Procès putsch: Le Parquet requiert la poursuite d’un témoin pour faux témoignage

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La déposition des témoins s’est poursuivie au Tribunal militaire de Ouagadougou. Lors de l’audience de ce lundi 4 février 2019, le Parquet a requis que l’un des témoins, Michel Ouédraogo, député et ancien Directeur général de Sidwaya, soit poursuivi pour faux témoignage. Après des débats quelque peu contradictoires, le Tribunal s’est réservé à statuer en attendant la fin de la phase des témoignages et des confrontations.

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Après s’être excusé pour ses éventuels écarts de langage tenus la semaine dernière, le Médecin Colonel-Major Saïdou Yonaba a poursuivi son témoignage devant le Tribunal militaire ce lundi 4 février 2019. Cette « prise de conscience » de la part de celui qui veillait à la santé du Président Michel Kafando sera saluée de part et d’autre. Les accusés Adama Ouédraogo dit « Damiss », l’ex-Bâtonnier Mamadou Traoré et le Magistrat Colonel Abdoul Karim Traoré ont été invités à rejoindre le Colonel Yonaba à la barre.

L’avocat des Parties civiles, Me Séraphin Somé, trouve kafkaïenne notamment la démarche du journaliste « Damiss ». « Il se prend pour un ange. Soyez modeste, monsieur Ouédraogo. Il y a combien de journalistes au Burkina Faso ? Vous n’êtes pas le seul. Vous avez contribué à exécuter un coup d’Etat. Au lieu de vous défendre, vous voulez attaquer les avocats des Parties civiles et le Parquet », s’indigne Me Somé.

En guise de réponse juste avant la fin de la comparution du Médecin Colonel-Major Yonaba, Adama Ouédraogo fera observer qu’il a été le premier et seul journaliste à détenir et publier la liste des 210 morts survenus à Yirgou et également le premier homme de média à avoir tiré sur la sonnette d’alarme en révélant que le pays risquait tôt ou tard d’être attaqué.

Un autre témoin, Kibsa Charles Niodogo, est appelé à la barre. Ce natif de Koupèla est un administrateur civil, père de quatre enfants. Sa déposition ne prendra pas assez de temps. Ce député CDP reconnaît avoir participé à une rencontre présidée par l’accusé Salifou Sawadogo dans la soirée du 16 septembre 2015. « C’était pour examiner les listes électorales. Je suis même arrivé vers la fin de la réunion », déclare-t-il.

L’ancien Directeur général des Éditions Sidwaya à la barre

Selon le Parquet, ladite rencontre, selon certains, aurait pourtant eu lieu entre 11h et 14h. Mais, l’ancien responsable chargé de l’organisation du CDP, Section Kadiogo, s’en tient à ses déclarations à la barre. Le Président du Tribunal a ensuite invité l’accusé Salifou Sawadogo à la barre. « Monsieur Niodogo est le seul à parler d’une rencontre tenue dans la soirée du 16 septembre 2015. D’ailleurs, il a une forte proximité avec Noël Sourwéma. Je ne peux pas tirer une fiabilité de son témoignage », s’est-il contenté de dire.

À la suite de Kibsa Charles Niodogo, c’est l’ancien Directeur général des Éditions Sidwaya, Michel Ouédraogo, qui est appelé au perchoir. La déposition du journaliste de profession et député à l’Assemblée nationale a failli tourner au vinaigre après que le Parquet militaire ait requis qu’il soit poursuivi pour faux témoignage.

Considéré comme un témoin à décharge de Salifou Sawadogo, l’ancien Délégué général du FESPACO entendu préalablement à deux reprises dans le cadre de cette affaire informe l’assistance qu’il s’est rendu au siège du CDP le 16 septembre 2015 pour déposer sa candidature aux législatives.

Il reconnaît avoir assisté à une rencontre lors de laquelle notamment Eddie Komboigo et Fatou Diendéré ainsi que plusieurs autres militants de leur parti étaient présents, mais émet des doutes quant au moment précis. « Quand exactement ? », veut savoir le Ministère public qui commence par inviter le témoin à la franchise. Mystère et boule de gomme ! L’ancien responsable chargé à l’information et à la communication et militant du CDP depuis 1983 se montre « difficile à suivre » aux yeux du Parquet.

Le Parquet requiert que Michel Ouédraogo soit poursuivi pour faux témoignage

Le Président du Tribunal fait noter par le Greffier des variations dans les témoignages de ce dernier, notamment en ce qui concerne la date de la réunion du 16 septembre 2015 et les personnes ayant convoqué la rencontre. Me Guy Hervé Kam n’en revient pas. « Monsieur Michel Ouédraogo dit tout sauf la vérité », insiste-t-il. Et au Procureur de requérir que l’Article 120 du Code de Justice militaire soit immédiatement mis en application. Le Parquet demande en effet que l’immunité parlementaire du député Ouédraogo soit levée et qu’il soit poursuivi pour faux témoignage.

Si le Ministère public et les avocats des Parties civiles trouvent que cette réquisition est « amplement justifiée », les avocats de la Défense, quant à eux, ne font pas la même lecture de la situation. « Personne n’a caractérisé le faux témoignage. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois  qu’un témoin fait des déclarations contradictoires à la barre », réplique Me Olivier Yelkouni qui demande à ce que cette requête du Parquet soit purement et simplement rejetée.

Son confrère, Me Badini, renchérit : « Il s’agit d’une tentative de déstabiliser tout le procès. Depuis quand et selon quelles dispositions légales le doute constitue-t-il un faux témoignage ? ». Le Tribunal, en délibéré, se réserve pour le moment d’accéder à la requête du Parquet, en attendant la fin de la phase des témoignages.

A l’issue de la déposition de Michel Ouédraogo, un nouveau témoin, Mohamed Rachid Ilboudo dit « le baron », 25 ans, agent commercial, est appelé à comparaître. A entendre cet énième témoin cité par le Parquet, l’accusé Nanéma Fayçal lui aurait proposé 500.000 FCFA et une moto neuve s’il faisait un faux témoignage afin de décharger un coaccusé Abdoul Karim Bagagnan dit « Lota » qui l’aurait sauvé lorsqu’il se faisait « fouetter » vers le domicile du défunt Président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo. Sa déposition suspendue peu avant 17h se poursuit demain 5 février 2019 à 9h.

Noufou KINDO

Burkina 24

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Noufou KINDO

@noufou_kindo s'intéresse aux questions liées au développement inclusif et durable. Il parle Population et Développement.

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