Ouaga : A 14 ans, elle était à son deuxième avortement
Les résultats d’une étude sur les grossesses non désirées et les avortements clandestins ont été présentés à des députés ce jeudi 11 avril 2019 à l’Assemblée nationale. C’était au cours d’une rencontre d’échange entre les membres du groupe de plaidoyer « Stop grossesses non désirées ».
Créé en février 2016, le Réseau des Parlementaires « Femmes et Développement » (RéPaFeD) a été mis en place en vue de promouvoir l’adoption de politiques publiques favorables à une meilleure prise en compte des enjeux de prévention et de prise en charge des grossesses non désirées et/ou précoces ainsi que des avortements clandestins au Burkina.
« Au-delà de la pluralité des réseaux et cadres en lien avec les problématiques de population et de développement en général, le RéPaFeD s’engage spécifiquement dans la mobilisation d’alliées parlementaires pour mettre fin aux fléaux des grossesses non désirées, avortements clandestins et pratiques néfastes à la santé, l’éducation et à l’autonomisation de la femme et de la fille », a expliqué Michel Badjara, Vice-Coordonnateur du réseau.
Les membres du réseau de députés participent, dit-il, aux cadres de dialogues avec des OSC au niveau national, régional et international. Alliés du groupe de plaidoyer « Stop grossesses non désirées » (Stop GND) coordonné par Médecins du Monde France au Burkina (MdM), ces représentants du peuple apportent leur contribution dans l’analyse des lois sur les droits sexuels, la mobilisation de décideurs politiques ainsi que dans le renforcement de leur capacité sur les instruments juridiques en lien avec les droits sexuels et reproductifs.
Renforcer les capacités des législateurs
Après trois ans de mobilisation de ses pairs, le RéPaFeD a reconnu les défis qui sont toujours présents en matière de réduction de la morbi-mortalité liée aux GND et aux avortements clandestins. De par ces futures activités, il compte renforcer les actions de diffusion des lois au sein des parlementaires mais aussi de l’électorat pour une prise en conscience des décideurs et des populations par rapport à l’ampleur des GND et des avortements clandestins.
C’est dans le but d’avoir l’appui technique et des conseils avisés de ses partenaires OSC notamment du groupe de plaidoyer Stop GND qu’une réunion d’échanges a été organisée ce jeudi 11 avril 2019 à Ouagadougou. L’objectif principal est de valider le plan d’action du RéPaFeD ainsi que les activités conjointes avec les autres membres du groupe de plaidoyer Stop GND. Le thème retenu est « Renforcer les capacités des législateurs dans la formulation des lois visant la réduction des grossesses non désirées et des avortements clandestins ».
Des présentations ont été exposées, suivies de débats. Il s’agit notamment de l’état des lieux des droits sexuels en matière de santé de la reproduction au Burkina avec focus sur les axes prioritaires de plaidoyer du groupe Stop GND et les résultats de l’étude sur les avortements provoqués clandestins menée par l’association burkinabè des Sages-femmes et Maïeuticiens.
96 cas de grossesses non désirées dont 86 cas d’avortements provoqués clandestins
« Il y a urgence d’agir afin que les insuffisances constatées dans les lois au niveau pays soient améliorées. La plupart des textes nationaux sont en effet tombés en désuétude », fait noter la Coordinatrice Plaidoyer de MdM, Cécile Thiombiano/Yougbaré. Quant au point focal de l’association burkinabè des Sages-femmes et Maïeuticiens, Bamouni Jean Luc Hervé, il a présenté les résultats d’une étude effectuée dans sept structures sanitaires à Ouagadougou entre mai et octobre 2018.
« 96 cas de grossesses non désirées ont été enregistrés dont 86 cas d’avortements provoqués clandestins. Seulement 28,12% ont avoué avoir déjà utilisé une méthode contraceptive à cause des préjugés, de l’ignorance, des croyances religieuses. Les motifs de l’avortement évoqués vont de la peur des parents et la situation financière inconfortable, jusqu’aux grossesses rapprochées, à l’infidélité, au viol et à la non reconnaissance de la grossesse », révèle Bamouni Jean Luc Hervé.
« Sur les 96 cas, poursuit le maïeuticien, 30 cas de complicité dont 3 décès maternels et un cas d’une fille de 14 ans qui était à son deuxième avortement ont été enregistrés ». A l’issue des présentations, la majorité des députés présents ont reconnu notamment la nécessité de « contextualiser » les textes que le pays ratifie. « Les lois devraient être tirées de nos coutumes », estime le député Joel Ataougué Aoué qui insiste que le Burkina est champion dans les ratifications.
Noufou KINDO
Burkina 24
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