L’écrivain Youssouf Ouédraogo « espère un avenir politique radieux » pour le Burkina
Youssouf Nakaosgnimdi OUEDRAOGO est un jeune écrivain burkinabé qui vient de publier son troisième livre intitulé « Discours d’une jeunesse insurgée ». Il est présentement le Directeur des études et des Stages du Complexe Scolaire Privé Providence / Loumbila (CSPP-L). Dans cette interview qu’il nous a accordée, il fait son analyse de l’insurrection et du putsch ; mais, il indique aussi la voix à suivre pour la production d’un livre.
Burkina24 : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Youssouf N. Ouédraogo : Je suis Youssouf Nakaosgnimdi Ouédraogo. Je suis né le 31 Décembre 1989 à Soubeira Nakoara dans la province de Sanmatenga et j’ai fait mes études primaires à l’école Pousghin Evangélique de 1996 à 2002, mon collège au lycée départemental de Loumbila de 2002 à 2006 et mes études secondaires au Lycée Provincial Bassy de Ziniaré de 2006 à 2009. Je suis aujourd’hui un jeune juriste, nouvelliste et essayiste. Je suis également marié et père d’un garçonnet. Mon épouse se nomme Minata TRAORE et mon fils Irfane.
Quelles sont vos œuvres publiées jusqu’à présent ?
Il y a « Destin à trois chemins », une nouvelle, éditée en Juillet 2011 ; « Réussir son examen de baccalauréat » qui est un Guide pratique de Français, publiée en décembre 2012 et récemment « Discours d’une Jeunesse Insurgée ».
En tant qu’écrivain, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans votre carrière ?
Les difficultés sont nombreuses. D’abord, ce n’est un secret pour personne. Beaucoup d’auteurs vivent difficilement de leur art sous nos tropiques. Ils n’ont pas de soutien à la hauteur de leurs attentes.
Ensuite, la lecture n’est pas le véritable loisir de bons nombre de Burkinabè. Toute chose qui ne facilite pas la visibilité et la vitalité des écrivains. Le rêve de tout bon auteur est d’être beaucoup lu et reconnu. Enfin, il nous manque de cadres permanents de promotion de nos écrits. Hormis les quelques occasions littéraires, le reste du temps est morose. Notre blason a donc besoin d’être redoré.
Quel intérêt trouvez-vous alors à écrire dans un pays où les gens lisent peu ?
C’est vrai ! Dans un pays où les gens lisent moins, dans un monde également où les Technologies de l’information et de la communication ont pris un grand pas, on est en droit de s’interroger sur l’avenir des hommes aux belles lettres. En tout état de cause, deux grandes convictions guident notre engagement dans cette aventure.
La première dérive de notre slogan de cœur : « les écrits restent, les paroles s’envolent ». Il faut pérenniser et restituer juste notre Histoire à travers la plume pour les futures générations. L’Afrique et les Africains en savent mieux que quiconque. Il a fallu des écrits pour confirmer l’existence de nos cultures et de notre littérature- mère (je veux parler de la tradition orale). Notre deuxième conviction est que toutes les grandes nations se sont développées en s’appuyant sur leurs propres cultures et en accordant du crédit à la lecture. Donc il faut écrire.
Mais comment édite-t-on un livre ?
Une fois le manuscrit terminé, l’auteur contacte un éditeur pour solliciter la matérialisation de son rêve. L’éditeur contacté soumet le projet de livre à son comité de lecture, chargé de le diagnostiquer dans toute sa plénitude. Si le projet est porteur (intéressant et éditable, donc commercialisable) l’éditeur propose les formules d’édition à l’auteur, chacune avec ses implications.
Il s’agit en l’occurrence de l’édition à compte d’auteur et celle à compte d’éditeur. A défaut, la formule de l’auto-édition reste une autre option pour l’auteur, elle aussi n’est pas sans exigences.
Vous venez de publier un dernier livre dédicacé le 22 novembre 2015 à l’ENAM. Combien d’exemplaires en avez-vous produits et quelles ont été les motivations ?
En 500 exemplaires. Trois motivations essentielles. Primo, En tant que citoyen, nous avons voulu apporter notre modeste part contributive à l’édification de notre cité commune. Secundo, en tant que jeune de la présente génération, donc témoin de notre propre histoire, nous avons voulu contribuer à l’écriture de ses nouvelles pages et tertio en tant qu’écrivain, nous avons été influencés par les événements de notre époque.
Comme nous nous exprimons mieux à travers la plume, il fallait écrire. Nous avons donc jeté un regard critique sur la gestion passée, présente et future de notre nation mais assorti de propositions.
Quels sont le genre et le style de cette œuvre ?
Le genre littéraire de ce livre est l’essai. Un essai est un livre dans lequel l’auteur avance des opinions qui sont libres mais sans avoir une prétention exhaustive. Dans un essai, l’auteur ne prétend donc pas tout dire ou dire tout mais plante simplement le décor d’une certaine réflexion sur une question donnée. Quant au style, l’œuvre est écrite sous forme de discours avec une petite connotation poétique.
Depuis les événements des 30 et 31 octobre, des livres ont abordé la question de l’insurrection, qu’est-ce qui fait donc la particularité de votre livre ?
Effectivement, beaucoup d’écrits sont disponibles sur l’insurrection. Il faut de passage saluer cette fertilité littéraire des auteurs. La particularité essentielle de « Discours d’une Jeunesse insurgée » réside dans son fond, prenant en compte les deux événements: insurrection et résistance ; dans son style, sous forme de discours ; et dans ses personnages principaux, les jeunes.
L’écrivain que vous êtes est-il engagé en politique ?
A cette question, je répondrai par oui et par non selon la compréhension qu’on a de la politique. Non d’abord si vous parlez de la politique politicienne. Mais si la politique doit être comprise comme étant l’art de gérer la cité, la façon pour un citoyen d’apporter sa part contributive au développement de son pays, donc je suis engagé en politique.
Que pensez-vous de l’avenir politique du Burkina Faso ?
Une question difficile à répondre. Nous venons de sortir victorieux d’une élection jugée brillante et crédible par de nombreux observateurs. Des élections également sans contestation même si quelques failles ont été relevées dans l’organisation. Mais des failles qui n’affectent nullement la crédibilité du scrutin.
C’est donc dire que le socle pour un développement harmonieux, une société conciliante et une démocratie grandissante est donc instauré.
De toutes les façons, les futurs dirigeants sont conscients des défis qui leurs attendent et connaissent bien la place de la jeunesse dans notre nouvel encrage démocratique et nos chantiers de développement. Jugeons donc-les aux résultats. Personnellement, j’espère un avenir politique radieux si ses jalons sont posés.
Un dernier mot ?
Je tiens à remercier Burkina24, un média de la toile, jeune mais déjà dynamique et populaire. Cette vitrine d’expression que vous m’avez accordée est un grand coup de pouce. A mes lecteurs, merci car je lis mon ignorance dans vos yeux. Bon vent au Journal et bonne carrière à ses journalistes.
Propos recueillis par Issouf NASSA
Burkina24
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