Mercure de la semaine : La poudre à canon de la « chefferie » religieuse
Le sujet est délicat car qui dit religion, dit passion et une virgule ou un accent mal placé peut être source d’interprétation dramatique. Mais autant le dire. Il n’y a pas que les successions de la chefferie coutumière qui font couler sang et larmes au Faso.
La religion, précisément l’islam, a aussi ses étincelles qui peuvent parfois faire prendre feu à la poudre sociale. L’exemple nous a été donné cette semaine par « Le Pays », dans sa livraison du 10 août 2012. A Ouahigouya, la succession d’un vieil imam a failli se dénouer par une joute des couteaux et des machettes, n’eut été l’intervention des autorités républicaines et religieuses de la localité.
Souvenirs dramatiques
Une illustration qui vient en rappeler d’autres. Les exemples foisonnent dans un passé récent où la succession d’un guide spirituel a donné naissance à des drames totalement aux antipodes de l’idée que véhicule une religion, à savoir la paix. On se souvient de ce cas malheureux à Rourga, une localité située dans le Koulpélogo, le 17 octobre 2010, où deux communautés religieuses se sont affrontées à mort et où un imam a été brûlé vif comme un poulet.
De tels actes témoignent d’un réel problème au niveau de la gestion de la direction des différentes composantes religieuses islamiques de notre société. Autant les chefs coutumiers ont été indexés et mis sous la férule de la critique, autant les leaders religieux le doivent aussi.
Problème d’organisation
Comparaison n’est pas raison, mais au niveau de la chrétienneté au Burkina, de mémoire d’homme, pareille anarchie sanglante n’a jamais été enregistrée. Cela est sans doute dû au fait que cette sphère religieuse est fortement organisée et la désignation aux postes de responsables et de guides religieux est plus règlementée et formatée qu’au sein de la classe musulmane.
On constate, en effet, au sein de la l’organisation musulmane un apparent désordre. Autant on ne peut ouvrir n’importe comment une église, autant les mosquées poussent comme des champignons aux quatre coins du Faso. Si on prend le cas de Ouagadougou, plusieurs mosquées peuvent être dénombrées dans un même quartier pour quelques habitants avec autant d’imams dont il faudra négocier le remplacement le moment venu.
Qu’Allah nous guide !
Ceci peut être expliqué par le fait que tout le monde voulant être imam, chacun préfère ouvrir sa mosquée, même si ce n’est que pour recevoir quelques fidèles. Sans compter les multiples démembrements qui se réclament de l’islam.
Pourtant, la religion a sauvé plus d’une fois la santé du Burkina et on y fait systématiquement recours pour éteindre des situations très brûlantes. Que le pompier devienne pyromane est un scénario des plus catastrophiques. Il est donc important que les responsables et leaders religieux qui font au moins l’unanimité de la communauté musulmane, s’attèlent à réfléchir à jeter les bases de la prévention de ces conflits dont on ne peut prévoir l’ampleur des conséquences. Qu’Allah les guide et protège le Burkina !
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