Tribune I Chute du président Condé : Quel coup de théâtre !
Ceci est une tribune de Cbs L’iconoclaste, écrivain chroniqueur, sur la situation sociopolitique en Guinée Conakry.
Tel un fruit mûr, le pouvoir d’Alpha Condé est tombé ce dimanche 5 septembre 2021 dans les mains du colonel Mamady Doumbouya, chef du groupement des forces spéciales guinéen, au terme d’une opération menée de main de maître à la vitesse hyper fulgurante d’une fusée qui a fait fondre comme du beurre, la sécurité présidentielle guinéenne en un temps record.
Tout porte à croire que la garde présidentielle était du tigre en papier ou aurait apporté sa caution à ce coup d’État salué par une bonne partie de l’Opposition politique et le peuple guinéens qui ont longtemps souffert le martyre et même payé le prix fort lors de sa résistance au projet de modification de la Constitution guinéenne par le régime Condé pour s’octroyer un nouveau et 3e mandat à travers l’élection présidentielle du 18 octobre 2020.
Pour ces Guinéens, la chute du professeur Condé est pain bénit, une lueur d’espoir inespérée au moment où Condé avait réussi « son coup de force » en assurant la « légitimité » de son 3e mandat qu’il exerçait sereinement sans la menace quelconque d’un nuage cafardeux sous le ciel politique guinéen.
Quel coup de théâtre ! Même si pour certains nationalistes, le président Condé paie là le prix de son inféodation supposée à Pékin au détriment de …, il est indubitable que la perte de son pouvoir dans les conditions que l’on sait, relève de la rançon de l’entêtement méphistophélique du professeur Condé à s’octroyer un bail de plus à la tête de la république guinéenne en donnant un coup de canif au contrat social guinéen que constitue la Constitution du pays.
En effet, il s’y aurait pris autrement en quittant le pouvoir en 2020 au terme de son 2e mandat qu’il se serait épargné cette fin de règne déshonorante où il est capturé, tel Laurent Gbagbo, par ses tombeurs. Mais pouvait-il en être autrement dans une Afrique où les princes régnants tirent rarement des leçons des errements de leurs anciens homologues dont certains même furent contraints de mettre fin à leur mandat légitime du fait de leur volonté affichée de violer, telle une vierge et belle demoiselle, leur Constitution pour rester ad vitam aeternam au pouvoir ?
À cet effet, les anciens présidents burkinabè et algérien, Blaise Compaoré et Abdel Aziz Bouteflika, sont des exemples concrets qui figurent dans la triste galerie des présidents dont la soif immodérée de demeurer longtemps au pouvoir a produit un effet boomerang à leur funeste projet.
Même leur proposition de mettre en place une transition d’un an au terme duquel ils quitteront le pouvoir, n’avait pas reçu l’onction du peuple qui les a fait débarrasser le plancher en 2014 et 2019 en se détachant, telles des feuilles marcescentes, du bambou présidentiel auquel ils étaient vissés. Diantre !
Condé seul dans ses poires d’angoisse
Aujourd’hui, la question que l’on est en droit de se poser, est celle de savoir s’il faut pleurer Condé ou plutôt rire sa chute. Triste fin de règne d’un opposant historique qui aura résisté aux régimes guinéens successifs de Sékou Touré et de Lassana Conté pour, envisageait-il, restaurer la démocratie dans son pays.
« Je ne modifierai jamais la Constitution. Ce serait trahir ce pour quoi je me suis toujours battu », avait-il d’ailleurs promis avant de faire un rétropédalage. S’étant laissé envoûter par les lambris dorés des palais présidentiels et les sirènes du pouvoir, Condé quitte ainsi tristement le pouvoir, l’histoire ne retenant plus généralement que les dernières images.
La suite de l’histoire de la Guinée appartient désormais au reste des acteurs sociopolitiques qui doivent travailler à faire respecter par les putschistes leur engagement à ne pas rester durablement au pouvoir.
Ce, étant donné qu’il est devenu une mode pour les putschistes de nous servir sous nos tropiques une telle rengaine qui relève désormais d’une ruse cousue avec du fil blanc qui n’épate plus personne. À l’heure où se forme le crépuscule du règne Condé obligé à la retraite politique comme Ben Ali, Compaoré, Bouteflika, etc., tous les Raspoutine qui défendaient avec bec et ongles la nécessité de son 3e mandat en prêchant l’évangile Condé selon lequel après Condé, c’est le déluge, vont faire profil bas et laisser Condé seul dans ses poires d’angoisse.
Et en politicien chevronné, Condé devrait le savoir mieux que quiconque. Bref, Condé n’a fait que récolter ce qu’il a semé. Comme le dit un proverbe africain, « Qui vit longtemps, voit la danse de la colombe ».
Cbs L’iconoclaste
L’écrivain chroniqueur
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