Meurtres en série à Saaba : L’arrestation d’un suspect suscite l’espoir
Dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 mai 2017, un nouvel assassinat s’est produit dans la commune de Saaba, plus précisément dans la Cité relais de Nioko I, à quelques encablures du Lycée Gabriel Taborin. En effet, une famille a été la cible d’un individu, probablement le tueur mystérieux qui depuis maintenant plus de trois mois, sème la terreur dans la zone. Une dame a été grièvement blessée tandis que son fils de 14 ans, lui, a trouvé la mort.
Cela fait maintenant environ trois mois que le spectre du tueur en série plane sur Saaba. Dans les quartiers appelés non-lotis, la psychose y règne. La peur de prolonger la liste macabre du tueur mystérieux du jour au lendemain est palpable.
Courant avril, le ministre de la sécurité intérieure Simon Compaoré y fait le déplacement après une manifestation d’humeur des femmes de la zone. Pour calmer les esprits, il promet de renforcer la sécurité à Saaba.
Une accalmie s’installe alors. Seulement, elle sera une de courte durée, puisque le mystérieux tueur a refait surface un mois seulement après la visite du chef du département de la sécurité. Cette fois, il est même passé de très près commettre un carnage lorsqu’il a visité la famille de Marcel Moyenga très tôt mardi aux environs de 2h du matin.
« Je l’ai formellement identifié… »
Marcel Moyenga est un démarcheur, bien connu par son entourage. Il est propriétaire de deux cours qui se font face. Le père de famille raconte :
« Ma première épouse habite dans une cour et sa coépouse dans la deuxième. Ce jours-là, après le repas, j’ai passé la nuit dans la deuxième cour et c’est aux environs de 2h du matin que ma seconde femme m’a réveillé d’aller voir dans la première cour parce qu’elle venait d’entendre un cri.
Passé par la porte me paraissait une éternité et j’ai donc escaladé le mur et me suis retrouvé dans la cour en question.
Là, j’ai surpris un homme arrêté pendant que ma femme et mon fils étaient toujours couchés. Et comme je suis rentré par surprise, il n’avait d’autre choix que de m’attaquer. Il m’a alors poignardé avec un couteau, mais avec beaucoup de chance, j’ai pu l’éviter même s’il m’a atteint légèrement à l’épaule. Je l’ai assommé avec un morceau de bois, mais il a réussi à passer par le mur. Quand je suis revenu, je me suis rendu compte que ma femme et mon fils gisaient dans leur sang ».
Heureusement dans sa fuite, le tueur a abandonné son couteau, une torche, un sac dans lequel il y avait des poulets, et sa moto de marque Crypton rouge.
Et ce n’est pas tout. « Il se trouvait que c’est quelqu’un qui habite dans le quartier, et que je connaissais bien. Je l’ai formellement identifié. Il avait porté les mêmes habits qu’il avait l’habitude de porter tous les jours », poursuit Marcel Moyenga.
Nantie de toutes ces informations, la gendarmerie de Saaba met alors le grappin sur le présumé auteur, un jeune de la trentaine. Au cours de son interpellation, un couteau similaire à ce qu’il a utilisé contre la famille Moyenga et bien d’autres objets auraient été retrouvés dans son domicile.
Après vérifications, il s’est aussi révélé que la moto crypton abandonnée lors de sa forfaiture était également un produit de vol. Le véritable propriétaire de la moto lui aussi sera interpellé par la suite pour les besoins d’enquête. Ce dernier aurait témoigné avoir perdu sa moto trois mois auparavant et confie avec pièce justificative à l’appui, avoir fait des déclarations chez les Koglewéogo et à la police.
Pour en savoir davantage, nous rencontrons le Commandant de Brigade de la gendarmerie de Saaba qui a refusé tout commentaire. « Vous aurez toutes les informations au moment opportun », nous a-t-il dit.
Quatre victimes en quelques semaines…
En tous cas, cette affaire n’est pas méconnue des services de sécurité de Saaba. Mais l’homme arrêté est-il l’auteur des assassinats en série à Saaba ? Le mystérieux meurtrier est reconnu pour son mode opératoire : il abat nuitamment ses victimes qui sont pour la plupart du sexe féminin à l’aide d’une pierre ou les égorge. Le phénomène est récurrent depuis maintenant près de 3 ans dans les quartiers non lotis surtout.
Durant la période chaude (mars, avril et mai), la chaleur faisant, la nuit tombée, les populations de ces quartiers dorment dehors pour profiter de l’air frais. C’est exactement, à cette période aussi, que le tueur refait surface. En 2017, courant avril, 3 femmes ont trouvé la mort dans des circonstances presque similaires, selon des sources sécuritaires. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est lorsque la première épouse du chef de Nioko 1 a été abattue dans la cour royale. Les femmes organisées en coordination avaient tenu une manifestation pour protester contre le silence des autorités sur cette affaire.
Le Conseil municipal a mis en place des cellules de veilles dans chaque quartier. « La situation nous préoccupe tous. Si ce n’est pas ta femme, c’est ta sœur ou ta mère. On a pris à bras le corps l’affaire et j’ai personnellement demandé à la population de collaborer avec les Forces de Défense et de Sécurité », confiait il y a quelques jours, le maire de Saaba Joseph Dipama.
Entre colère et soulagement
En attendant que les enquêtes des services de sécurité permettent de découvrir les connexions de ce tueur en série, à Saaba, tous se réjouissent de cette prise. A commencer par la coordonnatrice de l’association des femmes Zood-nooma, Assétou Daboné. C’est elle qui a été l’initiatrice de la manifestation d’humeur courant avril pour interpeller les autorités sur ces tueries.
Aujourd’hui, elle n’a plus qu’un souhait : « Nous demandons que la gendarmerie pousse ses enquêtes afin de faire toute la lumière sur cette affaire. Il y a environ un mois, le ministre Simon Compaoré lui-même était venu promettre que la sécurité serait renforcée dans la zone ici. Mais depuis, nous n’avons jamais rencontré une patrouille ici la nuit. Cela nous laisse croire que cette affaire les préoccupe peu. Voilà qu’on continue de tuer. Nous sommes abandonnées à nous-mêmes. En tout cas, nous nous apprêtons à sortir dans les prochains jours », prévient Assétou Daboné, partagée entre colère et soulagement.
Au moment même où nous bouclions ces lignes, dame Moyenga était sortie de son coma et réagissait positivement aux soins d’après son mari. Son fils, Sébastien Moyenga né le 20 janvier 2003 et élève en classe de 4e, lui, succombera quelques heures après l’agression à ses blessures. Son père Marcel Moyenga est sous le choc, mais se console de l’arrestation du présumé auteur. « Je souhaite qu’il paie pour tout ce qu’il a commis », conclut-il.
Maxime KABORE
Burkina24
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