Gilbert Diendéré : « Je ne pensais pas qu’il y aurait de tels dégâts »
La reprise de l’audition de Golf, surnom du général Gilbert Diendéré, a été effective ce mercredi 28 novembre 2018 au Tribunal militaire. Le général Gilbert Diendéré, président du Conseil national pour la démocratie (CND), adopte toujours la même ligne. Il dit avoir « assumé » une situation sans savoir qui l’a commanditée. Pour cette journée du mercredi 28 novembre 2018, l’accusé a été confronté aux questions du ministère public, mais a maintenu les mêmes propos.
Dans l’un des procès-verbaux (PV) du secrétaire général du ministère de la défense nationale au moment du coup d’Etat de septembre 2015, Alassane Moné, par ailleurs témoin du Parquet dans le dossier, celui-ci indiquait que le général Gilbert Diendéré a « justifié » le coup d’Etat, dans la nuit du 16 septembre 2015, par trois arguments : l’exclusion des caciques du CDP, la loi sur le statut militaire et les velléités de dissolution du RSP. « C’est pourquoi le RSP a pris sa responsabilité pour mettre fin à la Transition », aurait indiqué le général Diendéré, selon Alassane Moné.
« J’ai été choqué par les décès et les blessés. Je ne pensais pas qu’il y aurait de tels dégâts. Quand j’ai appris les dégâts, cela m’a beaucoup marqué et je n’ai pas hésité à reculer. C’était un motif supplémentaire pour moi pour ne pas continuer ».
Gilbert Diendéré, le 28 novembre 2018 – Burkina 24
A ces mots, l’inculpé rétorque : « J’ai expliqué. Je n’ai pas justifié (…). On sait comment les auditions (des témoins du Parquet) se sont passées. Ils sont passés devant le juge en juin 2016 (…). Si vous lisez son PV et les autres, c’est pratiquement les mêmes arguments. C’est dire qu’ils (les témoins) ont eu le temps d’harmoniser parce qu’ils ne voulaient pas me rejoindre à la MACA (…). Je n’ai jamais parlé de coup d’Etat et leurs déclarations n’engagent qu’eux ».
Aussi selon le général Diendéré, les chefs militaires ne devraient pas venir au procès en qualité de témoins. « A mon avis, si la procédure avait été bien faite, ils devraient être dans le box des accusés à la place de certains qui n’ont pas fait le centième de ce qu’ils ont fait », lance l’accusé qui prend un exemple : « quelqu’un qui est allé réparer une moto, quelle responsabilité a-t-il par rapport à quelqu’un qui m’a donné un hélicoptère ? », questionne le général Gilbert Diendéré en faisant référence au Chef d’état-major général de l’armée de l’air au moment des faits qui aurait accordé le déplacement héliporté vers la frontière avec la Côte d’ivoire pour récupérer du matériel de maintien de l’ordre.
Sur un autre point, le général Gilbert Diendéré a déploré le manque d’autopsie sur les dépouilles des victimes du Coup d’Etat. « On a fait du spectacle avec les corps au lieu de faire le travail qui devait être fait. Ça m’étonne que le Parquet n’ait pas de preuves. Qu’est-ce qu’on a voulu cacher ? On aurait pu faire des autopsies, des études balistiques. Ça n’a pas été fait. Pourquoi ? », interroge l’accusé. Immédiatement, le parquet répond : « Vous dites des choses à la limite indécentes ». Le ministère public précise également que les causes de décès des victimes sont connues et présentes dans le dossier. « Je me suis excusé par rapport à ce mot (spectacle). J’ai du respect pour ces victimes qui sont tombées », a ajouté le prévenu.
Dans la soirée, après la suspension de 13h, les questions-réponses ont continué entre le général Gilbert Diendéré et le parquet militaire. Morceau choisi :
- Parquet : Qu’avez-vous fait pour la libération des autorités ?
- Général Gilbert Diendéré: J’ai longuement expliqué ici. Mon choix était de faire en sorte que l’ensemble des chefs militaires puissent prendre la mesure des choses cette fois-ci. C’est pour cela que je les ai tenus informés pour qu’on trouve une solution.
- Parquet : Pourquoi alors vous êtes allé présenter les griefs de la Transition à la hiérarchie ?
- Général Gilbert Diendéré : J’ai fait part de la situation d’ensemble. J’ai fait un rappel historique. Ce sont des choses que tout le monde savait.
- Parquet : Pour ce rappel, c’était pour trouver des solutions ou pour justifier le putsch ?
- Général Gilbert Diendéré : J’ai dit cela pour expliquer ce qui s’est passé (…). Aucun motif ne peut justifier l’action qui a été menée.
L’audience de ce mercredi 28 novembre 2018 a été suspendue avant 17h. Le général Gilbert Diendéré reviendra à la barre le vendredi 30 novembre 2018 à 9h pour la suite de son interrogatoire. Celui-ci sera mené par le ministère public.
Vidéo – Le Général Gilbert Diendéré ou « la défense qui ne s’assume pas »
Burkina 24
Ignace Ismaël NABOLE et Noufou KINDO
Burkina 24
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