à des violences électorales et post électorales sans précédent dans notre pays suffisamment éprouvé par l’insécurité. De la capacité de l’ensemble des démocrates à réagir objectivement sans calculs ni considérations particularistes sur le mal qui handicap actuellement la CENI dépendra pour toujours et longtemps encore la paix sociale dans notre pays. Pour la patrie, nous vaincrons !
Ouagadougou, le 06 novembre 2018
Pour le Mouvement Citoyen pour la Démocratie
Sylvain Ouédraogo
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