Résilience : La deuxième vie dans un site de PDI à Kaya

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Au Burkina Faso, 1 810 105 Personnes déplacées internes (PDI) ont été enregistrées à la date du 30 novembre 2022, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Cette situation préoccupe plus d’un. Comment sortir de cette situation ou soulager un tant soit peu cette partie de la couche sociale ? Pour y arriver, les autorités ont entrepris de mettre en place des sites pour accueillir ceux fuyant les zones devenues dangereuses. Une idée de résilience s’impose. Certaines de ces PDI ont donc décidé de répartir à zéro. Constat dans un site situé à quelques kilomètres de Kaya…  

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1er décembre 2022. Il est 9h. Sur initiative de l’ONG Save The Children, nous sommes une dizaine de passagers composée de journalistes, du personnel de l’ONG, elle-même, embarqués de Ouagadougou avec pour destination la ville de Kaya dans le centre-nord du Burkina Faso.

Sur la Route Nationale N°3 reliant Ouagadougou à Kaya, longue d’une centaine de kilomètres, l’ambiance est partagée entre causerie, rire, dans le car qui nous sert d’engin de déplacement. Bien de le savoir, ce voyage a pour objet de prendre langue avec des Personnes déplacées internes (PDI) sur le sujet de la santé nutritionnelle.

Dans la capitale des brochettes, comme l’on a l’habitude de l’appeler, l’ambiance reste inchangée à vue d’œil. Les lieux de loisirs font écho. Il nous a fallu poiroter quelques heures, soit à 17h pour que l’équipe décide de prendre le chemin du site dénommé Wayalghin dans un village environnant de Kaya (Tangsègin).

Dans ce contexte que plus d’un Burkinabè sait difficile, le trajet pèse vraiment lourd sur les cœurs lorsqu’on sait la situation que vit malheureusement cette localité du Burkina Faso. Dès le démarrage, pensant aller juste dans les parages de Kaya, l’ambiance se fait bonne, mais…

Celle-ci commence à tourner à la panique lorsque le car emprunte une voie rouge sortant de la ville. Une panique « normale » quand on sait, en tant que personne avertie, que rien qu’à quelques kilomètres de cette ville, le chant des coqs ne réveille plus les villageois mais bien souvent le bruit des armes.

Les passagers plongent dans une série de questionnements : « Où allons-nous là ? », « S’ils savaient que c’était comme ça, il fallait prendre ces chemins très tôt ? » Une perplexité confirmée par les regards des riverains également surpris qui, à les observer, se demandent que cherchent ces gens ici, à cette heure quand même ? Est-ce la bonne route ? 

17h et quelques minutes, nous stationnons sur un site rempli de femmes et d’enfants. Des mines encore perplexes nous confirment ce que nous avons vu en cours de chemin. Ici, plusieurs femmes, enfants et pères de famille tentent tant bien que mal de reprendre une deuxième vie.

Après les salamalecs, nous entamons la discussion avec ces femmes allaitantes, femmes enceintes, etc. Des questions-réponses sur les pratiques d’allaitement, sur l’hygiène préconisée, la planification familiale s’en suivent.

Là nous avons le vieux Tibaut Ouédraogo qui s’attèle à nourrir ses animaux avec le peu d’herbe

Sur place, l’ambiance va bon train. Les enfants courent, sautent et s’amusent dans un espace de jeu conçu pour ces Burkinabè ayant tout abandonné derrière. Tandis que certaines femmes s’en fichent complètement de notre visite, d’autres donnent toutes leurs attentions aux animations données par l’ONG. Ventre creux n’a point d’oreille, dit-on souvent ! D’autres femmes s’attèlent à mijoter quelques choses pour les repas du soir. Elles n’ont pas d’yeux pour ce pourquoi nous sommes là.

Il est presque 19h. Vu les conditions, l’équipe décide de regagner la ville sur conseil des animateurs aguerris présents sur les lieux. Le lendemain à 8h30, nous sommes de retour sur ce site. Contrairement à la veille, des hommes se font remarquer sur les lieux cette fois-ci. Occasion pour nous d’en savoir d’avantage sur comment se rétablit la vie à leur niveau.

Tambi Ouermi (nom d’emprunt), envoisinant la soixantaine, a quitté Barsalogho avec sa famille au nombre six membres, sous menaces des forces du mal sans aucun matériel. Mais ici, il tente d’affronter la vie. Dans son faubourg d’origine, il disposait d’une dizaine de têtes de bétails qu’il a abandonnés pour sauver sa peau.

« Nous essayons de mener une autre vie »

Comme par miracle, Tambi se retrouve dans ce site avec seulement deux de ses animaux. « Nous vivions paisiblement avec l’agriculture et l’élevage. Un matin, des gens sont venus menacer de nous tuer tous. Cinq jours après, ils sont revenus à la charge. 

C’était la débandade. Il fallait faire un choix. Aujourd’hui, avec mes deux têtes de bœufs, vous voyez la charrette, je rentre en brousse chercher de l’herbe pour nourrir mes animaux. Si Dieu nous permet de rester ici en paix, nous allons continuer avec ce petit commerce et vivre même avec », plaide ce sexagénaire.

Originaire de Djenebila, Victorine Sanfo (nom fictif) a 18 ans. Cette autre déplacée compte également sur cette nouvelle vie. Elle croise les doigts dans l’espoir de retrouver les bancs. « J’ai quitté Djenebila pour Barsalogho, aujourd’hui encore me voilà ici. Là-bas, j’étais en classe de CM1. 

Aujourd’hui, j’ai trouvé un homme que j’ai d’abord connu à Barsalogho et vivons ensemble ici. J’ai un enfant avec lui. Cette année, nous n’avons pas eu assez de places pour tous dans les salles de classe. L’année prochaine, je prie le bon dieu pour qu’il me permette de reprendre le chemin de l’école. Avec mon homme, nous essayons de mener une autre vie », dit-elle.

Espace jeu spécialement conçu pour la joie des enfants dans ce site 

Tout n’est pas seulement qu’espoir dans cette localité. D’autres envisagent d’ailleurs des projets, à l’image de Ella Sidibé (nom d’emprunt) qui est accompagnée notamment par Save The Children.

C’est d’ailleurs dans un air de résilience qu’elle nous rassure : « Avec cette aide, je me suis procuré quelques têtes de moutons pour me lancer dans l’élevage. Outre cela, je veux avec les sous restants m’acheter une machine pour me lancer dans le commerce de condiments ».

Ce site, comme d’autres d’ailleurs, est conçu par le gouvernement pour accueillir des dizaines de milliers de Burkinabè fuyant leurs zones d’origine. Dans cette mixture de personnes venues de localités différentes, tous espèrent une quiétude pour pouvoir mener une autre vie, en dépit de quelques difficultés.

Sur le site, par exemple, un problème de bois de chauffe se pose et les dames en majorité souhaitent l’appui du gouvernement, sans pour autant détruire la nature. Aussi la majorité réclame-t-elle, en plus des denrées de première nécessité, le minimum pour insuffler un nouveau dynamisme à cet élan de résilience tant espérée et souhaitée de tous !

Lire aussi 👉🏿 Des déplacés internes à Pella, au nom de la résilience et de l’inclusion

Abdoul Gani BARRY 

Burkina 24 

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Un commentaire

  1. We must find resources to implement construction plan for IDP camps that may slowly in steps plus stages transform them into viable communities possessing healthy plus productive long term living conditions as if they were meant to be forever homes
    Henry Author Price Jr aka Kankan

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