Lutte contre la malnutrition dans la région du Sahel : L’urgence de continuer d’agir
La Région du Sahel est l’une des régions les plus touchées par la malnutrition au Burkina Faso. La situation y est alarmante avec un taux de malnutrition aiguë globale de 11,7% (au-dessus du seuil d’alerte) et de malnutrition chronique de 43% (au-dessus du seuil d’urgence). Plusieurs actions intégrées y sont pourtant menées notamment par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et d’autres partenaires pour contrer ce phénomène très loin des frontières burkinabè. En dépit des efforts et résultats acquis, il faut reconnaître qu’il y a toujours urgence de continuer d’agir.
L’on ne cessera de le dire. L’avenir d’un enfant se joue dans ses 1.000 premiers jours, appelés jours cruciaux de la vie. Au fait, une mère, qui a une alimentation variée et équilibrée durant la grossesse et l’allaitement, est non seulement prête à donner la vie à un bébé bien portant, mais aussi sa pratique de l’allaitement maternel exclusif (pendant les six premiers mois de vie de l’enfant) permettra à ce dernier de bénéficier d’un lait riche en substances nutritives et anticorps pour le protéger des maladies.
Cependant, la malnutrition constitue un problème majeur de santé publique dans les pays en développement en général et au Burkina en particulier. En effet, l’enquête nutritionnelle nationale de 2015 a montré des prévalences élevées de malnutrition aigüe et chronique, respectivement de 10,4% et 30,2%. Ces prévalences varient d’une région à l’autre, les niveaux les plus élevés étant enregistrés dans la région du Sahel avec 15,5% de malnutrition aigüe et 46,6% de malnutrition chronique, supérieurs aux seuils critiques de l’OMS.
Au Sahel, la situation demeure toujours préoccupante. Plus d’un enfant sur dix risque sa vie. En effet, 53% des décès d’enfants interviennent sur un terrain de malnutrition. Ces facteurs nécessitent d’être impérativement adressés par des actions multisectorielles intégrées dans cette région où, selon Dr Arnaud Sawadogo, Médecin Chef du District sanitaire de Dori, « la malnutrition n’est pas considérée comme une maladie par certains ».
30 accouchements par mois dans le Camp de réfugiés de Goudébou…
Les causes de la malnutrition étant multisectorielles, les pratiques d’Alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) ne sont pas encore optimales. 44% des mères d’enfants de moins de 6 mois pratiquent l’allaitement maternel exclusif et seulement 10% des enfants de 6 à 23 mois ont une alimentation minimum acceptable en 2015 dans la région.
Fidèle Rima, agent UNICEF du Bureau de zone de Dori, rappelle quelques types de malnutrition dont la malnutrition chronique, la Malnutrition aigüe modérée (MAM), la Malnutrition aigüe sévère (MAS) avec ou sans complication, la malnutrition par excès (l’obésité par exemple), etc. A Dori et environs, selon lui, le paludisme, la diarrhée et l’infection respiratoire aigüe sont les trois maladies majeures qui affectent les enfants de moins de 5 ans et contribuent à la dégradation de leur état nutritionnel.
La mauvaise qualité de l’eau et le manque d’hygiène et d’assainissement sont également des causes principales de la malnutrition chronique. Une délégation du Club des journalistes et communicateurs en nutrition et sécurité alimentaire (CJC/NSA) était à Dori du 26 au 29 juillet 2016. La dizaine de journalistes a pu rencontrer plusieurs acteurs et visiter notamment des centres de santé, des Groupes d’Apprentissage et Suivi des Pratiques d’ANJE (GASPA ou groupe de femmes enceintes et allaitantes), des séances de dialogues communautaires, le poste de santé du Camp de réfugiés de Goudébou.
Des salles de récupération sont pleines d’enfants de moins de 5 ans. Fragiles, pleurnichards, ils souffrent généralement d’un manque d’appétit, de diarrhée et souvent de paludisme. « Les malades qui viennent ici le plus souvent sont atteints de malnutrition. D’autres cas sont plus sévères », confie Dr Yves Hema, Chef de service Pédiatrie au CHR de Dori.
Animatrice au CRENI, Kadidia Katari souligne par ailleurs un phénomène récurrent de maternité à un âge avancé, de mariage précoce, de sevrage précoce et une non-pratique effective des méthodes contraceptives. En exemple, à en croire le Dr Marcelin Dayamba, l’on enregistre en moyenne 30 accouchements par mois dans le Camp de réfugiés de Goudébou.
Aïssatou Amadou, mère d’un enfant de deux ans, dit reconnaître que le changement de mentalité est un processus de longue haleine. « Les sensibilisations m’ont beaucoup aidée. Je sais faire des bouillies enrichies et c’est très bien pour mes enfants. Mon mari est aussi impliqué », déclare une autre mère, Fatoumata Hamado Dicko. La caravane de presse a véritablement permis de découvrir le travail mené sur le terrain par l’Etat, certaines organisations internationales et autres partenaires pour réduire considérablement le taux élevé de malnutrition.
ANJE, Plumpy Nut, micronutriments : Des « docteurs angéliques »…
La lutte contre la malnutrition, selon Bernard Kitambala, Chef du Bureau de zone de Dori, l’UNICEF en fait son cheval de bataille dans la région du Sahel dans le but de renforcer la résilience des populations au niveau communautaire, tout en accroissant l’impact des actions sur la cohésion sociale et le bien-être socio-économique des populations ciblées.
Dans le domaine spécifique de la nutrition, l’UNICEF avec l’appui financier du Japon, de l’Union européenne et d’autres partenaires, intervient dans la prise en charge intégrée de la malnutrition aigüe sévère, la promotion des pratiques optimales d’ANJE, la lutte contre les carences en micronutriments et la coordination des interventions en nutrition.
En partenariat avec l’ONG HELP, l’UNICEF appuie la mise en œuvre du Paquet Intégré des services d’ANJE qui est en fait une intervention multisectorielle intégrée prenant en compte divers secteurs tels que la santé, l’éducation, la protection et l’eau-hygiène-assainissement.
{ Vidéo } – Centre médical urbain de Dori
En 2015, entre autres chiffres officiels, 11.680 cartons de Plumpy Nut surnommé « le produit magique » (pâte énergétique prête à l’emploi sans dilution, ni préparation préalable) et de lait thérapeutique, des médicaments pour le traitement médical systématique, du matériel anthropométrique (toise, balance, bandelettes pour périmètre brachial) ont été dotés dans les formations sanitaires de la région du Sahel.
Des agents de santé ont été formés et plusieurs milliers de cas de malnutrition ont été pris en charge. Via son unique Bureau de zone de Dori hormis le siège principal, l’UNICEF mène plusieurs actions intégrées et travaille en étroite collaboration avec d’autres structures partenaires sur le terrain dans le but de venir à bout de ce fléau.
Il faut retenir que cinq points essentiels peuvent pourtant intervenir dans la prévention de la malnutrition. Cinq points autour desquels pirouettent effectivement les différentes sensibilisations. Il s’agit de la consultation prénatale, le don du colostrum, la mise au sein précoce, l’allaitement maternel exclusif et la vaccination.
En gros, aux populations, il faudrait fréquenter régulièrement les centres de santé. Il faudrait également que les décideurs politiques et leurs partenaires « mouillent le maillot » davantage afin d’assurer une sécurité alimentaire durable et l’accès à l’eau potable au « Pays des Hommes intègres ».
Noufou KINDO
Burkina 24
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