« Prétendues victimes » du putsch, la phrase qui choque

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Comme prévu, le caporal Timboué Tuandaba est revenu à la barre le mardi 24 juillet 2018 en début de séance pour la poursuite de son audition devant le Tribunal. Ce soldat de la garde du Président de la Transition affirme avoir accompagné Michel Kafando de sa résidence (hors de Kossyam) au bureau (à Kossyam)  « comme d’habitude », le 16 septembre 2015. Après avoir stationné les véhicules dans le parking, il a rejoint la salle qui était réservée aux conducteurs. Vers 13h, poursuit l’accusé, « des gens sont venus en arme. Ils nous ont désarmés et nous ont enfermés dans la salle ».

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A en croire le témoignage à la barre du caporal Timboué Tuandaba, dans la journée du 16 septembre 2015, sur instruction du sergent-chef Nébié Mousa dit Rambo, il a été libéré avec d’autres chauffeurs et a été commis à la conduite des véhicules composant le cortège du Président de la Transition pour le ramener à la résidence de l’ancien président Blaise Compaoré au sein de Kossyam et de celui de Michel Kafando, non loin des bâtiments du Trésor public à Ouaga 2000, les jours suivants.

« Je n’étais pas au courant d’un coup d’Etat »

Le 18 septembre 2015, sur instruction de l’adjudant Birba, le caporal Timboué Tuandaba sera conducteur dans le cortège du général Diendéré. « J’ai fait trois jours. C’est le quatrième jour que j’ai quitté là-bas », précise-t-il. « Comme d’habitude, le car est venu pour la relève. Après, je suis rentré chez moi ». Sur ces mots, le Parquet demande à l’accusé pourquoi après avoir fait partie de l’escorte du Président de la Transition, il se retrouve quelques instants plus tard dans celle du général Diendéré. L’accusé répond : « Je n’ai pas choisi de les suivre. J’ai exécuté des ordres ». « Quand avez-vous su qu’il y avait un coup d’Etat ? » poursuit le Parquet militaire.

A cette question, le discours intelligible du caporal Timboué Tuandaba fait place à des balbutiements. « Ah, cette question-là … c’est compliqué pour moi… (Long silence) je ne peux rien dire sur ça ». « Tout à fait. C’est difficile pour vous », soutient le parquet. « Je ne savais pas ce qui se passait », ajoute l’accusé. Le parquet revient à la charge : « Sentez-vous qu’il y avait une situation anormale ? ». « Non » répond l’accusé après un petit temps de réflexion. « Est-il courant qu’on vous désarme pour amener le Président ? », assène le Parquet. L’accusé poursuit ses balbutiements avant de balancer un « Non ».

Le parquet insiste et persiste pour savoir à quel moment l’accusé a su qu’il y avait un problème. Mais de la part du caporal Timboué Tuandaba, le silence fait office de réponse à telle enseigne que le Président du Tribunal s’approprie la question du Parquet : « quand est-ce que vous avez su que le Président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida ont été arrêtés ? ». Après des ânonnements, le prévenu Timboué finit par se lancer : « selon moi, la situation était normale (…). Je n’étais pas au courant d’un coup d’Etat ».

« Cet accusé est de très mauvaise foi »

Me Sylvère Kemtarboumbou, conseil de l’accusé, soutient que les faits relatés par le caporal Timboué Tuandaba sont « extrêmement simples et clairs ». Pourquoi, poursuit l’avocat, celui que son client a remplacé et celui qui l’a remplacé le 21 septembre 2015 après sa relève ne sont pas poursuivis ? Me Kemtarboumbou conclut que « conduire n’est pas un problème ».

Me Somé, avocat des parties civiles, est précisément revenu sur le désarmement de la garde de Michel Kafando le 16 septembre 2015, dans la salle qui leur était réservée. « Est-ce que vous vous êtes défendu ? » questionne l’avocat. « Si j’avais riposté, je ne serais pas ici », répond l’accusé. A ces mots, Me Somé expose son commentaire : « à quoi sert la sécurité si elle ne tente pas de protéger la personne qu’elle est censée protéger ? J’ai le sentiment qu’en réalité, c’était une sécurité de paille. C’était plutôt des complices. Cet accusé est de très mauvaise foi ».

Suite à ce commentaire de l’avocat des parties civiles, l’avocat de l’inculpé réagit : « quand on est surpris on est surpris. La preuve, l’Etat-major a été attaqué. Mais est-ce que le chef d’Etat-major est complice ? ».

« On peut éviter les mots qui peuvent blesser »

Lors des échanges autour des faits (complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires) qui sont imputés au caporal Timboué Tuandaba, une joute verbale a opposé Me Kemtarboumbou avocat de la défense et Me Farama de la partie civile. Me Kemtarboumbou, niant la responsabilité de son client dans l’infraction de meurtre, a demandé l’identité « des 13 prétendues victimes ».

« Prétendue », le mot de la discorde. « Pour moi, c’est ahurissant », soutient Me Farama qui poursuit en indiquant qu’il espère que Me Kemtarboumbou utilisera les mêmes mots pour qualifier des personnes proches. « On peut éviter les mots qui peuvent blesser », poursuit Me Farama. En réponse à celui-ci, Me Kemtarboumbou s’excuse : « J’ai dit prétendues victimes et je m’en excuse ».

Lire aussi 👉 Le procès depuis le début

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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