Journée nationale de la liberté de la presse : « La démocratie est mise à rude épreuve » (Guézouma Sanogo)
Ceci est une déclaration du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) à l’occasion de la Journée nationale de la liberté de la presse.
Mesdames et messieurs les invités, tout protocole observé,
Messieurs les membres du Comité de pilotage du CNP -NZ,
Je voudrais au nom du Comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) vous souhaiter la bienvenue à la cérémonie commémorative de la 24e Journée nationale de la liberté de la presse.
Merci d’avoir honoré le Centre national de presse Norbert Zongo et par-delà la presse, par votre présence. Merci surtout de matérialiser ainsi votre adhésion au combat pour la liberté d’expression et de la presse, au-delà, la liberté, la démocratie et l’Etat de droit.
A la mémoire des martyrs de l’insurrection populaire de 2014, de la résistance victorieuse au coup d’Etat de 2015, ainsi qu’à celle des milliers de martyrs militaires et civils victimes du terrorisme, je voudrais solliciter une minute de recueillement.
Merci.
Mesdames, messieurs !
Nous commémorons, aujourd’hui 20 octobre 2022, la 24e Journée nationale de la liberté de la presse. Instituée en 1998 par le CNP-NZ, cette journée rappelle le 20 octobre 1993, date à laquelle une pétition populaire avait été initiée par le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) en vue d’une relecture du Code de l’information de 1990 par l’Assemblée des députés du peuple.
Le MBDHP que nous saluons au passage a été soutenue dans cette action par les organisations professionnelles des médias que sont l’Association des journalistes du Burkina (AJB), la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC).
Mesdames, messieurs !
Le 14 octobre 2022, les forces vives du Burkina ont investi le Capitaine Ibrahim Traoré comme Président d’une Transition débutée le 02 octobre 2022, une date symbolique pour le Burkina Faso. En effet, le 02 octobre 1983, le Capitaine Thomas Sankara proclamait le Discours d’Orientation Politique (DOP), après la prise du pouvoir par le Conseil National de la Révolution.
Le Capitaine Ibrahim Traoré est le deuxième Président militaire investi par les délégués des forces vives du Burkina en l’espace de huit mois. Il succède au Lt- colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le premier Président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), qu’il a renversé le 30 septembre 2022 par un putsch. Comme Damiba, le Capitaine Traoré est issu du MPSR.
C’est dire que la 24e Journée nationale de la liberté de la presse se tient dans un contexte où la démocratie est mise à rude épreuve, sacrifiée sur l’autel de la lutte des clans au sein des Forces Armées pour la gestion du pouvoir d’Etat. Tout se passe comme si la démocratie était inefficace contre le terrorisme. Les manifestations de soutien observées lors des événements du 30 septembre, 1er et 02 octobre 2022 ont de quoi conforter les tenants d’une telle thèse.
Mesdames, messieurs !
Pour ce qui est des huit mois de ce qu’il est convenu d’appeler maintenant le MPSR 1, les défenseurs de la liberté de la liberté d’expression et de la presse ont vu rouge. De janvier à septembre 2022, le CNP-NZ a publié une dizaine de déclarations d’interpellations sur des cas de violations de la liberté d’expression et de la presse.
« Régime de Transition : Sauvegarder les libertés individuelles et collectives ! ».
Entre intimidations, agressions des journalistes et des défenseurs de la liberté d’expression et de la presse, blocage du Conseil supérieur de la Communication, vous comprendrez pourquoi, nous avons choisi comme thème de cette 24e édition : « Régime de Transition : Sauvegarder les libertés individuelles et collectives ! ».
Il s’agit à travers ce thème, d’apprécier la liberté de la presse telle que vécue depuis l’avènement du MPSR en janvier 2022, de proposer des pistes pour défendre la liberté d’expression et de la presse dans ce contexte et d’interpeller l’ensemble des défenseurs de la liberté d’expression et de la presse à plus de vigilance.
C’est le lieu pour moi de témoigner le soutien du Centre à l’ensemble des victimes de violations de la liberté d’expression et de la presse depuis l’avènement du MPSR.
Nous espérons que les invités vont saisir l’espace du panel pour s’exprimer et nous permettre de sortir d’ici avec de nouvelles « armes », à même de nous faire gagner des victoires.
En tout état de cause, il est illusoire de croire que la libre expression des opinions est antinomique d’avec la lutte contre le terrorisme. Le black-out et la voix unique imposés par les gouvernants dans la lutte contre le terrorisme sont loin de constituer une réponse appropriée à l’obscurantisme et à la barbarie promus par les terroristes.
La promotion et la protection des libertés ont bien leur place dans notre contexte.
Mesdames, messieurs !
A la faveur de la 24e Journée nationale de la liberté de la presse et, au regard des nombreux défis, le Centre national de presse Norbert ZONGO s’est donné les moyens de reconstruire son mécanisme d’alerte. Nous avons en effet mobilisé de nouvelles ressources humaines à travers les 13 régions à même de nous alerter sur toutes les atteintes à la liberté d’expression et de la presse. Nous espérons surtout beaucoup de réactivité de la part de nos partenaires du mécanisme d’alerte.
En plus des atteintes à la liberté d’expression et de la presse constatées depuis l’avènement du MPSR, il sied d’interpeller les nouvelles autorités sur la léthargie voulue et orchestrée au sein du Conseil supérieur de la Communication. Cela fait plusieurs mois maintenant que l’instance de régulation n’arrive plus à jouer son rôle, faute de décret nommant son Président, qui avait pourtant été élu au préalable par ses collègues conseillers.
Lire également 👉Liberté de presse au Burkina: Les défenseurs « ont vu rouge » durant les 8 mois du MPSR 1
C’est le lieu pour nous de rappeler que le CSC ne sert pas qu’en temps d’élections. L’institution qui a su se forger une certaine légitimité auprès de l’opinion et des acteurs de la communication et des médias, est utile et même très utile en période de crise. Il faut donc vite remédier à cette anomalie.
Mesdames, messieurs !
Le Comité de pilotage du CNP-NZ saisit la tribune de la 24e Journée nationale de la liberté de la presse pour réitérer ses remerciements à ses partenaires que sont l’Ambassade royale du Danemark au Burkina, la Deutshe Welle Akademie et l’ONG allemande EIRENE.
Nous réitérons notre soutien à l’ensemble des journalistes et médias burkinabè en ces moments difficiles où l’intolérance vis-à-vis de la liberté d’expression et de la presse est une constante.
Notre soutien va également à l’ensemble des défenseurs des droits humains et de la liberté d’expression et de la presse.
Vive la liberté de la presse !
Vive la Journée Nationale de la Liberté de la Presse !
N’an Laara, An Saara !
Ouagadougou, le 20 octobre 2022
Pour le Comité de Pilotage,
Le Président,
Guézouma Sanogo
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