JMC 2017 : En Tunisie, le monde de la musique veut se restructurer
«One & One meetings». C’est le nom trouvé pour la seule rencontre entre artistes tunisiens aux Journées musicales de Carthage. Ils ont échangé sur des problématiques liées à leur métier du 9 au 11 avril 2017.
L’idée de formation des artistes tunisiens est partie du constat que ces derniers ; aux dires de Imed Alibi, musicien tunisien et producteur vivant en France, ignoraient les règles de la profession. « Les artistes tunisiens ne savaient pas présenter les dossiers, ne connaissaient pas les outils de communication ou même la composition du projet artistique », dit-il.
Pour y pallier, avec bien d’autres artistes non moins importants dans le paysage musical de la Tunisie, et à l’extérieur, Florian Oliveres, directeur artistique du festival « Détours du monde » en France, Salim Mokadem, homme de l’art et Sofiane Ben Youssef ont décidé à la faveur des Journées musicales de Carthage de montrer le chemin à suivre à leurs pairs.
Plusieurs thématiques ont été abordées durant ces trois jours, notamment la communication. Sur ce dernier point, l’accent est mis sur les possibilités qu’offre Internet.
Internet, mieux qu’un album ?
Walid du groupe « N3rdistan » n’a pas hésité à partager son expérience. Il comptabilise 150 concerts mais pas un seul album. Il préfère travailler avec les nouvelles technologies. L’important pour lui c’est le streaming et les vidéos sur les réseaux sociaux qui offrent plus de visibilité.
« Faut pas sortir un album pour juste dire qu’on est un professionnel. L’essentiel c’est de se faire un public, et le fidéliser. L’arbitre, c’est le public. La distribution, c’est l’ordinateur, c’est Internet », se défend-t-il.
« On a besoin d’un disque pour le suivi. On peut même faire plusieurs spectacles, finir sa tournée avant de faire sortir un disque. Quand un public réclame un artiste, les programmeurs n’ont pas le choix », fait remarquer Skande Besbes, artiste musicien.
Chose que Yacouba Konaté, commissaire général du Marché des Arts du spectacle d’Abidjan (MASA), présent dans ce cadre justement à la découverte de nouveaux talents, confirme. « Il y a des majors aujourd’hui qui achètent de plus en plus de spectacles que de disques», renchérit-il.
Au-delà des problématiques présentées, d’autres maux qui minent le secteur ont été abordés. Salam, le jeune artiste venu d’une des régions du pays, est à la recherche d’un studio de répétition avec son groupe dans la ville, mais en vain.
L’Afrique de l’Ouest en exemple
Là encore les échanges prennent une autre direction. Les différents intervenants font remarquer le manque criard des infrastructures de production de musique.
Le malaise est plus profond quand on aborde l’environnement dans lequel évolue l’artiste tunisien. Aucune structure juridique n’existe dans ce pays quant à la protection des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle, livrant ces derniers à la précarité.
Sous l’éclairage de Salim Mokaddem, les artistes présents ont pris l’engagement de se réunir pour poursuivre les réflexions qui devraient aboutir à la création d’une structure des droits d’auteurs et compositeurs musicaux à l’instar des pays de l’Afrique de l’Ouest qu’il cite en exemple.
« Les réflexions vont continuer et après les JMC, on fera une charte, un rapport qu’on va soumettre au ministère de la culture et à l’Assemblée nationale », a conclu Salim Mokadem.
Revelyn SOME
Burkina24
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