Togo : L’opposition appelle à manifester contre la nouvelle constitution
Au Togo, l’opposition a appelé le Mercredi 27 Mars 2024 à manifester contre la promulgation par le président de la République, Faure Gnassingbé, de la nouvelle constitution. S’il arrivait qu’elle le soit, les futures élections présidentielles seront annulées et le mandat du président actuel irait jusqu’en 2031 d’autant plus qu’elle augmente également les mandats présidentiels de cinq à six ans.
La constitution, qui a été adoptée par le Parlement togolais en début de semaine, attend d’être approuvée par le président Faure Gnassingbé à qui revient le dernier mot.
Ainsi, la nouvelle loi accorde au Parlement le pouvoir de choisir le président de la république, supprimant de facto le suffrage universel direct que le pays avait adopté en 1992 à la faveur du vent de la démocratie qui avait soufflé sur l’Afrique. En clair, la probabilité de la réélection du président Faure est très probable à l’expiration de son mandat en 2025.
Certains experts juridiques affirment que la Constitution restreint en fait le pouvoir des futurs présidents en introduisant une limite d’un mandat et en donnant plus de pouvoir à un personnage similaire à un premier ministre. Mais l’opposition craint que la fonction de président du conseil des ministres ne devienne une autre voie pour Gnassingbé pour étendre son emprise sur le pouvoir.
L’opposition estime que cette loi est une stratégie de Gnassingbé pour encore garder le pouvoir et prolonger son règne. Elle a alors promis d’en empêcher la signature en appelant le peuple à descendre dans les rues.
« Nous savons que la lutte sera longue et difficile, mais avec le peuple togolais, nous ferons tout notre possible pour empêcher ce coup d’État constitutionnel », a déclaré Eric Dupuy, porte-parole du parti d’opposition Alliance nationale pour le changement. « Nous appelons la population à rejeter cela, à s’y opposer massivement », a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez le clergé catholique pour qui cette nouvelle constitution est inadaptée et concourt à faire du président Faure Gnassingbé un président à vie pour le Togo. Selon eux, le mandat du parlement avait expiré en décembre avant les élections législatives du 20 avril et que les législateurs n’avaient pas le droit d’adopter une nouvelle constitution.
Les évêques ont exhorté Gnassingbé à retarder la signature de la nouvelle constitution et à s’engager plutôt dans un dialogue politique inclusif après le scrutin du mois prochain. La police a interrompu ce Mercredi 27 Mars une conférence de presse convoquée par l’opposition, expulsant les dirigeants et les journalistes.
« L’Assemblée n’a pas le pouvoir de réviser une constitution (…) Le pouvoir de réviser la Constitution lui est conféré pendant son mandat », a déclaré Zeus Ajavon, pour qui un référendum était nécessaire pour que le pays adopte une nouvelle constitution. Le Togo est gouverné par la famille Gnassingbé depuis 57 ans. Le fils Faure Gnassingbé est au pouvoir depuis 2005 après avoir remporté des élections contestées par l’opposition.
Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Burkina 24
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