« Personne n’a jamais tort, tout le monde a raison. L’ange c’est moi, le diable c’est lui » (Lookmann Sawadogo)
Ceci est une tribune de Lookmann Sawadogo, journaliste éditorialiste, auteur.
De manière générale, face à l’imperfection de l’homme, aux erreurs et fautes qui sont consubstantielles à la vie, l’humanisme enseigne la contrition, la repentance, la remise en cause, le mea culpa, etc. Les révolutionnaires burkinabè avaient un principe bien connu et intéressant, c’était l’autocritique.
Souvent on l’entend encore dans le langage d’une personne comme Émile Pare. Mais c’est devenu une rhétorique creuse. Autres temps autres mœurs.
Aujourd’hui au Burkina Faso. Nous sommes devenus si intolérants et d’un orgueil à l’excès et anormal que personne n’a jamais rien fait; personne n’a tort; tout le monde a raison. Mieux, l’ange c’est moi, c’est nous. Le diable c’est lui, c’est eux.
Je me pose souvent des questions sur la nature de l’être burkinabè d’aujourd’hui. Tant de ceux qui gouvernent que de ceux qui sont gouvernés. Mais en même temps je comprends que c’est bien la crise de société.
C’est étonnant de voir certains faits comportementaux dignes de l’état névrotique du Burkinabè d’aujourd’hui.
1- On a écrit toutes les bonnes lois en faveur de l’équité, la justice sociale, la transparence, l’égalité des chances, l’accès de tous aux biens du pays. Mais ça n’empêche pas les malversations outrancières. La criminalisation de l’Etat est comme devenue un paradigme de gestion publique. C’est banal et presque normal de corrompre l’autre ou de se laisser corrompre par l’autre. C’est l’intégrité et la probité qui sont comme devenues des crimes.
Malgré tout, on refuse de rendre compte. On maudit, dénigre, dénonce des audits et ceux qui sont favorables à ces audits qui ne servent pourtant simplement qu’à expliquer aux citoyens comment leurs derniers ont été utilisés. On se confond en lamentations et on dit même de ne pas en parler.
Ou que ce n’est pas le moment opportun ou que ça n’a pas d’importance à présent. C’est comme si tous les voleurs et autres malfaiteurs de la cité allaient demander de fermer les commissariats de police et les palais de justice parce que ce n’est pas le bon moment.
2- Quand j’observe la scène politique et le pouvoir récemment déchu. Ce dernier a sollicité et obtenu un mandat pour diriger le pays pendant 6 ans. Au bilan, c’est 2 millions de personnes déplacées, plus de 2000 morts, deux tiers du territoire occupés par des rebelles armés.
Mais jusque- là personne ne semble se reprocher de rien. On n’a rien fait de mauvais. On n’est pas prêt ni à rendre compte de sa gestion ni à reconnaître sa faute. Ce qui est un vrai problème pour soi, la pire des choses ressassée au point de susciter l’indignation c’est d’avoir été enlevé du pouvoir par des militaires.
Conséquence, là où l’on devait raisonner et faire prévaloir une intelligence collective c’est au contraire l’hostilité, l’adversité et une lutte du pouvoir en sourdine. Pourquoi le MPP ne peut-il pas adresser un discours historique au peuple, pour demander pardon ? Ça le grandirait ou ça le diminuerait ? Le CDP vient d’annoncer ouvertement son soutien à la transition.
Pourquoi le MPP, l’UPC et les autres ne peuvent-ils pas le faire ? Pourtant, ses gestes politiques parmi les plus difficiles ont été faits dans ce pays pour la paix et la stabilité. Les candidats de la présidentielle de 2020, chaotique du reste, sont allés féliciter le président KABORE déclaré élu. C’était fort et symbolique.
Or ce qu’on entend le plus ici et là c’est d’exiger au pouvoir de Transition des résultats surhumains. On lui demande d’enlever en 3 mois les mauvaises herbes du champ qu’on avait en charge et qu’on a laissé envahir pendant plusieurs années.
Preuve qu’on fuirait sa responsabilité qu’on n’entend pas assumer devant l’histoire. Le régime COMPAORE après l’insurrection a été contraint d’assumer sa responsabilité devant les tribunaux de l’histoire au travers des procès. Ses dirigeants ont été frappés d’exclusion temporaire des élections. Je souhaite que cela soit un mauvais souvenir qui ne se répète plus.
Tout le problème ici est que chez le Burkinabè d’aujourd’hui c’est toujours l’autre le problème. C’est l’autre qui a tort. On ne veut jamais reconnaître son tort et se remettre en cause. L’humilité, le sens de la responsabilité manquent.
En sommes nous manquons de grandeur d’âme ou disons de vrais leaders, de gens qui ont une grandeur d’âme. On crie peuple partout mais à la réalité on est souvent très loin d’être pour son intérêt et l’intérêt général.
Nous devons tous revenir à la raison et quitter nos torpeurs et calculs particularistes au profit du destin commun en peine.
Lookmann SAWADOGO
Journaliste éditorialiste
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