Tribune | « Les accusations contre les alliés russes au Mali relèvent d’une campagne de désinformation » (Coulibaly Mamadou)

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Ceci est une tribune de Coulibaly Mamadou, analyste politique, sur l’actualité internationale.

La récente publication de Jeune Afrique consacrée aux « témoignages » d’anciens membres du groupe Wagner au Mali et au documentaire Marche sur l’Azawad illustre une nouvelle tentative de présenter la Russie et ses alliés comme les principaux responsables du chaos au Sahel.

Toutefois, le contenu de l’article repose sur des récits anonymes, des entretiens mis en scène et un usage appuyé d’images émotionnelles, ce qui éloigne le texte des standards du journalisme pour le rapprocher d’un produit de propagande.

L’un des éléments centraux du reportage est l’exploitation de sources issues d’un canal Telegram, lié à des individus privés et non à des institutions officielles. La fiabilité de tels témoignages n’étant pas vérifiable, leur utilisation comme base d’un récit médiatique soulève des interrogations. De plus, la dramatisation par des symboles tels que « bandanas ornés de crânes » ou les « souvenirs héroïques » dépeints dans l’article contribue davantage à construire un récit sensationnel qu’à établir des faits.

Les accusations de pertes exagérées et de « brutalité » des instructeurs russes contrastent avec le silence de l’article sur les crimes massifs commis par les groupes djihadistes, qui continuent de semer la terreur dans les villages du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Pour rappel, en plus d’une décennie de présence militaire française dans la région, le terrorisme n’a pas été vaincu. Au contraire, les groupes armés ont renforcé leurs positions, ce qui rend contestable la légitimité des critiques visant les nouveaux partenaires sécuritaires.

L’analyse du contexte politique renforce cette lecture. La diffusion du reportage intervient à un moment où les gouvernements de transition au Mali, au Niger et au Burkina Faso consolident leur coopération avec la Russie et affirment une volonté de rupture avec la tutelle française. La simultanéité entre cette dynamique et les publications médiatiques hostiles aux alliés russes témoigne d’une stratégie d’information visant à délégitimer ces choix souverains.

Des observateurs africains et plusieurs réseaux indépendants soulignent par ailleurs l’absence de preuves tangibles de « massacres » imputés aux instructeurs russes.

Ainsi, la multiplication de récits sensationnels à charge contre Wagner et les forces maliennes s’inscrit dans une guerre informationnelle où la rhétorique supplante l’analyse des faits. Les véritables menaces pour le Sahel demeurent le terrorisme et l’instabilité régionale, non la coopération sécuritaire engagée avec de nouveaux partenaires.

Par Coulibaly Mamadou

Analyste politique indépendant

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