Elections 2020 au Burkina Faso : « Une gymnastique politique pour sauver l’essentiel », selon Me Sankara
Me Bénéwendé Sankara, Président de l’Union pour la renaissance/ Parti sankariste (UNIR/PS) s’est prêté aux questions de Burkina24, le jeudi 3 décembre 2020. Au menu des échanges figurent entre autres, la conduite des élections couplées législatives et présidentielle du 22 novembre 2020 et les attentes du parti.
Burkina 24 (B24) : Les élections couplées législatives et présidentielle sont passées. Quelles leçons tirez-vous ?
Me Bénéwendé Sankara : D’un point de vue général, c’est une satisfaction d’une mission accomplie. Ce sont des élections qui ont incarné tous les enjeux, mais aussi, au regard d’un certain nombre de pronostics, rien n’indiquait qu’on pouvait atteindre ce résultat optimal que tout le monde s’accorde à saluer, au regard du contexte sécuritaire, au regard également de la maladie à coronavirus.
On a vu qu’avant les élections, il y avait un certain débat qui s’était instauré à telle enseigne que certains pensaient qu’il fallait proroger ces élections. Dieu merci, ces élections ont eu lieu et à ma connaissance, il n’y a pas eu de blessés liés à l’élection.
Comme leçons, tous les acteurs ont joué leur partition, les observateurs, la société civile, l’Opposition, la Majorité, les candidats. C’est la preuve de la vitalité de notre démocratie.
B24 : Les élections ne s’étant pas déroulées dans toutes les localités, peut-on assister à la remise en cause de la légitimité de certains élus ?
Me Benewendé Sankara : Je ne crois pas, parce qu’on a anticipé, dans un cadre consensuel qui est celui du dialogue politique. Compte tenu du contexte sécuritaire, il y a des zones où il fallait minimiser le risque, mais en même temps permettre au processus électoral de ne pas s’interrompre.
Dans les zones où il y a eu beaucoup de déplacées, il y a eu des communes où les élections n’ont pas eu lieu, mais du fait du cas de force majeure qui a été intégré dans la révision du Code électoral, pour qu’on tienne compte de ce fait qui ne dépend de la volonté de personne, pour que la circonscription électorale qui est la province puisse se doter d’un député. Si vous voulez, je dirais une gymnastique politique pour sauver l’essentiel. Et c’était le fruit d’un véritable compromis.
B24 : Vous n’avez donc pas peur d’une quelconque contestation de la légitimé des élus…
Me Bénéwendé Sankara : Je ne crois pas. Pas du tout ! Parce que s’il devait y avoir des contestataires, ce sont ces gens qui seraient allés voter. Je ne pense pas qu’à ce stade-là, des gens qui ont d’autres préoccupations de sécurité, cherchent à contester des élections qui, de mon point de vue, constituent à trouver des députés, à faire en sorte que les institutions de la république soient là pour défendre justement leurs intérêts.
B24 : Durant la campagne électorale, comment avez-vous appréhendé le comportement des acteurs politiques en général ?
Me Benewendé Sankara : C’était du fair-play. D’abord, il y a eu la signature du pacte de bonne conduite qui a été plus ou moins respecté. Les messages n’étaient pas aussi méchants, même si souvent il y a eu des piques. Mais c’est ça aussi le piquant de la campagne.
D’un point de vue global, c’était une campagne apaisée, civilisée et il faut se féliciter de la maturité des populations. Souvent, on croit que les gens, du fait de leur niveau, ce sont des analphabètes, ils ne savent pas choisir… c’est archi faux. La preuve c’est qu’il y en a qui avaient presque zéro voix. Les bulletins nuls, c’est souvent le reflet de gens qui ont mal voté, mais quand vous regardez le suffrage exprimé, beaucoup sont allés vraiment voter la personne où le parti qu’ils voulaient voter.
B24 : Parlant des législatives, l’UNIR/PS s’en sort avec 5 députés. Une satisfaction pour le parti ?
Me Benewendé Sankara : Pas du tout. On n’avait pas pour objectif de nous limiter à cinq (05) députés. Nous nous sommes présentés sur les 46 circonscriptions électorales, si on tient compte de la liste nationale, et se retrouver avec 5 députés, c’est ce que Dieu nous a donné. Tout ce que Dieu fait est bon. C’est bon à prendre.
B24 : Au niveau parlementaire, votre parti est la 5e force politique. Qu’est-ce que cela va changer dans vos rapports avec le parti au pouvoir ?
Me Benewendé Sankara : Je ne crois pas que les rapports avec la majorité ou avec le MPP ou avec le chef de l’Etat se conçoivent en termes de rang qu’on occupe. C’est vrai que quand on a un poids politique, effectivement, ça peut compter dans le contenu de vos rapports.
Mais nous avons soutenu pendant 5 ans le programme du chef de l’Etat et nous avons aussi décidé, pour 2020, de soutenir la candidature du Président Roch Marc Christian Kaboré. Cela veut dire que nous sommes à quelque part intimement liés au succès et aux résultats de ce quinquennat.
Ce n’est pas un problème qu’il faut percevoir à travers les députés que nous avons, mais plutôt à travers nos convictions, notre engagement politique à œuvrer aux côtés du Chef de l’Etat pour qu’ensemble, nous puissions bâtir une société de paix, véritablement démocratique, œuvrer à ce que les dix engagements du chef de l’Etat dans lesquels l’UNIR/PS se retrouve puissent se réaliser.
B24 : Le poids politique entre aussi en compte quand il s’agit de la mise en place du gouvernement. Dans la configuration actuelle, vous attendez-vous à avoir, par exemple, plus de ministres ?
Me Benewendé Sankara : (Rires) Nous ne sommes demandeurs de rien que d’avoir une démocratie apaisée et que ce pays se porte mieux. Nous ne sommes pas de ceux qui font des calculs en termes de postes. On ne l’a jamais fait ni d’Adam ni d’Eve. Aujourd’hui on le fait pas parce qu’on cherche des postes au gouvernement ou ailleurs. Pas du tout !
B24 : Le CDP est en passe de devenir chef de file de l’opposition politique. Quelles peuvent être les implications d’une telle position ?
Me Benewendé Sankara : [Suivre la réponse dans cette vidéo]
Vidéo – Me Benewendé Sankara : « Le CDP est en train de jouer un rôle historique dans sa vie »
Burkina 24
B24 : Voyez-vous l’Union pour le progrès et le changement (UPC) intégrer la mouvance ?
Me Benewendé Sankara : D’abord, c’est une question qu’il faut poser à l’UPC. Pour quelqu’un qui a été Chef de file l’opposition politique et qui l’est jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel confirme les résultats, qui a été candidat et qui a eu un certain discours qui est souvent aux antipodes du discours du chef de l’Etat, je cherche le point médian d’union dans un gouvernement pour pouvoir gérer le pouvoir d’Etat. Je n’ai pas encore vu, peut-être que ça existe quelque part.
Je suis allé à la majorité il y a cinq ans et je me suis expliqué. Maintenant, s’il (Zéphirin Diabré, ndlr) veut venir à la majorité, c’est à lui de donner plus d’arguments, convaincants, au peuple burkinabè. Sinon, je ne crois pas qu’il y ait un véto contre qui que ce soit.
Même si Eddie Komboïgo, qui en principe doit être le chef de file de l’opposition politique, fait une déclaration d’appartenance à la majorité, c’est son droit. Je ne peux pas juger des droits politiques, des droits civiques des uns et des autres.
Mais l’analyse que je fais c’est qu’il faut des explications, des arguments, parce que le peuple a aussi le droit de comprendre.
Propos recueillis par Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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