Affaires religieuses : Les traditionalistes plaident pour une reconnaissance au même titre que les autres religions
Issaka Sourwema poursuit les prises de contact avec les différents acteurs qui composent son portefeuille ministériel. Le vendredi 8 avril 2022, il a rencontré les traditionalistes communément appelés «chefs de terre».
Après la rencontre avec leur ministre de tutelle, les chefs de terre plaident pour plus de considération à leur égard surtout concernant les endroits destinés à leurs cultes.
Ils demandent la même reconnaissance que les autres religions dites révélées. Ils se disent marginalisés au détriment de celles-ci, alors qu’ils affirment avoir procédé à leur installation.
Ces derniers ont insisté à ce qu’ils aient les papiers pour leurs lieux de culte au même titre que les églises et les mosquées. Car disent-ils, la plupart de ces lieux où ils font leur culte sont identifiés comme des réserves administratives.
La reconnaissance des lieux de culte
Et aujourd’hui, avec l’urbanisation, ils sont en train de perdre ces lieux espaces. D’où leur cri de cœur pour que l’État se penche sur ce problème. Ils ont aussi demandé l’instauration d’une journée spécifiquement dédiée à la religion traditionnelle, une journée de fête traditionnelle comme c’est le cas avec les autres religions. Bref, ils plaident pour une reconnaissance officielle.
Ils ont également prié pour que les mânes des ancêtres accompagnent les forces défense et de sécurité pour le retour de la paix au Burkina Faso.
Le ministère en charge des affaires coutumières a promis de porter leurs doléances à qui de droit pour trouver des solutions aux préoccupations posées.
Cependant, Issaka Sourwema a clarifié aux chefs de terre qu’au regard de la situation sécuritaire du pays, tous les Burkinabè quelle que soit leur appartenance religieuse ou leur croyance doivent s’unir pour barrer la voie à l’ennemi qui cherche à les disperser.
«Et pour y faire face, chacun dans sa religion, chacun dans son village, chacun dans sa ville, chacun dans sa maison doit faire tout ce qu’il peut faire pour que le pays recouvre sa paix d’antan», a-t-il invité en tout rappelant que ces pratiques sont déjà encrées dans la société burkinabè. Mais au vu de la situation actuelle du pays, un effort supplémentaire doit être fait.
Pour le ministre Sourwema, tout Burkinabè a déjà pratiqué la religion traditionnelle d’une manière ou d’une autre. Celui qui dit qu’il n’a pas pratiqué la religion traditionnelle, avance-t-il, son père l’a pratiquée, si non, son grand père et ainsi de suite.
«De toute façon, les religions dans lesquelles nous sommes aujourd’hui, nous sommes pour la plupart des conversions récentes. À part, les peuls et puis les yarcés, nous sommes pour la plupart des conversions récentes. Si nous sommes pour la plupart des conversions récentes, ça veut dire que nos parents, nos grands parents, nos arrières grands parents nous ont laissé épouser des religions abrahamiques », a-t-il commenté.
Différence entre religion traditionnelle et fétichisme
Ainsi, il a redoublé que si les grands parents ont été tolérants en permettant à leurs enfants de rejoindre les religions abrahamiques, aujourd’hui, il n’y a aucune raison qu’une de ces religions s’en prennent à la religion traditionnelle.
Issaka Sourwema a rappelé, à cet effet même, la laïcité prônée au Burkina Faso, et a mentionné que l’on ne peut pas faire des obligations à quelqu’un pour qu’il regagne une quelconque religion, si ce n’est pas de son choix.
Au même titre, il a convié les Burkinabè à faire une démarcation entre le fétichisme et la religion traditionnelle. Il a précisé que les pratiquants de la religion traditionnelle ne sont pas des féticheurs, ils disposent d’un autel où ils font leurs sacrifices qui n’est pas un fétiche.
Les féticheurs, selon lui, sont des vendeurs d’illusion et il invite à faire une différence entre ces derniers et les pratiquants de la religion traditionnelle. À l’en croire, la différence entre les deux est fondamentale.
Willy SAGBE
Burkina 24
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