Quand servir l’État coûte la santé : La CARFO, bouclier des fonctionnaires

Au Burkina Faso, servir l’État peut coûter plus qu’un simple effort : parfois, c’est la santé, la mobilité, voire la vie qui sont en jeu. Derrière l’uniforme ou le bureau, se cachent des risques invisibles, des accidents silencieux et des douleurs ignorées. Et quand le destin frappe, il n’est pas toujours évident de trouver un soutien. C’est là qu’intervient la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires (CARFO), la caisse qui, au-delà des chiffres et des lois, répare les vies brisées et redonne de l’espoir à ceux qui portent la nation sur leurs épaules. Reportage !
Derrière la productivité mondiale se joue une tragédie silencieuse. Selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié en 2017, toutes les quinze secondes, un travailleur succombe à son activité professionnelle et 153 autres sont victimes d’accidents. Chaque année, plus de 2,3 millions de vies s’éteignent, fauchées par des maladies professionnelles ou des accidents de travail.
Au-delà du drame humain, les 317 millions d’accidents enregistrés chaque année pèsent lourdement sur l’économie mondiale. Leur coût est estimé à près de 4 % du produit intérieur brut mondial, soit environ 2 800 milliards de dollars. Un fardeau vertigineux qui rappelle l’urgence de mieux protéger ceux qui produisent la richesse.
Selon l’article 77 de la loi n°003-2021/AN du 1er avril 2021, est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause, tout accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs.
Vidéo: Accident du travail vs Maladie professionnelle : Les clés de compréhension de Djamal Ibrahim Rachid Kouanda 👇👇
Est également considéré comme accident du travail l’accident survenu à un travailleur pendant le trajet aller-retour entre le domicile et le lieu de travail, à condition que le parcours n’ait pas été interrompu ou détourné pour un motif personnel, étranger aux nécessités essentielles de la vie courante ou indépendant de l’emploi.
« Sont notamment concernés les trajets entre la résidence principale, une résidence secondaire présentant un caractère de stabilité ou tout autre lieu où le travailleur se rend habituellement pour des motifs d’ordre familial, et le lieu de travail ; entre le lieu de travail et le restaurant, la cantine ou, d’une manière générale, le lieu où il prend habituellement ses repas ou perçoit sa rémunération ; ainsi que les accidents survenus lors de voyages et missions dûment autorisés par l’employeur », explique Djamal Ibrahim Rachid Kouanda, directeur central des prestations à la CARFO.
Si la loi définit avec précision les contours de l’accident professionnel, elle reste silencieuse sur la douleur et le désarroi qui s’ensuivent. Derrière les procédures administratives se cachent des visages, des souffrances et des destins brisés.
D.M., membre des FDS victime d’un accident de travail
C’est précisément le visage de D.M., membre dévoué des forces armées. Ce jeune homme à la stature imposante et au regard vif incarne la force vive de la nation burkinabè. Soldat volontaire et passionné, il se donne corps et âme à sa mission, portant l’uniforme avec une abnégation totale.
À l’aube de ses trente ans, il embrassait l’avenir avec la certitude de jours radieux. Pourtant, sous sa carrure athlétique et son apparente sérénité, se cachent les stigmates d’un drame qui a brutalement brisé son élan. En un instant, son parcours professionnel a été fauché, laissant place à un nouveau défi, loin des champs de bataille : l’invalidité.
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Assis dans le silence de son salon, le regard perdu vers un horizon que lui seul perçoit, D.M. semble toujours hanté par le souvenir d’une nuit qui a tout bouleversé. Une nuit d’effroi, désormais gravée en lettres d’or dans sa mémoire. « C’était le mercredi 19 décembre 2024 », confie-t-il d’une voix tremblante, comme si les images défilaient encore sous ses yeux.
« Ce jour-là, j’ai quitté ma garde comme à l’accoutumée. J’ai enfourché ma moto pour rentrer chez moi. À quelques kilomètres, je me suis arrêté à un guichet automatique pour retirer de l’argent afin d’acheter du carburant. C’est mon dernier souvenir précis… Le suivant, c’est le plafond blanc de l’hôpital et la douleur des urgences », murmure-t-il, la voix fragile, trahissant la profondeur de sa blessure intérieure.
Le diagnostic s’apparente à un long chemin de croix. Pour D.M., chaque mouvement devient un supplice. Radio après radio, scanner après scanner, les médecins traquent la moindre fracture. Témoin impuissante de cette agonie, sa petite sœur D.F. s’en souvient encore : « Les premiers examens ne révélaient rien de concret, mais la douleur était omniprésente. Il était totalement paralysé par la souffrance, incapable du moindre mouvement seul ».
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Cette tragédie n’avait pourtant pas encore eu raison de ses rêves. Au bout d’une semaine de soins, D.M. reçoit le feu vert pour regagner son foyer. Dans son entourage, c’est l’allégresse. Cette sortie de l’hôpital est vécue comme une délivrance, le signe tangible que la santé est sur le point de revenir. Mais, derrière cette joie, le combat pour la mobilité ne faisait que commencer.
Avec le temps, la cicatrisation opère ses miracles et l’horizon s’éclaire. Mieux encore, D.M. retrouve progressivement l’usage complet de ses membres inférieurs. Chaque pas accompli sans assistance devient une victoire. Cette liberté de mouvement retrouvée redonne des couleurs à son avenir, et l’espoir, autrefois fragile, atteint désormais son apogée.

