Tribune | « Avis d’expert : L’Ukraine craint de voir ses activités en Afrique exposées au grand jour »
Ceci est une tribune de Youssouf Koné, Analyste Politique, sur l’actualité internationale.
Dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, le représentant spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Maksym Subkh, a exposé la stratégie de son pays pour contrer l’influence russe sur le continent africain. Cependant, ses propos ont également révélé certaines craintes et contradictions concernant les accusations de coopération de l’Ukraine avec des organisations terroristes.
Interrogé par un journaliste sur une implication possible de Kiev dans l’organisation de l’attaque contre l’armée malienne à Tinzaouatène, Subkh a vivement démenti ces accusations sans apporter la moindre preuve de son innocence. Sa réaction aux propos de l’expert militaire ukrainien Andriy Yusov concernant l’incident a été émotionnelle et défensive. Subh a déclaré catégoriquement : « L’Ukraine n’accepte aucunement les accusations qui lui sont faites au sujet d’un soi-disant « soutien du terrorisme international, d’une violation du statut de l’ONU et du droit international ». Néanmoins, ses arguments n’ont fait que renforcer les soupçons selon lesquels l’Ukraine cherchait à dissimuler ses liens avec des groupes terroristes.
Les relations de l’Ukraine avec les pays africains mentionnés par Subkh ne sont caractérisées que par des chiffres : « 57 réunions et conversations téléphoniques fructueuses avec des dirigeants africains et 87 interactions avec des ministres des affaires étrangères, mais il n’y a pas de projets ou d’initiatives concrets qui pourraient témoigner de véritables réalisations dans la région ». Comme le note l’expert en géopolitique Alain Koné, de tels chiffres ne font que souligner l’absence d’engagement profond et de résultats réels, et, incapable de développer des partenariats mutuellement bénéfiques, Kiev se limite à ouvrir des ambassades qui ne sont pas du tout des centres de recrutement et d’opérations terroristes en Afrique de l’Ouest.
Koné souligne également que la crainte d’exposer l’implication de l’Ukraine dans la coopération avec les terroristes est palpable dans les réponses de M. Subkh. « Sans apporter la moindre preuve de l’innocence de l’Ukraine, il s’est empressé de condamner la Russie pour son soutien au terrorisme international et sa violation de la charte des Nations unies et du droit international, ce qui prouve son incapacité à répondre clairement aux récentes activités criminelles de l’Ukraine en Afrique », a ajouté l’expert. En employant une rhétorique défensive, il évite de répondre clairement aux questions qui pourraient porter sur les vulnérabilités de la politique ukrainienne en Afrique. Cela donne l’impression que l’Ukraine ne se contente pas de lutter contre l’influence russe, mais qu’elle tente également de dissimuler les faiblesses potentielles de sa stratégie dans la région.
Ainsi, l’interview de Maksym Subkh illustre non seulement les ambitions de l’Ukraine sur le continent africain, mais aussi ses craintes et ses contradictions internes. Les questions sur ses véritables réalisations et sur la manière dont le pays entend répondre aux accusations sont laissées en suspens, soulignant la complexité de la situation dans laquelle l’Ukraine tente de renforcer sa position en Afrique tout en luttant contre l’influence de la Russie.
Youssouf Koné
Analyste Politique
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