La Génération Cheikh Anta Diop analyse la question sécuritaire
Dans le cadre de la commémoration du 37e anniversaire de la disparition de Cheikh Anta Diop, la Génération Cheikh Anta Diop a mené une conférence débat autour du thème « l’Œuvre de Cheikh Anta Diop et la problématique de la sécurité en Afrique », le samedi 18 février 2023 à Ouagadougou.
« Génération Cheikh Anta Diop », un mouvement de réflexion qui a marqué les esprits dans les années 90 renait de ses cendres. Les adeptes de la pensée de l’Égyptologue ont relancé les activités de « Génération Cheikh Anta Diop » à travers des activités marquant le 37e anniversaire de Cheikh Anta Diop dont la conférence débat du samedi 18 février 2023 fait partie des activités phares.
Dans un contexte de guerre, il est important d’invoquer les savants africains comme Cheikh Anta Diop qui ont déjà écrit sur la question bien longtemps, selon Abdoulaye Diallo, secrétaire général de la « Génération Cheikh Anta Diop ».
« On a décidé remettre sur pied la Génération Cheikh Anta Diop car nous pensions que la science et le savoir sont très peu évoqués dans les débats. Ce sont les émotions qui s’expriment. Ce n’est pas bon. Ce n’est pas ça la tradition africaine. L’Afrique accorde beaucoup d’importance à la connaissance et le savoir », indique-t-il.
Il faut, selon Cheikh Anta Diop, faire basculer l’Afrique vers son destin fédéral
Abdoul Karim Saïdou, enseignant en science politique à l’Université Thomas Sankara, a abordé les questions sécuritaires sous l’angle de la pensée de Cheikh Anta Diop.
A l’entendre, les idées de Cheikh Anta Diop prônent la mise en place d’un Etat fédéral à partir de la Zone Ouest Africaine. La pensée de Cheikh Anta Diop fournit des outils, des pistes, des idées pour repenser les Etats, les politiques de sécurité. « Il (Cheikh Anta Diop, ndlr) nous apprend que la sécurité précède le développement », dit-il.
« Donc, c’est une illusion que de penser qu’il faut d’abord construire la richesse économique avant de mettre en place une armée puissante pour sécuriser le territoire. Deuxièmement, il nous apprend que la sécurité n’est pas que matérielle ou militaire, elle est aussi culturelle, ce que les auteurs appellent aujourd’hui la sécurité sociétale, ce qui renvoie à la question de l’identité nationale. Ensuite, il nous montre que la guerre est une opportunité pour la refondation de l’Etat.
De ce point de vue, nous devons considérer la crise actuelle comme une opportunité pour repenser notre système et repartir sur de nouvelles bases. Et enfin Cheikh Anta Diop nous apprend qu’il n’y a pas d’avenir pour les Etats mais, des micro Etats sans avenir. C’est pour cette raison que Joseph Ki-Zerbo disait que l’Etat africain est né à la fois trop tard et trop tôt.
Il est né trop tard parce qu’il n’est pas né d’un processus de maturation endogène mais il est né trop tôt parce que les grands défis auxquels les sociétés modernes sont confrontées, les Etats consignés sont incapables d’y faire face. Il faut donc selon Cheikh Anta Diop faire basculer l’Afrique vers son destin fédéral », a-t-il détaillé.
La pression de l’urgence de la guerre contre le terrorisme nous expose au risque d’une sortie de crise incomplète
Mahamadé Sawadogo, enseignant chercheur de philosophie à l’université Joseph Ki-Zerbo, a exposé sur la thématique « l’Etat nation comme alternative aux problèmes sécuritaires dans les pays de la sous-région ». Sans langue de bois, il a donné des pistes à emprunter afin de rompre avec l’instabilité et la succession des coup d’Etat.
L’ordre capitaliste mondial ou l’ordre libéral dans son ensemble a des conséquences néfastes dans l’évolution de nos sociétés. Dans ce sens, il faut, selon lui, nouer un nouveau contrat social, nécessite de poser la question de la possibilité d’un changement d’ordre social dans son ensemble au risque d’avoir une solution provisoire qui ouvrira une nouvelle ère de coups d’Etat. D’ailleurs, il faut une solution idéale et radicale pour conjurer une telle perspective, selon le professeur.
« Il faut parvenir à susciter une dynamique collective qui va entrainer l’ensemble de la société dans un mouvement de changement en profondeur. Une telle dynamique, c’est ce qu’on appelle simplement une révolution.
Il faut une dynamique révolutionnaire. Je ne parle pas de coup d’Etat. Je parle d’un évènement collectif populaire qui va entrainer les différentes communautés de notre pays ensemble dans un combat pour un nouveau monde. L’enjeu ne se situe pas au niveau des aménagements ponctuels mais la transformation de la société en profondeur.
Malheureusement, il faut reconnaitre que cette vision n’est pas celle qui est la mieux diffusée actuellement parmi nous. La pression de l’urgence de la guerre contre le terrorisme nous expose au risque d’une sortie de crise incomplète.
Et il y a le risque effectivement que nous nous retrouvons encore à parler de forum, d’état généraux, et de nouveau contrat social. Mais qu’à cela ne tienne, il y a une dynamique qui est engagée et qui entraine les différents pays de l’Afrique de l’Ouest, chacun à son rythme vers une transformation en profondeur.
Par-delà du putsch, la révolution reste la condition de la construction d’une nouvelle nation et d’un Etat démocratique et populaire partout dans notre sous-région », a fait savoir le Pr Mahamadé Sawadogo.
Pour perpétuer la mémoire de Cheikh Anta Diop et vulgariser ses enseignements, plusieurs autres activités ont été menées au cours du mois de février. Au cours de la conférence, un hommage a été rendu à Osiris Sawadogo, fondateur de la « Génération cheik Anta Diop, décédé en 2015.
Akim KY
Burkina 24
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