Mobilisation des eaux de surface : Des efforts restent à faire
La position géographique du Burkina Faso ainsi que son niveau de développement rendent le pays très vulnérable en matière d’eau. Des efforts sont certes consentis par l’Etat à travers la construction de retenues d’eau, mais le problème de la mobilisation des eaux de surface demeure. L’estimation du rapport entre les quantités d’eau utilisable et les besoins du pays établi dans l’« Etat des lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion (2001) » montre que le pays se trouve dans un état permanent de stress hydrique.
Depuis les années 2000, le Burkina Faso s’est résolument tourné vers l’intensification et la promotion des activités agro-sylvo-pastorales (pêche, maraîchage, irrigation, élevage) qui génèrent d’importants revenus pour les bénéficiaires et contribuent à lutter efficacement contre la pauvreté en milieu rural. Mais cette volonté se trouve confrontée à la difficile mobilisation des eaux de surface liées à l’insuffisance des Barrages et à la dégradation de l’existant.
La connaissance de la ressource en eau du point de vue quantitatif et qualitatif de même que sa dynamique dans le temps s’avèrent indispensable.
Fort de cette considération, le ministère en charge de l’eau, à travers son Système national d’information sur l’eau, a collecté sur toute l’étendue du territoire des informations d’ordre général et technique sur les retenues d’eau de surface (barrages, boulis, lacs et mares) au cours de l’année 2011.
L’objectif général de cette activité est de contribuer à l’atteinte des objectifs de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), à travers l’amélioration des connaissances sur les ressources en eau et leurs usages.
Il s’agit plus spécifiquement de permettre aux différents usagers et acteurs du secteur de l’eau de disposer des informations sur les ouvrages de mobilisation d’eau de surfaces et de leurs usages pour toutes fins utiles (conception ou exécution des projets et programmes, aménagements,…).
D’un coût global de cent trente (130) millions de francs CFA, l’activité a commencé par la définition d’une approche méthodologique participative incluant plusieurs structures au niveau central, les directions régionales, les collectivités territoriales.
L’étude a permis de recenser 1794 retenues d’eau de surfaces dont 1 001 barrages, 556 boulis, 227 mares et 10 lacs. Le potentiel stockable de ces retenues d’eau est évalué à environ 5 milliards de m3 d’eau. Cependant, elles ne permettent de stocker dans la réalité qu’une moyenne de 2,77 milliards de m3 par an.
La majorité des barrages sont à but agropastoral (environ 81%) à l’image de la population du pays. L’irrigation reste la plus grande consommatrice d’eau des barrages. Elle se pratique sur 63% des barrages au Burkina Faso. Mais bon nombre de ces périmètres irrigués sont traditionnels (non aménagés). Seuls 15% des barrages ont un aménagement structuré (maîtrise totale ou partielle de l’eau). 573 barrages (57%) tarissent avant la saison pluvieuse et 299 (30%) seulement retiennent de l’eau toute l’année.
Par ailleurs, 41% des barrages (416 sur 1001) sont fortement dégradés dont 22% sont rompus soit par la digue, soit par le déversoir.
Cette forte dégradation des barrages est due à trois facteurs majeurs accentués par les changements climatiques :
- Les fortes crues. Les changements climatiques sont caractérisés dans notre pays par des phénomènes extrêmes dont les fortes pluies non régulières. Les vagues de chaleurs qui assèchent les bassins versants favorisent le ruissellement et ainsi les fortes crues.
- Le manque d’entretien des barrages. L’absence de guide fiable d’entretien et de maintenance ainsi que des organisations fiables capables d’assurer ce rôle font que les barrages sont laissés à eux-mêmes et aux intempéries.
- L’incivisme. Il s’agit des actions des personnes mal intentionnées qui dégradent certains organes du barrage.
Il est aussi important de signaler la présence de plantes envahissantes sur plus de 500 plans d’eau. Les situations du barrage Dourou/Toécé ou Kanazoé et les barrages 2 et 3 sont assez éloquentes. Ces plantes envahissantes diminuent la disponibilité de l’eau, gênent très souvent une bonne valorisation de la ressource en eau.
Comme perspective pour un meilleur suivi des ressources en eau, le ministère de l’Eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement envisage des actions :
- La mise à jour annuelle de la situation des retenues d’eau au Burkina ;
- L’élaboration et la mise en œuvre d’un programme national de mobilisation des ressources en eau assorti d’une stratégie d’entretien et de maintenance des retenues d’eau. Son objectif sera de mobiliser et de gérer le maximum d’eau de surface existante au Burkina pour les besoins de développement du pays.
- La dotation en budget et en équipements conséquent pour les activités de collecte et de production de statistiques dans le secteur de l’eau et de l’assainissement.
- La création en cours au sein du ministère de l’Eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement d’une unité de sécurité des barrages. L’unité de sécurité des barrages a pour mandat de faire appliquer les textes existants dans le but de protéger les barrages, les personnes, les biens et l’environnement contre les risques liés à leur rupture ou aux accidents graves qu’ils subissent.
Les changements climatiques avec les phénomènes extrêmes peuvent provoquer l’endommagement des infrastructures de stockage existantes lors des crues, comme la baisse considérable des plans d’eau lors des sécheresses hypothéquant la production agro-sylvo-pastorale. On observe également que la majorité des programmes de réalisation des petits barrages n’ont pas suffisamment intégré des mécanismes pour assurer leur entretien en impliquant surtout les populations bénéficiaires.
Les ouvrages de mobilisation d’eau de surface subissent une usure au fil des années. La conjugaison d’une exploitation anarchique avec les effets d’érosion dus aux pluies favorisent la fragilisation de l’ouvrage.
Les usagers des barrages ne doivent plus se limiter à une exploitation inorganisée de ces retenues d’eau.
Une retenue d’eau nait, vie et meurt. C’est à nous de faire en sorte qu’avant sa mort elle comble nos espoirs.
CHRONIQUE DU GOUVERNEMENT/ Ministère de l’Eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement
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