Procès Sankara : Le chef de service de la table d’écoute de la gendarmerie à la barre
A la suite de Yé Bognessan Arsène, le témoin Boukary Douamba est à la barre pour faire sa déposition. Adjudant-chef Major à la retraite, Boukary Douamba était le chef de service de la table d’écoute de la gendarmerie au moment des événements du 15 octobre 1987.
Le témoin a, dans son récit, confié avoir entendu des coups de feu à partir de son service sans savoir de quoi il s’agissait. Il dit également avoir passé la nuit dehors du fait des dispositifs de blocage qui l’ont empêché d’avoir accès à son service.
« J’étais en tenue de sport, après les coups de feu, je suis allé à la maison pour m’habiller en tenue militaire et prendre mon arme pour venir défendre le camp. A mon retour, j’ai vu des dispositifs qui ont engendré un embouteillage. Ceux qui étaient là étaient en treillis, ils ont renversé les berrets. Mais je n’ai pas eu accès au camp », a-t-il raconté.
Le témoin a continué dans les jours suivants, à aller à son service jusqu’à être arrêté. « Mi-novembre, Jean Pierre Palm est venu avec un Blanc pour inspecter nos matériels. En sortant le Blanc m’a indexé que d’arrêter celui là, qu’il est très dangereux. Après, deux gendarmes sont venus m’escorter à l’escadron. Arrivé, Palm était avec Gaspar Somé et Djibrill Bassolé, il a dit de me conduire à la salle C », souligne-t-il.
Il dit également avoir passé plus d’un mois enfermé avant de retrouver la liberté. A la suite de la déposition du témoin Doumbia Boukary, l’accusé Jean Pierre Palm a été rappelé à la barre. Le récit de Doumbia Boukary le cite comme celui qui a conduit un Blanc pour inspecter la table et aussi comme celui qui a ordonné son arrestation.
Jean Pierre Palm ne reconnaît pas les dires du témoin. « La mission du Blanc était une mission officielle. Mais je pense qu’aucun Blanc ne peut venir ici dire d’arrêter un gendarme. Et depuis la mort de Seydou Bancé, moi et Gaspar on était chien et chat. On ne se fréquentait pas, donc c’était impossible qu’il vienne nous trouver ensemble à la gendarmerie », a-t-il laissé entendre.
Pour le témoin, son affectation à la suite de sa détention est venue de Jean Pierre Palm. « Jean Pierre Palm a dit que tous ceux qui ont leur nom sur la liste ne reverront jamais la casquette jusqu’à leur mort », a-t-il révélé.
Mais ce dernier ne s’y reconnait pas, « Il y avait un manque au niveau de l’administration territoriale et chaque corps a proposé, il n’était pas le seul. On s’est rendu compte après qu’il y a eu des erreurs et des techniciens ont été affectés et on les a faits revenir à Ouaga », a-t-il confié.
Mais pour le témoin c’est un étonnement face au rejet de Jean Pierre Palm. « Je suis étonné du fait qu’il dise qu’il n’est pas au courant. Comment deux gendarmes peuvent venir m’escorter à pied et arrivés à l’escadron, c’est lui Gaspard et Djibril Bassolé qui étaient là ? », a-t-il exprimé.
Akim KY
Burkina 24
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