Roch Kaboré et le passage de la parole à l’acte

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Il a, de son discours d’investiture à ses adresses à la nation de fin d’années, relevé et rappelé « l’urgence » de « mettre fin à l’incivisme, et aux actes de défiance vis-à-vis des institutions de l’Etat » et à « la méthode qui consiste à régler les revendications de travailleurs au cas par cas pour plus d’équité et de justice sociale ». A moins de dix-huit mois des prochaines échéances électorales, où en est le chef de l’Etat avec ces annonces ?

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Le « retour à l’intégrité » recommandait selon lui de « réaliser un meilleur partage des fruits de la croissance à travers un nouveau contrat social » pour un nouveau départ au sortir de la Transition à laquelle il a été reproché de n’avoir pas mené les réformes devant conduire à « plus de justice sociale ».

Élu fin novembre 2015, Roch Kaboré, socio-démocrate, avait inscrit cela au menu des tâches à accomplir sur le chemin du « retour indispensable à la normale » dans un pays où « le fossé s’agrandit chaque jour entre un nombre toujours plus restreint de nantis et les larges masses populaires condamnées à la paupérisation et à l’exclusion ».

Trois ans plus tard, qu’est-ce qui a changé ? Munis du mandat d’interpellation émis par le procureur près le tribunal de grande instance de Banfora, deux officiers de policiers ont malgré tout été lynchés à mort le 12 janvier 2019 dans Nafona/Soubakaniedougou dans la Comoé. La liste des brigades de douanes, de gendarmerie et de commissariats de police saccagés pour y récupérer la marchandise saisie, extraire des personnes interpellées pour les remettre en liberté ou pour les lyncher ne cesse de s’allonger.

La persistance des revendications salariales et les demandes d’amélioration des conditions de vie des travailleurs dont il faisait cas fin 2017 continuent d’être posées. Avec acuité. L’éléphant annoncé (conférence nationale sur la réforme du système de rémunération dans la fonction publique pour plus d’équité et de justice sociale) est arrivé avec une patte cassée, dirait Tiken Jah Fakoli. Et le « cas par cas », démarche à l’origine des « distorsions énormes de traitements qui doivent être corrigées » continue d’être la norme.

Le message de fin d’année 2018 annonçait pourtant « la mise en œuvre concertée des conclusions » de conférence nationale qui visait à « assurer la maîtrise de la masse salariale et l’équité dans le traitement des agents publics, pour une meilleure prise en compte des aspirations fondamentales des populations ». Pour éviter d’avoir constamment le « couteau à la gorge », le gouvernement a procédé à la création et à l’installation des membres du Haut conseil pour le dialogue social (HCDS) début mai 2018. Encore une institution créée.

Un an plus tard, la fronde sociale est à son paroxysme. Les syndicats se font la passe. La balle est actuellement détenue par le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA). Le Haut conseil ne laisse pas d’empreintes. S’il s’exprime, il devra élever la voix parce qu’elle est inaudible.

Au finish, le couteau demeure sur le cou de l’exécutif actuellement embourbé jusqu’au cou avec l’opposition des défenseurs de l’environnement au choix du lieu (forêt de Kua) de construction du centre hospitalo-universitaire de Bobo-Dioulasso. Un bourbier auquel vient s’ajouter la « question délicate » de l’arrêté portant modalités d’octroi et de répartition de la prime de motivation allouée aux agents du Ministère de l’économie, des finances et du développement.

Et ce au moment où le chef de l’Etat prévoit faire du MINEFID « un ministère porteur de développement de manière à ce que toutes les actions qui seront prises pour mobiliser les ressources financières puissent contribuer à développer et faire en sorte que nous puissions mettre en œuvre les grands projets qui sont en cours ». Il reste à ce jour 01 an, 07 mois, 03 semaines au président du Faso, candidat déclaré à sa propre succession, pour remettre les pendules à l’heure dans un Burkina Faso assoiffé de changement.

La Rédaction

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