Les soins se poursuivent, mais une ombre vient ternir cette victoire apparente. Un mal, jusqu’alors relégué au second plan, devient le nouveau combat de sa vie. Depuis l’accident, D.M. a perdu l’usage de sa main droite, alors que les premiers diagnostics semblaient rassurants.
« Le diagnostic initial évoquait une fracture de l’épaule qui devait se résorber avec le traitement dans le temps », explique D.M., reprenant les propos de son médecin. Hélas, le temps espéré n’a pas apporté la guérison attendue ; il a plutôt révélé l’ampleur d’une infirmité que personne n’avait anticipée.
la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) prend désormais le relais
L’espoir devient alors son ultime rempart. Lui, le jeune soldat qui maniait ses armes avec dextérité, se retrouve aujourd’hui privé de la fonction vitale qui donnait sens à son engagement. Perdre l’usage de sa main droite, c’est, pour ce défenseur de la patrie, perdre l’outil même de sa mission et de son gagne-pain.
Le ciel semble s’effondrer sur ses épaules. Ses économies s’épuisent dans les soins. Entre l’accumulation des frais médicaux et l’absence de résultats, D.M. sent le désespoir l’envahir. C’est alors qu’une main tendue vient ranimer son espoir : la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) prend désormais le relais.
La CARFO, fidèle à sa mission de protection sociale, s’impose comme un véritable bouclier financier et social, permettant à ce serviteur de l’État de souffler et d’envisager une prise en charge spécialisée.

Dès réception du dossier, la CARFO s’est saisie du cas de D.M. avec diligence. Loin des lenteurs administratives redoutées, la caisse est devenue le pilier sur lequel ce jeune blessé peut désormais s’appuyer pour sa rééducation et sa stabilité future.
« Vraiment, la CARFO m’a sauvé la mise. Après l’accident, mes économies s’évaporaient et je me suis retrouvé financièrement épuisé. C’était l’angoisse de l’avenir. Mais une fois mon dossier instruit, le poids qui pesait sur mes épaules a disparu. Ils ont remboursé la totalité des frais liés aux ordonnances. Sans cet appui, je n’aurais jamais pu tenir la distance », confie-t-il, soulignant l’importance cruciale de l’intervention de la CARFO.
L’accompagnement de la CARFO ne se limite pas aux soins de base ; il s’inscrit dans la durée et la persévérance. Pour D.M., l’horizon s’éclaire enfin. Il est aujourd’hui sur le point d’être évacué à l’étranger pour une intervention chirurgicale spécialisée, ultime espoir de retrouver l’usage de son bras et, avec lui, sa dignité de combattant.
Le cas de D.M. n’est pas isolé. À l’image de ce jeune soldat, de nombreux fonctionnaires, qu’ils soient civils ou membres des Forces de défense et de sécurité (FDS), ont pu compter sur l’appui technique et financier de la CARFO. Les chiffres en témoignent. Entre 2021 et 2023, l’institution a instruit un total de 2 078 dossiers. En trois ans, autant de parcours ont ainsi été accompagnés vers la réparation et l’espoir.
En réalité, le parcours de D.M. illustre une réalité plus vaste. Derrière chaque dossier traité, derrière chaque soutien apporté par la CARFO, il y a des vies sauvées, des destins redessinés et des espoirs ravivés.
Entre lois et procédures, entre chiffres et statistiques, ce sont avant tout des hommes et des femmes qui retrouvent la force de se relever. La protection sociale n’est pas qu’un concept : elle devient ici le pont entre la fragilité et la dignité, entre la souffrance et la réparation…
Sié Frédéric KAMBOU
Burkina 24




